CHRONIQUE PAR ...
TheDecline01
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
14/20
LINE UP
-Kelly Shaefer
(chant+guitare)
-Jonathan Thompson
(guitare)
-Chris Baker
(basse+guitare)
-Steve Flynn
(batterie)
TRACKLIST
1)Second to Sun
2)Fictitious Glide
3)Fraudulent Cloth
4)Live, and Live Again
5)Faux King Christ
6)Tortoise the Titan
7)When the Beast
8)Third Person
DISCOGRAPHIE
1993: Atheist sort son dernier disque, Elements, et laisse toute une nouvelle communauté en émoi, celle des adorateurs de la technique himalayenne dans le death metal. La légende montera évidemment avec cette disparition précoce pour devenir bien plus grosse que le groupe ne le fût jamais en son temps. Fort heureusement pour tout ce beau monde, la lumière allait réapparaître en 2006 : Atheist se reformait pour donner des concerts ! La logique s’imposant d’elle-même, l’envie fut trop forte pour ne pas tenter de se refrotter au démon de la composition. Jupiter se devait d’être enfanté.
Derrière un nom plus grand que nature, Atheist marque son retour par la grande porte. Grande par l’attente démesurée des fans et par le buzz généré par cette reformation. Pour autant, artistiquement il était difficile de savoir ce que pouvait donner la réunion de ces désormais vieux de la vieille. En effet, Steve Flynn, le batteur, n’avait plus touché un kit depuis le split en 1994 avant de se lancer dans Gnostic en 2005, Kelly Schaefer est entamé physiquement et ne peut plus jouer de guitare en concert et le reste du groupe est composé de nouveaux. Tony Choy n’a pas pu participer à l’enregistrement du nouvel album et Roger Patterson est toujours aussi mort. Qui plus est, Elements, avec lequel le groupe nous avait dit au revoir s’inscrivait clairement dans une démarche plus progressiste/jazz que le séminal Unquestionable Presence qui reste 19 ans après un mètre-étalon. Enfin, les groupes de death techniques voire ultra-techniques, ce n’est pas ce qui manque de nos jours.
L’écoute de ce Jupiter a ceci de rassurant sur 2 points assez immédiats. Le son tout d’abord, il est plus dans la veine de Unquestionable Presence, très précis et rempli, il ne donne pas cette impression plus creuse de Elements. Ensuite, les compositions sont extrêmement énergiques, allant même jusqu’à un court blast sur le début de "Fictitious Glide", définitivement metal avec cette patte jazzy qui reste toujours en filigrane. Le groupe n’a donc pas pris de risque outre-mesure en retournant à ce qu’il savait faire et à ce que ces fans ont le plus apprécié. Ce n’est pas nécessairement un mal pour un album de reformation. Cela permet de dérouler dans un cadre connu et balisé, où la sortie de route est rare. C’est effectivement ce qui se passe. Les chansons sont toutes solides, bourrées de notes comme à l’habitude et dans un format très dense et court. N’attendez pas plus de 30-35 minutes de musique, ce qui est parfait pour une musique si touffue techniquement.
Car oui, nos gentils techniciens n’ont rien perdu de leur savoir-faire. La pieuvre Steve Flynn ratisse toujours aussi large et certains plans font se demander s’il n’est pas plusieurs derrière le kit. Les riffs sont chargés à en crever de notes et de changements de rythme, le tout exécuté à la perfection bien sûr. La basse est par contre passée un peu plus au second plan. Elle s’exprime, mais généralement derrière le mur de guitares. Le chant ne laisse place à aucune surprise, c’est Atheist à 100%. On aime ou pas ces intonations qui virent au canard, mais il assure sa fonction (sans génie, ok). Des innovations ? Pas forcément. Une intervention très black sur les 30 premières secondes de "When the Beast", des riffs tourbillonnants et des breaks de batterie à ne plus savoir où donner de la tête, mais ça fait partie de l’ADN de Atheist. Nous ne retrouvons malheureusement pas le niveau jouissif de Unquestionable Presence (encore lui) qui partait vraiment dans l’orgie musicale. Ici, l’orgie reste plus instrumentale quand même.
Ce retour par la planète géante confirme ce qui était attendu de Atheist : ils reviennent avec leur technique et leur style. Les 17 années qui ont passé depuis leur dernier album n’ont cependant pas changé grand chose à la donne et ce Jupiter sonne bien moins original de nos jours. Il n’en reste pas moins un album efficace qui plaira à ceux qui aiment le tripotage de manche. La partie musicale étant aussi à la hauteur, il plaira aux autres. Mais le génie a disparu par contre.