CHRONIQUE PAR ...
Kroboy
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
8/20
LINE UP
-Denis "Iron Ivan" Brosowski
(chant)
-Martin Pflugmacher
(guitare)
-Harms Wendler
(guitare)
-Jan Abraham
(basse)
-Sascha Wendler
(batterie)
TRACKLIST
1)The Arrival
2)Iron Fate
3)Resurrection
4)Lightning Bolt
5)Imagine A Better World
6)Killer Instinct
7)Rage In A Cage
8)War In The Streets
9)Painful Sorrow
DISCOGRAPHIE
Le true metal, c'est une sorte de concours de bites permanent. A peine un groupe commence à vouloir souffler et développer des choses un peu plus élaborées qu'il en arrive un autre pour affirmer haut et fort que eux au moins, c'est pas des «whimps and posers», que «heavy metal is the law» et je vous passe tout le folklore. Là par exemple, il y a Iron Fate (rien que le nom et tout est dit…), qui a dû remarquer que Primal Fear s'était pas mal ramolli ces derniers temps et qu'il y a avait désormais de la place de libre pour faire du sous-Painkiller.
Non mais c'est vrai quoi, depuis Devil's Ground et l'inénarrable "Metal Is Forever", Primal Fear a déjà sorti trois autres albums qui ne débutent pas par un screaming. Si ça c'est pas le signe d'un groupe qui a perdu la foi… Heureusement, leurs compatriotes d'Iron Fate, qui sortent là leur premier effort, sont là pour reprendre le flambeau : une petite intro de 30 secondes complètement clichesque, avec une narration sur fond de claviers pourris telle une bande annonce de série Z, et paf, premier screaming en pleine tronche ! Bien évidemment, la suite est tout aussi caricaturale : gros riffs tout en puissance entrecoupés de passages bien bourrins, double pédale de sortie, voix haut perchée avec screamings à gogo, référence/hommage au Priest («The electric eye is near you»…)… On marche en plein sur les plate-bandes du Primal Fear des débuts, avec deux différences notables : d'une part, Martin Pflugmacher (à vos souhaits !) se révèle bien plus habile en solo que Tom Naumann, et nous offre pas mal de passages pas piqués des vers, avec un sens évident de la mélodie ; ensuite, "Iron Ivan" (interdit de rigoler) se montre un peu plus ouvert à la modulation que Ralf Scheepers à l'époque. C'est parfois à la limite de la justesse, mais l'effort est appréciable. En tout cas voilà comment on se retrouve avec un opener assez sympa, pas original pour un sou certes, mais plutôt efficace. Dans un style proche, avec une touche NWOBHM en plus, "Resurrection" s'en tire également correctement. Par contre, après, ça se gâte méchamment…
Les deux premiers titres n'avaient rien de génial, mais on sentait tout de même un certain travail au niveau de la composition, que ce soit dans les lignes de chant des refrains ou des passages musicaux pendant les breaks. Difficile de comprendre pourquoi ces bonnes intentions s'évaporent tout à coup, ne réapparaissant que furtivement à la fin de "Killer Instinct" avec un passage ultra heavy bien pensé, s'appuyant sur des guitares hurlantes et une ligne lead toute bête mais qui rappelle l'ambiance générale de Jugulator du Priest. En effet, à partir de "Lightning Bolt", tous les titres se rangent dans deux catégories au choix : les ballades téléphonées ou le heavy bas de gamme. Les deux ballades ne volent pas bien haut : "Imagine A Better World" joue la carte classique du début calme avant l'accélération heavy sur le final, mais l'émotion n'est pas au rendez-vous et le passage heavy ne décolle pas, se cantonnant à du sous-Iced Earth. Quant à "Painful Sorrow", il s'agit d'une ballade principalement acoustique un peu trop pleurnicharde. Côté heavy, ce n'est pas mieux, puisque c'est un festival de riffs banals à en mourir et de plans bâclés collés à la va-comme-je-te-pousse. Mention spéciale à "Lightning Bolt", dont le refrain ne semble être qu'un simple prétexte pour balancer un screaming. Seuls les amateurs de heavy teuton les plus pervers (un peu comme moi donc) pourront apprécier le refrain bas du front de "War In The Streets", tandis que "Rage In A Cage" est une cause définitivement perdue, à peine digne d'une face B de Metalium.
Avoir des interprètes de qualité dans un groupe, c'est un bon début, mais ça ne sert strictement à rien si personne n'est capable d'écrire une chanson qui tient la route. Iron Fate en est une nouvelle illustration, puisque le niveau des 8 titres en présence (dont 2 ballades, ça fait beaucoup pour des trues) peine à dépasser le ras des pâquerettes. Avis à la population : la succession du Priest est encore ouverte, Iron Fate n'ayant pas dépassé le stade du simple prétendant aux capacités largement inférieures aux ambitions…