CHRONIQUE PAR ...
Arroway's
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
12.5/20
LINE UP
-Eicca Toppinen
(violoncelle)
-Paavo Lötjönen
(violoncelle)
-Perttu Kivilaasko
(violoncelle)
-Mikko Sirén
(batterie)
TRACKLIST
1)At the Gates of Manala
2)End of Me (feat. Gavin Rossdale)
3)Not Strong Enough (feat. Brent Smith)
4)2010 (feat. Dave Lombardo)
5)Beautiful
6)Broken Pieces (feat. Lacey Sturm)
7)On the Rooftop with Quasimodo
8)Bring Them to Light (feat. Joseph Duplantier)
9)Sacra
10)Rage of Poseidon
DISCOGRAPHIE
Apocalyptica, un groupe qu'il devient superflu de présenter mais rappelons le concept : trois violoncelles, un batteur et du métal. Comme à leur habitude pour leur compositions originales, les Finlandais invitent plusieurs artistes principalement vocalistes dont, cette fois-ci, notamment Gavin Rossdale (Bush) et Joseph Duplantier (Gojira) mais aussi – cela deviendrait-il une habitude ? – le batteur Dave Lombardo (Slayer). Et pour ce septième album – au nom fortuitement bien accordé, mais quel hasard, vraiment - le groupe s'offre également les services des producteurs Joe Barresi et Howard Benson. Cela en fait du beau monde.
Alors, alors, à quelle hauteur ce nouvel opus d'Apocalyptica parviendra-t-il à se hisser ? 7th Symphony se compose de manière remarquablement équilibrée de cinq titres avec guests dont le très lourd et instrumental "2010" avec Dave Lombardo et de cinq autres titres performés par le groupe uniquement. Et il est toujours frappant de remarquer à quel point les violoncellistes parviennent à faire sonner leur instrument de manière similaire à des guitares électriques comme sur les riffs de "Broken Pieces" ou à autant saturer les mélodies sur "2010". L'intérêt de cette imitation serait toutefois très limité si les musiciens n'exploitaient pas toutes les possibilités sonores du violoncelle couplées à des effets électriques – chose à laquelle ils s'essaient régulièrement comme sur l'introduction de "On the Rooftop with Quasimodo" rappelant par-ci par-là des expérimentations à la Sigur Rós ou le final "Rage of Poseidon". Ce n'est pas dire pour autant qu'ils en abandonnent les sonorités plus classiques – et ceci aussi bien dans le sens musical du mot qu'en terme d'originalité. On retrouve des mélodies épurées et dramatiques sur "Sacra" et des ronds de jambe élégants sur "Beautiful" ; deux morceaux qui, à défaut de se montrer très originaux tels quels, ont toujours le mérite de faire bonne figure sur l'album : impossible de ne pas trouver ces morceaux agréables à l'oreille - c'est là toute la magie d'une formation classique de chambre dynamisée à coups de grosse caisse et d'after beats.
Apocalyptica, faire dans la facilité ? Si d'un côté, l'expression ne rend pas justice à certaines facettes de l'album décrites plus haut, elle s'accorde en revanche parfaitement à décrire l'ensemble des lignes de chant sur les quatre morceaux concernés, ce qui implique incidemment les accompagnements. Non pas que les performances vocales de Gavin Rossdale ou Jo Duplantier soient mauvaises – loin de là – mais que ces mélodies sont plates, déjà entendues et inintéressantes ! Les voix trafiquées de Lacey Sturm (Flyleaf) pour servir un rock métal à chanteuse pas des plus originaux sur "Broken Pieces" trouvent leurs pendants un peu plus naturels en version masculine avec Brent Smith (Shinedown) pour un "Not Strong Enough" d'une qualité à peu près équivalente. Sans oublier un "End of Me" à l'évidente étoffe d'un single d'ores et déjà proposé en clip version goth romantique. Et même le chant hurlé si caractéristique de Joseph Duplantier qui ne démériterait pas sur un album de Gojira se voit complètement privé de son impact habituel par le commun des mélodies principales de "Bring Them to Light" ; et ce en dépit d'un passage très intéressant dans la deuxième moitié du morceau, assez glauque et oppressant pour le coup qui taille à grandes lacérations de notes tribales et stridentes dans les compromis. Entre parenthèses et tout à fait à part, notez l'effort d'avoir résisté à la tentation d'utiliser l'adjectif « commercial » pour décrire certains aspects des morceaux sus-cités.
Les morceaux restants sont finalement les titres les plus consistants et les plus intéressants musicalement : deux gros morceaux pour le plat de résistance de 7th Symphony sur lesquels les musiciens mettent véritablement en œuvre toutes leurs qualités de compositeurs et d'interprètes. S'agit-il d'ailleurs d'un hasard si ce sont ces morceaux même qui sont composés par la totalité des membres du groupe ? Stratégiquement positionnés en ouverture et en final de l'album, le chaotique "At the Gates of Manala" et l'excellent "Rage Of Poseidon" sont deux morceaux largement développés – environ sept minutes chacun -, résolument « métal » et très denses. Au vu de la suite plus… hum ! « abordable » de l'album, il est d'ailleurs assez surprenant de voir placé d'entrée de jeu "At the Gates of Manala" qui n'est pas - et de loin - le morceau le plus facile d'accès avec ses saturations affirmées et la pesanteur de ses riffs. On placera légèrement en retrait l'intéressant "On the Rooftop with Quasimodo" exclusivement et très heureusement composé par le batteur Mikko Sirén. Sans oublier le très heavy "2010" – au titre soufflant d'audace - qui est sans conteste le morceau le plus lourd de l'album ; mais n'en attendions-nous pas tant de la participation d'un Dave Lombardo pour le moins percutant ?
7th Symphony, tout comme ses prédécesseurs, tente de faire le pont entre deux mondes dont les critères de réussite respectifs ne sont pas toujours aisément conciliables. Du rock métal à chanteurs formatés au côté « easy listening » aux trouvailles sonores nécessaires pour jouer toujours plus de métal avec trois violoncelles et une batterie, en passant par le gentil titre néo-classique mélodique comme il faut, Apocalyptica semble vendre une partie de son âme au diable pour élargir le plus possible son public et cela même si le prix en est de perdre en originalité et en qualité.