UFC – Que Choisir vient de lancer une campagne contre le manque de transparence dans le metal. En effet, il existe beaucoup trop d'albums avec un titre neutre et une pochette pseudo-artistique sans la moindre indication sur le style, ce qui risque d'induire en erreur le consommateur. Heureusement, il reste des groupes comme Crystal Viper : une référence claire dans le titre à Manowar (ce live ayant été capté au cours du Magic Circle Festival 2009), un bon vieux dragon sur la pochette, là au moins on sait où on fout les pieds…
Certaines régions du globe sont connues pour avoir enfanté un mouvement musical, nés de la concentration de groupes évoluant un style particulier. Citons en vrac la NWOBHM, la scène thrash de la Bay Area, la scène death floridienne, la scène black norvégienne, la scène hard / sleaze suédoise, la scène mélodeath de Göteborg, la scène contrefaçon metal espagnole… La Pologne, elle, est avant tout réputée par son école death dotée d'une véritable identité, et emmenée par des cadors tels que Vader, Behemoth ou Decapitated. Par contre, niveau heavy, ce n'est pas franchement le pays qui vient à l'esprit en premier. Et si Crystal Viper est ce qu'elle a de mieux à offrir, ce n'est sans doute pas demain que ça va changer. En effet, le groupe donne dans un heavy metal qui sent le réchauffé, et dont la seule originalité est d'être chanté par une charmante demoiselle en la personne de Marta Gabriel. Si cette dernière n'a pas tout à fait le coffre de Veronica Freeman (Benedictum), elle sait également sortir les crocs et se montre capable de ridiculiser pas mal de ses collègues masculins. Par contre, derrière, c'est le désert : certains groupes parviennent encore à s'en sortir juste en utilisant les vieilles recettes, mais ce n'est pas le cas chez Crystal Viper. Ici, tout est d'un classicisme désespérant ("Metal Nation"), et les morceaux ne parviennent jamais à réellement décoller (comme le lourdaud "The Island Of The Silver Skull").
Avant de participer au Magic Circle Festival, Crystal Viper a bien révisé son petit Manowar pour les nuls, notamment la façon de s'adresser au public. La preuve, ce «We give you true heavy metal show» en intro de "The Island Of The Silver Skull". Autre leçon apprise auprès du grand maître, celle qui veut qu'un album live restitue VRAIMENT une situation live. Je n'irai pas affirmer que les Polonais n'ont pas retouché quelques pains en studio, mais au moins la batterie (parfaitement perceptible sur l'intro de "Metal Nation") sonne comme une batterie, et surtout Marta Gabriel n'apparaît pas comme un robot infaillible. Parfois emportée par son enthousiasme au détriment de la justesse, comme sur "The Last Axeman", un morceau très Running Wild dans l'esprit, elle se montre aussi très limite sur certains passages comme sur les « oh oh oh » de "Shadows On The Horizon". Le groupe aurait sûrement dû attendre avant de se lancer dans l'exercice live, le temps d'étoffer leur répertoire, d'accumuler un peu plus d'expérience scénique et de jouer dans des conditions plus favorables qu'un festival. Rien à dire par contre sur son rôle de frontwoman puisqu'elle tente constamment de mettre un peu d'ambiance. Souvent en vain malheureusement, comme sur le maidenien "Shadows On The Horizon" où elle lâche un «I can't hear you guys !» de dépit devant l'apathie du public : pas facile d'être un jeune groupe presque inconnu qui se produit à l'heure de l'apéro…
Chez AFM, on n'est pas idiot, on sait qu'un live de six titres dont une intro, c'est quand même un peu léger, alors on a meublé. D'abord par trois titres studios, dont un seul inédit, "Secret Of Black Water", un peu mou et pour tout dire pas franchement terrible. Les deux autres titres sont déjà sortis en single l'an dernier, mais cela ne nous empêchera pas de saluer l'énergie dégagée par "Stronghold : Under Siege", un titre speed plutôt bien foutu, et visiblement inspiré par Helloween. Ensuite, pour finir, une petite reprise, une des habitudes du groupe qui, malgré son jeune âge, est déjà apparu sur un paquet d'albums tribute divers et variés. On savait déjà que Crystal Viper avait quelques accointances avec Virgin Steele, au point que sa version de "Fuel For Gasoline" en duo avec David DeFeis apparaissait sur la réédition de The Marriage Of Heaven And Hell part 1 sortie chez Dockyard en 2006 (marrant, à l'époque, je croyais que Crystal Viper était le nom d'une chanteuse américaine invitée pour l'occasion). Cette fois, les Polonais ont jeté leur dévolu sur "Obsession (It Burns For You)". A quoi faut-il s'attendre ? Ben, à du Vrigin Steele avec une voix de gonzesse (vous me direz, la voix de DeFeis n'est déjà pas particulièrement virile) et une production un peu moins cheapos que l'originale, malheureusement une des « spécialités » de Virgin Steele, qui lui a sans doute coûté cher en terme de reconnaissance. Après, rideau.
Si on récapitule, ça nous fait un live de cinq titres, trois morceaux studio dont certains déjà sortis sous d'autres formats et une reprise : ça fait quand même un peu chéro le CD vendu au prix fort. On saluera le courage de Crystal Viper de sortir un live honnête avec les approximations qui vont avec (au moins une partie), mais il n'est pas évident que cette attitude soit appréciée à sa juste valeur. A la limite, pour rattraper le coup, on aurait bien aimé avoir un DVD, histoire de reluquer ce joli petit lot qu'est Marta Gabriel. Comment ça, c'est méga-beauf comme remarque ? Ca va, on se détend, là on parle d'un album de heavy metal avec un dragon sur la pochette, alors ça reste dans l'esprit…