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CHRONIQUE PAR ...

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Kroboy
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note : 13/20

LINE UP

-Marcello Pompeu
(chant)

-Heros Trench
(guitare)

-Antonio Araujo
(guitare)

-Dick Siebert
(basse)

-Rodrigo Oliveira
(batterie)

TRACKLIST

1)Discipline of Hate
2)Truth
3)2012
4)Raise Your Soul
5)My Enemy
6)Evolution
7)Never Die
8)Slavery
9)Last Memories
10)Under His Command
11)You Reap What You Sow
12)Hell

DISCOGRAPHIE


Korzus - Discipline Of Hate
(2010) - thrash metal - Label : AFM Records



«-Cher public, bienvenue sur le plateau de Pyramide ! Marie-Ange, c'est à vous !
-Merci Patrice. Alors en 3 : Thrash ?
-Slayer.
-Brésil ?
–Sepultura.
–Autre ?
–Gné ? Euh, pfff… (le buzzer retentit)
-Ah quel dommage cher candidat, vous venez de perdre le voyage aux Seychelles...
»


Et oui, bien que la scène soit très active là-bas, notamment dans le thrash et le death, force est de constater que le metalleux brésilien s'exporte beaucoup moins bien que son compatriote footballeur. Preuve en est, le parcours de Korzus : hormis peut-être les experts les plus pointus du thrash, qui avait déjà entendu parler de ce groupe formé en 1983 et qui sort aujourd'hui son 6ème album ? A la décharge du groupe, il faut aussi signaler qu'il s'agit du premier à sortir sur AFM, un label qui va lui permettre d'obtenir un minimum d'exposition, ce que ne pouvait lui offrir auparavant le label brésilien Devil Disco ou Hellion Records, un label allemand confidentiel spécialisé dans les groupes sud-américains. Et ce n'est pas volé pour les Brésiliens, qui ne manquent pas le coche et nous prouve avec Discipline Of Hate qu'ils ont quelque chose à offrir aux aficionados du thrash en quête de nouveauté. Attention, je ne parle pas de nouveauté en terme artistique, car Korzus n'a pas inventé la poudre, mais les Brésiliens se hissent aisément parmi les plus habiles faiseurs apparus ces derniers temps.

Disons le tout de suite, comme ça on sera débarrassé : oui, Korzus aime Slayer. Les Brésiliens n'ont pas poussé le mimétisme jusqu'à tenter de reproduire la production un peu crasseuse ou copier les soli si caractéristiques de King et Hanneman, et ils ont eu l'intelligence de ne pas singer le groupe sur tous les morceaux ; néanmoins, dès que le groupe passe en mode old school, difficile de nier la filiation avec Slayer, incontestablement l'influence n°1 des Brésiliens. Le caractère nerveux des riffs, la durée souvent très ramassée des morceaux, la façon de monter progressivement en intensité jusqu'à exploser sur le refrain à l'aide de rafales de double pédale, tout ça n'est pas sans évoquer le style des bouchers californiens, ou du moins ce qu'il était. Autre similitude : le chant de Marcello Pompeu. Le gaillard n'a de cesse de gueuler comme un possédé, ce qui n'est d'ailleurs pas sans poser problème : là où ce n'est que ponctuel pour Tom Araya, d'où le sentiment de puissance qui se dégage lorsqu'il y a recours, chez Pompeu c'est du début à la fin, et ça finit par devenir un peu saoulant au bout d'un moment.

On ne va donc pas s'éterniser sur les titres qui sonnent comme du Slayer pur jus, soit environ une bonne moitié de l'album. Ceci dit, il faut reconnaître que c'est plutôt bien fait, et que des titres comme "Discipline Of Hate", "2012" (je vois qu'on a affaire à de grands cinéphiles) ou "Evolution" agissent comme des shoots maousse d'adrénaline, alors que le mid tempo "You Reap What You Sow" nous ramène à la grande époque de Seasons In The Abyss. Voilà en tout cas une bonne façon de remplir environ la moitié de l'album. L'autre moitié est heureusement moins marquée par cette influence un peu encombrante, mais tout aussi réussie. "Last Memories" fait revivre Pantera l'espace de quelques minutes, tandis que "Never Die" commence par un riff à la Nevermore avant de basculer vers quelque chose de plus catchy, avec des «Die ! Die !» jouissifs sur le refrain. Korzus sait aussi assurer dans un registre plus heavy avec "Truth" (avec là aussi quelques relents de Pantera) ou "My Enemy", mais le mid tempo "Raise Your Soul" est déjà moins convaincant avec son refrain pataud (et pourtant balancé à cappella en intro !).


Et bien voilà, encore un tribute-band déguisé qui débarque sur le marché. Le phénomène n'est pas nouveau, mais il semble de plus en plus fréquent et s'intensifiera probablement dans les années à venir, quand les légendes du metal prendront un à un leur retraite. Et le pire, c'est que là encore, on a du mal à condamner la démarche tant ce Discipline Of Hate enterre World Painted Blood, le dernier Slayer en date. Les amateurs de thrash peu regardants sur l'absence de style devraient donc probablement trouver leur bonheur avec Korzus, qui a tout de même quelques arguments à faire valoir en termes de savoir-faire.


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