« Groovy horror metal with cojones » : tout un programme. Mais au final, après avoir écouté avec attention Como Muertos, force est de constater que c’est une bien bonne dénomination. Il y a bien du groove, de l’horreur et de grosses cojones bien velues, sentant le mâle et la sueur. Le mélange de tout ça donne un death métal avec une certaine identité, même si nous sommes loin de parler d’une révolution du genre. Mais bon, que ça ne gâche pas le plaisir de se plonger dans une ambiance moite, glauque et poisseuse d’un motel abandonné en plein cœur du désert mexicain, alors que le soleil se couche et que résonnent des hurlements de terreur dans la pièce d’à côté…
Como Muertos avait déjà fait deux apparitions en 2007 et 2008 avec deux EPs, même si elles n’avaient pas vraiment été remarquées. Du coup, la sortie de ce premier album se teinte pour beaucoup de nouveauté et de découverte. Il faut donc présenter cette formation française, qui n’a pour particularité que de proposer un chanteur espagnol, qui du coup chante dans sa langue natale – vous l’aurez compris en zyeutant les titres de l’album. Malgré donc une proportion majoritaire d’hexagonaux au sein de Como Muertos, il n’est pas évident de se le figurer comme groupe français, son identité étant plus naturellement à aller chercher du côté de l’Espagne ou du Mexique. En effet, le résultat du chant d’El Maestro fait tout de suite penser à un groupe comme Asesino (un des projets de Dino Cazares), avec qui Como Muertos partage plusieurs points communs, en plus d’un chant en espagnol. Dans les deux cas, il y a une certaine dose de second degré et de parodie, avec cette ambiance déjà évoquée, très sale et sentant la sueur. Ce côté très rentre-dedans, aussi, avec une musique pas très subtile, tournée vers l’efficacité et l’agression, à la fois death, thrash et punk. La production maison, très lourde est agressive, met en tous cas bien en valeur les riffs du groupe.
Certes, au niveau musique, il n’y a vraiment pas de quoi hurler au génie. Ça riffe bien, ça agresse les oreilles ce qu’il faut, le batteur insuffle une bonne énergie dans le combo en faisant variant son jeu et le tempo, et l’ensemble se tient plutôt bien. Mais passée la « surprise » du chant espagnol (sacrément efficace, en tous cas, l’organe vocal d’El Maestro étant redoutablement costaud), on se prend à se dire que bon, Como Muertos, outre ses côtés attachants, n’apporte strictement rien à la scène musicale, et se contente de recycler avec succès de vieilles recettes musicales qui ont vu le jour il y a un paquet d’années. Y compris l’utilisation de samples de films d’horreur au début de pas mal de chansons, avec cris horrifiés, dialogues macabres, supplications éplorées et autres mises en scène que l’esprit met immédiatement en relation avec un quelconque film gore à base de machettes ou de tronçonneuses… les américains de Mortician en faisait autant depuis longtemps. Mais, quand bien même ce côté gore - un peu pour rigoler - n’est ni nouveau ni foncièrement original, il fonctionne assez bien chez Como Muertos, surtout quand il lâche ce côté un peu parodique pour devenir un peu plus sérieux, comme sur le titre "Cronica del Dolor" et son break un peu éthéré, parfaitement réussi, ou sur le titre de conclusion, avec rires sadiques et bruits de tortures, tout bonnement glaçant. Toutefois, le côté death’n’roll prévaut sur l’ensemble, avec ce fameux groove vanté par le groupe que l’on retrouve ici où là, même si on est loin d’un Debauchery, pour le coup.
Mais allez, Como Muertos apporte une certaine fraicheur avec lui, se consomme sans difficulté, et fait passer un bon moment. C’est gore, pas très subtil, mais la couleur est très rapidement affichée et les aficionados du genre seront surement ravis de recevoir une bonne petite giclée de sang frais sur le visage.