CHRONIQUE PAR ...
Kroboy
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
14.5/20
LINE UP
-Andreas Martin
(chant)
-Christophe Buys
(guitare)
-Gregory Dutein
(guitare)
-Pierre Chauty
(claviers)
- Benjamin Cointereau
(basse)
-Emmanuel Colombiers
(batterie)
TRACKLIST
1)Sorcerer's Bird House
2)Sin Eater
3)Trick and Treason
4)Bravery Hills
5)Celestial Valley
6)Children of Alcyone
7)Neverending War
8)In Search of Gralium
9)Nhylhyarus
10)Requiem
DISCOGRAPHIE
Ces dernières années, Nantes est devenu synonyme de désolation pour tous les amateurs de football nostalgique de la philosophie de jeu longtemps prônée par les Canaris (même si, en tant que supporter rennais, c'est pour moi avant tout une source intarissable de moqueries faciles). Heureusement, la scène metal a connu la trajectoire inverse : après Ultra Vomit, la montée en puissance se poursuit avec Era Nova, où on retrouve d'ailleurs Andreas Martin (acolyte de Fetus dans Andreas et Nicolas) et Emmanuel Colombiers, alias Manard, derrière les fûts.
Néanmoins, musicalement, il n'y a strictement aucun rapport avec Ultra Vomit. Emmené par son leader Christophe Buys, Era Nova œuvre dans le heavy metal au sens large, décliné sous pas mal de formes différentes. Sur ce premier album qui a mis bien du temps à sortir (trois titres apparaissaient déjà sur l'unique démo du groupe qui remonte à 2005), on retrouve donc au menu : du speed mélodique tantôt à la Stratovarius / Sonata Arctica ("Sin Eater"), tantôt plus musclé à la Angra période Edu Falaschi ("Bravery Hills"), du heavy traditionnel à la Hammerfall ("Neverending War", qui rappelle vaguement "Metal Age"), du mid tempo à la fois martial et symphonique à la Kamelot ("In Search of Gralium"). De belles références, mais Era Nova parvient à faire monter sa propre sauce sans se laisser bouffer par ses influences. On trouve aussi des choses plus atmosphériques comme le morceau titre, porté par une intro et des couplets envoûtants. Cette accalmie au beau milieu de la tempête s'érige indéniablement comme un des temps forts de l'album.
À l'évidence, le groupe a parfaitement su profiter de la longue gestation pour bosser ses compos, qui présentent toutes leur lot d'idées intéressantes. "Sin Eater", véritable bombe de speed mélodique dotée d'un refrain très catchy, gagne énormément à ne pas tomber dans tous les clichés du genre, comme foncer à 200 à l'heure du début à la fin avec un chant suraigu. Sur "In Search of Gralium", c'est l'apparition d'un chant grave et susurré sur les couplets qui amène une ambiance particulière, différente du reste de l'album. Quant à "Celestial Valley", un mid tempo bâti sur un riff façon vieux Judas Priest, son refrain aurait pu basculer dans un registre un peu mièvre avec une mélodie un peu FM ; mais c'était sans compter sur les arrangements, et notamment ces saccades de double pédale, qui permettent de redonner un aspect bien heavy à ce titre. Emmanuel Colombiers est d'ailleurs l'un des grands bonhommes de l'album, avec un jeu puissant, inspiré et varié, parfaitement mis en valeur par la production une nouvelle fois impeccable de Neb Xort.
Je pourrais continuer comme ça et vous parler aussi du superbe break de "Bravery Hills", des soli tous plus réussis les uns que les autres, des lignes de clavier qui apportent souvent un vrai plus... mais j'ai vraiment envie de vous laisser découvrir par vous-même cet album extrêmement appliqué (à commencer par le concept développé dans les paroles). Les groupes de heavy sont loin de former le contingent le plus fourni de la scène française, alors pour une fois qu'on en tient un, et un très bon en plus, qui se donne les moyens de ses ambitions, ce serait vraiment dommage de passer à côté. Amateurs de heavy traditionnel et de speed mélodique, vous savez ce qu'il vous reste à faire.