Après Heaven Shall Burn, je vais once again vous parler d'un groupe de metalcore allemand qui m'a bien gavé puis surpris : Callejon. Sortis d'un peu nulle part, signés un peu directement chez Nuclear Blast, avec à la clé un premier album sur-produit et sur-marketé alors que tant de groupes méritants galèrent, l'enfer du true metalleux quoi. Et parlons même pas des mecs, caricatures d'émocoreux à mèches ridiculement grimés en méchants, bref rien que du très irritant dans la forme. Et en plus ils chantent en allemand. Bref, son hype, visuel hype, gueules hype. Arf, irk, ouch, ça sent l'insurrection.
Et qui plus est, sur le fonds, il n'y avait vraiment pas de quoi s'affoler non plus. En effet, leur premier opus était une resucée melodeath-metalcore de stade digne des pires saillies de leurs compatriotes Heaven Shall Burn ou Caliban. Ourk, grunt, ça sent la correction. Donc bon, après avoir lu tout ça, vous devez logiquement vous demandez "mais zalors, pourquoi cette clémence dans la notation? Pourquoi pas un gros coup de gueule, un pavé dans la mare, un double coup de genoux sauté dans les boules?" Eh bien parce que musicalement, et je dois bien me résoudre à le reconnaitre, il n'y a tout simplement pas (plus?) lieu de démonter ce groupe à la barre à plume. Et, aussi, parce que je ne préjuge pas d'un groupe sur ses aspects extérieurs, si insupportables puissent-ils être (sinon je ne pourrais aucunement être chroniqueur, et encore moins fan de deathcore!). Et surtout parce que musicalement, les allemands au nom ibérique (va comprendre pourquoi) ont clairement, avec ce Videodrom, franchi un palier en termes de qualité. Disons le tout de go, cet album, sans être excellent, est en effet étonnament solide, voir assez bon. Merde, après Heaven Shall Burn c'est la 2e fois en 2 semaines qu'un groupe allemand que j'abhorre me fait le coup! Qu'est ce qui leur arrive sérieux?
Ils ont du suivre un genre de séminaire de motivation et composition intitulé “Mon Groupe Craint, Je Suis Allemand, Je Dois Me Relancer, Je Peux Le Faire”. Enfin, quoi qu'il en soit, Callejon surprend agréablement avec un second opus compact, cohérent et bourré de tubes et de plutot bonnes idées. Le seul truc vexant, c'est que Callejon est, plus que jamais, toujours aussi mainstream, abusant notamment toujours autant des voix claires mélancoliques voir émo au possible sur les refrains et même sur les couplets, ainsi que de plans un peu easy et redondants. Mais il le fait beaucoup mieux qu'avant, indéniablement. Et quelque part, c'est déjà pas mal, car ils partaient de bas... L'exemple type de ce regain de forme est le futur hit "Kinder Das Nacht", hyper accrocheur, tout en bourrinage maitrisé et riffs inspirés sur les couplets et au refrain tubesque qui va faire kiffer le djeune en manque de sensations fortes. Alors certes, dans l'ensemble tout cela n'invente rien et sent grave le Killswitch Engage et consorts (''Videodrom''), le In Flames époque récente (''Kinder Der Nacht'', ''Dein Leben Schlaft''), l'émo (''Mondfinsternis''), le heavy et le thrash (''Dieses Lecht Macht Betroffen'', ''Mein Stein''), et allez, y a même un peu de prog' (''Gott Ist Tott''), mais ça donne finalement un putain de melting pot, clairement maitrisé et ne manquant pas de personnalité grâce à l'ajout de nombreux plans et autres samples électro un peu trendy mais plutot bien placés (machines, vocoder, claviers, beats techno, tout y est).
Le chant en allemand, immédiatement identifiable et de qualité sur cet album, contribue aussi grandement à l'identité du tout. Moi qui suis assez réfractaire à l'utilisation de la langue de Goethe par les groupes teutons, je dois dire que dans le cas de Callejon celle-ci apporte une violence et une énergie supplémentaire sur les passages hurlés (bon, ça, les voix doublées artificiellement et les grosses infrabasses de la prod' pachydermique). Les passages en voix claire, nombreux on l'a dit, sont également plutôt convaincants car variés, bien que vraiment trop mainstream par instants (''Lass Mich Gehen!''). Bref, porté par ses rêves évidents de devenir LA nouvelle superstar du métal, Callejon propose un truc carré et vraiment accrocheur, plutot inventif et, comme il se doit au vu de leur statut de nouvelle Golden Poule de Nuclear Blast, excellement produit. C'est lourd, c'est puissant et clair, c'est homogène, c'est bon quoi! Il faudra nénamoins faire preuve d'une certaine ouverture d'esprit envers les trucs un peu hype et mainstream pour apprécier cet album à sa juste valeur. En gros, si vous avez détesté le premier, vous pouvez tenter celui-ci, mais seulement si vous n'êtes pas trop réfractaire aux groupes aux vélléités commerciales affichées.
Vous l'aurez donc compris, un groupe qui va diviser. En conclusion je dirais simplement que si vous êtes un True, une sorte d'intégriste, que vous voulez par instants mourrir pour le métal, alors double-Achtung!, laissez de suite tomber, car avec cet album vous finiriez par vous suicider pour le métal, et ce serait quand même bien moche, tout bon True se devant de mourir, comme il se doit, à la guerre, en concert, OU des suites d'une énorme cuite.