On pourra penser tout ce qu'on veut de la musique Allemande, le moins qu'on puisse dire c'est que sa scène métal au sens large est, pour le meilleur et pour le pire, et comme disent les jeunes de maintenant, « dans la place ». Entre vieux briscards du heavy, du speed et du thrash (est-il besoin d'en citer?) et scène métalcore hyper active (Caliban, Heaven Shall Burn) lorgnant de plus en plus vers l'électro, le deathcore et autres trucs assez hype en ce moment (Callejon), il y a de quoi faire. Et au milieu de tout ça, on a Disbelief, vieux routards de la scène à cheval entre thrash et death mélo qui sortent avec ce Heal leur neuvième album. Et vous les gars, toujours la flamme ou bien?
Eh bien force est de constater qu'avec leur thrash death plutôt old school dans l'esprit, agressif à souhait sans être vraiment bourrin (pas de blast beat par exemple), et plutôt progressif et varié, les Teutons sont, eux aussi, « dans la place ». Construisant des morceaux assez longs, le groupe explore pas mal d'ambiances différentes tout en restant cohérents et en gardant une identité forte. Qui plus est, le tout est plutôt bien produit, avec un son puissant et agréablement organique, notamment grâce à une batterie sonnant moins synthétique que la moyenne. Autre atout de ce groupe, un chanteur vraiment excellent, carrément un des meilleurs que j'ai entendu depuis un bout de temps dans le style, au timbre assez particulier, entre Dez Fafara et Phil Anselmo (j'ose espérer qu'il n'est nul besoin de préciser qui ils sont), qui varie beaucoup et place fort bien ses lignes de chant entre growl caverneux, chant plus écorché et même quelques parcimonieux passages en voix claire et autres spoken lyrics plutôt bien réussis. Bref, une voix surpuissante (écoutez les intros de "The Eyes of Horror" et "The Last Force Attack" pour vous en convaincre), et qui plus est parfaitement maîtrisée. Au niveau du son, on reste cependant en terrain connu, et ça commence avec "The Eyes of Horror", opener de qualité avec un couplet thrash death en mode double au taquet, un méchant refrain fédérateur et des passages plus aérés assez appréciables, mais qui n'invente rien. La suite est du même acabit, avec cette alternance de passages rapides et plus mid-tempo.
Ces derniers sont d'ailleurs un autre atout de ce groupe, grâce à un gratteux vraiment inspiré et une section rythmique qui sait aussi groover (''Isolation''). Au delà de ça, cet album est émaillé de riffs inspirés ainsi que de soli bien trouvés (''Welcome Home'' notamment) et surtout suffisamment parcimonieux pour ne pas saouler l'auditeur avec un déluge de notes systématique à chaque pont ou break. L'inspiration death mélo est bien présente, notamment un petit parfum des vieux In Flames ou Dark Tranquillity (''Red Sharks'', ''Love Like Blood''), mais on retrouve également le power thrash purement ricain d'un Lamb of God par instants (''The Last Force Attack''). Cependant, la structure des morceaux reste assez similaire et le groupe sort assez peu des sentiers battus, proposant un truc de qualité mais qu'auraient tout aussi bien pu proposer Dew Scented (s'ils ralentissaient un peu le tempo) ou Illdisposed. Sinon, le niveau technique des mecs est évidemment excellent, hyper pro et carré, mais comme je le disais véritablement aucune innovation en vue. Le tout est excellemment exécuté, on sent qu'il y a de l'expérience et de la maturité derrière, le groupe a son univers et s'y tient. En même temps, on parle d'un groupe qui existe depuis bientôt 15 ans et qui sort avec ce Heal rien de moins que son neuvième album studio. Pas étonnant donc de les voir évoluer quelque peu en mode automatique. Reste que Disbelief sait comment construire un album cohérent, en plaçant notamment les classiques morceaux légèrement plus posés venant aérer le propos (''Certainty of Reality'', ''Love Like Blood''). Bref, un groupe qui fait le métier certes, mais qui ne se contente pas du minimum.
Et tout ça, malgré un artwork vraiment très vilain qui reflète finalement assez peu la musique pratiquée par le groupe, et un label pas forcément réputé pour l'exceptionnelle qualité de son catalogue, Massacre Records, qui du coup possède avec Disbelief une valeur sûre, voir une pointure, pour relever le niveau. Bref, on est assez loin de la tuerie, mais ce Heal est un album solide, preuve du savoir faire de ses géniteurs, qui ne lâchent pas l'affaire et continuent à porter haut les couleurs du old school dans un océan de modernité métallique où tout n'est pas bon, loin s'en faut. Keep the faith guys.