CHRONIQUE PAR ...
Dupinguez
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
15/20
LINE UP
-Kiko Loureiro
(guitare)
-Carlinhos Noronha
(basse)
-Yaniel Matos
(claviers)
-Cuca Teixeira
(batterie)
TRACKLIST
1)Headstrong
2)Desperado
3)Cutting Edge
4)Excuse Me
5)Se Entrega, Corisco!
6)A Clairvoyance
7)Corrosive Voices
8)Whispering
9)Outrageous
10)Mundo Verde
11)Pura Vida
12)As It Is, Infinite
DISCOGRAPHIE
Comme souvent lorsqu’un groupe fait un break prolongé, c’est l’occasion pour ses membres de se lancer dans divers side-projects ou aventures solo. Ce qui rend ces expériences musicales intéressantes, c’est qu’au-delà de la qualité propre des albums proposés, elles permettent parfois de juger l’influence de tel ou tel membre dans la musique de sa formation principale. Et ce qu’il y a de bien, avec Angra, c’est qu’entre Almah, le Bittencourt Project, et Kiko Loureiro, voire même Shaman ou Andre Matos si l’on pousse un peu, on a droit à la visite complète.
Mais le truc, avec Kiko, c’est que contrairement à son comparse Rafael, on connait déjà un peu. Car après un premier effort nommé No Gravity et une expérience jazz reçue variablement, Fullblast est donc le troisième album du père Loureiro. Que les détracteurs d’Universo Inverso se rassurent, on revient en sentier balisé avec un album de metal instrumental tout à fait classique. Enfin, façon de parler, puisqu’il est clair que ce guitariste n’a pas été bercé avec les mêmes musiques que les shreddeurs venus d’Europe ou des US. Si l’on sent déjà l’influence des musiques traditionnelles dans la musique d’Angra, leur aura est clairement omniprésente dans les compositions de Kiko Loureiro, que ce soit dans les rythmiques ou dans les mélodies. Les exemples frappants sont légion, comme "Desperado" et son introduction chargée en percus. Mais c’est lorsque c’est intégré plus en finesse que l’effet est le plus convaincant. "Corrosive Voices" se démarque dans cette voie, notamment en proposant quelque chose de légèrement plus ambitieux, avec notamment des signatures rythmiques plus alambiquées et des guitares sous-accordées à l’occasion.
Car sinon, on évolue en terrain connu et c’est d’ailleurs un des reproches que l’on peut formuler à l’écoute de Fullblast. Kiko fait ce qu’il sait faire, et le fait bien, mais sans chercher à se fouler dans de nouveaux horizons, à quelques rares exceptions près. "Whispering" est par exemple l’occasion de partir sur un rythme de batterie un peu plus funky, sur des lignes de guitares qui ne sont pas sans rappeler les classiques du hard eighties, à commencer par Toto. Malheureusement, étirer le concept sur près de 6 minutes n’étais pas forcément une très bonne idée et l’ennui pointe assez vite le bout de son nez. "Outrageous" vient heureusement nous réveiller avec du gros heavy speed bien direct, et même si la composition reste assez longue, elle ne répète pas l’erreur de son prédécesseur sur l’album en proposant une variété rythmique qui permet de renouveler constamment l’intérêt du titre. Pour finir dans les exceptions, on trouve également quelques réminiscences des expériences jazzy de Kiko avec la très courte "Mundo Verde". Pour le reste, on évolue en terrain connu avec les "Headstrong", "Cutting Edge" ou autres "A Clairvoyance".
Avec Fullblast, Kiko Loureiro fait donc le métier, et le fait bien. Malgré quelques menues prises de risques, on regrettera tout de même que le guitariste s’installe dans un relatif confort en nous proposant des sonorités auxquelles on est déjà bien habitués. Mais trop s’en plaindre serait bien injustifiable devant le talent du bonhomme, d’autant plus qu’un shreddeur avec autant de personnalité, ça ne court pas les rues.