CHRONIQUE PAR ...
Kroboy
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
9/20
LINE UP
-Kari Vähäkuopus
(chant)
-Ari Nissilä
(guitare+chant black)
-Riku Hopeakoski
(guitare)
-Toni Kansanoja
(basse)
-Mikko Nevanlathi
(batterie)
TRACKLIST
1)Blood Trails
2)Cavalcade
3)The Path That Lies Me Behind
4)Silence
5)Quantity of Sadness
6)Post Mortem
7)The Vulture's Feast
8)A Callous Mind
9)Reincarnation
10)Angry Again
DISCOGRAPHIE
Après pas mal d'années passées au service du black metal, Catamenia a décidé de passer à autre chose. Pourquoi pas, mais les Finlandais auraient sans doute dû préparer un peu mieux leur reconversion. Nos chers gouvernants se sont pourtant décarcassés à mettre en place tout un tas de dispositifs visant à favoriser la réorientation professionnelle ; avec une simple visite du côté de Pôle Emploi et un petit bilan de compétences, Catamenia aurait sûrement compris que le heavy metal, c'était pas vraiment fait pour eux…
Dans cette nouvelle voie, les Finlandais ne se montrent crédibles que l'espace de 5 minutes, le temps d'expédier le premier titre. Le premier couplet de "Blood Trails", purement heavy avec du chant black par-dessus, rappelle le style de Children Of Bodom à ses débuts ; arrive alors cette harmonie de guitare avec une rythmique épurée très rock n'roll, et là c'est un autre nom qui vient immédiatement à l'esprit : Sentenced. En effet, on est en plein dans le style développé sur The Cold White Light ou The End Of The Road. Du coup on est à peine surpris de voir l'ancien frontman du groupe Ville Laihiala taper l'incruste sur le refrain, tant sa présence semble couler de source. Et puis entre voisins issus de la même vile d'Oulu, faut bien s'entraider de temps en temps ! Donc bon, pour un début, ça n'a rien de transcendant mais ça passe encore. C'est ensuite que ça se gâte…
"Cavalcade" en dit plus long sur la véritable direction de l'album. Sur ce mid tempo assez classique, Catamenia nous joue l'alternance chant heavy / chant extrême, formule déclinée sur tous les morceaux de l'album. Le hic, c'est qu'autant chanter comme une casserole n'est pas un problème dans le black metal (c'est même fortement conseillé diront les mauvaises langues), autant c'est complètement rédhibitoire dans le heavy. Et sur ce point, Catamenia s'est complètement planté en choisissant Kari Vähäkuopus. Le bonhomme fait un peu penser au James Hetfield de l'époque …And Justice For All, pas encore tout à fait au point en tant que chanteur mais dont la puissance suffisait à compenser les lacunes. Oui, sauf que Vähäkuopus n'a pas cette puissance; ne restent donc que le timbre similaire et les carences techniques, particulièrement criantes dès qu'il tente de monter dans les aigus.
La faiblesse du bonhomme suffit à elle seule à flinguer un titre comme "The Path That Lies Me Behind", dont le refrain déjà un peu trop convenu est complètement saboté par un chant approximatif. Et cette remarque est valable pour tous les titres à coloration heavy, comme "The Vulture's Feast" (du sous-Amorphis à la base) ou "Reincarnation". Seul "Silence" échappe de peu au marasme, sans doute parce que la voix extrême de Nissilä se taille la part du lion. On serait tenté de dire que Catamenia s'en sort mieux lorsqu'il reste fidèle à ses racines black, mais là encore les interventions calamiteuses de Vähäkuopus (surtout sur "Quantity of Sadness") couplées à une formule trop téléphonée (chant extrême sur les couplets, clair sur les refrains) font perdre tout impact aux morceaux. Dommage, car un titre comme "Post Mortem" et son souffle épique avait quelques qualités à faire valoir.
Une reprise à la note près de "Angry Again", où la voix de crapaud de Nissilä remplace la voix de canard de Mustaine, et c'est fini. Cavalcade est prêt à rejoindre les oubliettes du metal, où il sera en bonne compagnie avec les 8 précédents albums de Catamenia. Malgré 15 ans d'existence, les Finlandais semblent avoir toujours autant de mal à choisir une direction artistique cohérente. Mais ce qui est sûr, c'est que l'alternance systématique chant extrême / chant heavy, surtout avec un vocaliste aussi faible que Kari Vähäkuopus, vaut mieux laisser tomber…