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CHRONIQUE PAR ...

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Flower King
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note : 12/20

LINE UP

-Andy Tillison
(chant+claviers+guitare)

-Dan Watts
(guitare+claviers)

-Matt Clark
(basse)

-Alex King
(batterie)

TRACKLIST

1)Interlude
2)Standalone
3)Threesome
4)Entry Level
5)Backup
6)Jitters
7)The Dock of the Abyss
8)On the Death of Jade

DISCOGRAPHIE

Jitters (2009)

(2009) - rock prog - Label : Omegatunez



« JE NE SAIS PAS CE QUE FAIRE À CE MOMENT ! MA TÊTE EST CASSÉE AVEC DOULEUR !» Ah ouais, là, tout de suite, on sent que les quelques années passées en France lui ont beaucoup profité, à Andy. Par chance (?), la langue de Molière est limitée à quelques bribes sur cet album, l’anglais étant plus efficace pour faire passer son message. Parce qu’il est du genre très remonté, ce soir, le père Andy. Il y a quelque chose de pourri au royaume du Grand Capital, et ça lui a mis les nerfs en pelote.


Et dans le fond, c’est une bonne chose : ceux qui s’étaient endormis à l’écoute des derniers The Tangent vont être pris à revers dès les premières secondes d’"Interlude". Ce n’est pas demain qu’on le verra s’essayer à la double pédale ou au riff supersonique, mais un début d’album toutes guitares dehors, c’est tout de même une bonne chose, surtout que le ton va rester assez tendu sur ces quarante minutes. Oui, vous avez bien lu : quarante minutes. Pas d’intros atmosphérico-mortifères. Pas de semi-jams cotonneuses. Rien que des chansons carrées, précises, et gentiment burnées : quand Andy Tillison réveille son ancien projet, c’est pour te botter le cul, jeunot ! Et ça ne l’empêche pas de varier les angles d’attaque, du brûlot porté sur les décibels ("Threesome", d’où provient la première phrase de la chronique) à l’escapade plus insidieuse, par exemple sur "On the Death of Jade", qui souffre hélàs, elle aussi, de ces textes en français à la non-syntaxe surréaliste (« On se baigne dans rayons du télévision », ce genre de choses…)

Brièveté du propos, ton musclé, cette orientation paie. Si certains titres de Jitters ne sont pas des franches réussites ("Entry Break" peine à instaurer une ambiance, "Standalone" manque de couplets percutants), aucun n’est ennuyeux ou irritant au point de casser la dynamique de l’ensemble, et pour chaque morceau un poil en-dessous, le suivant se charge de redresser la barre et de laisser une bonne impression globale. Ça marche, à un détail près : la voix d’Andy qui, dans ce contexte plus « rock » montre ses limitations au chant. À l’aise sur les climats doux, et bien qu’il nous épargne cette fois les Hammileries horripilantes pour lesquelles on le connaît, il n’a pas la puissance de feu qui permettrait à ses chansons d’avoir plus d’impact. Il pousse, il s’époumone, mais ne convainc jamais tout à fait. Alors quand on apprend que "The Dock of the Abyss" s’articule comme une variation du titre d’Otis Redding (pas la peine de préciser lequel), on imagine le leader se prendre pour un soulman et on craint sagement le pire… et on tombe sur la pépite du disque. Revisité à la sauce « stadium rock », le morceau se déploie sur six minutes sans relâcher la pression ou se disperser, et se classe facilement au-dessus du reste. Good job.


Alors on pourra reprocher le manque d’ambition de l’ensemble, mais de la part d’un musicien qui a pour habitude d’en mettre trop, ce changement d’optique fait du bien. Jitters ne reviendra pas très souvent dans la platine, mais ça reste une écoute agréable et un disque qui colle bien à son époque. C’est au moins ça. On se quitte sur une Tillisonnerie: « L'aéroglisseur est plein de poissons. » Bonjour chez vous.


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