CHRONIQUE PAR ...
Wotan
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
16/20
LINE UP
-Horaz
(chant+guitare)
-Vespasian
(guitare+basse+batterie+claviers)
TRACKLIST
1)Die Hoffnung Stirbt ...
2)Lacrimae Mundi
3)A Million Moons
4)Ego Universalis
5)À la nuit tombante
6)An Autumn Serenade
7)Ocean, Mountains Mirror
8)The Descent Into Hades
9)Procella Vadens
10)... Wenn Der Sturm Beginnt
DISCOGRAPHIE
Procella Vadens, un nom mystérieux pour un album qui l’est tout autant au premier abord. S'étant taillé un certain succès dans la scène underground allemande, ce troisième album d’Imperium Dekadenz est leur première sortie sur un label international. Autant dire que ce groupe m'était totalement inconnu. Mystérieux donc, tout comme la pochette, qui pourrait être une peinture du mouvement romantique, ce qui est un contraste étrange pour un groupe étiqueté Black Metal. Et enfin, la musique est, elle aussi, mystérieuse lors de la première écoute.
Le mystère qui frappe lors d’une première écoute est la direction dans laquelle s’engage Imperium Dekadenz; plus précisément, le manque de direction. Autour d’un squelette black metal se greffe toute une série de compositions qui, sans partir dans tous les sens, errent suffisamment pour surprendre et susciter l'incompréhension. Sauf pour les interludes, ainsi que les titres d’ouverture et de conclusion, les compositions sont du black metal, plutôt typé old-school (plus proche de Darkthrone et Burzum que d’Immortal ou Emperor), avec quelque fois une certaine énergie punk ("Ocean, Mountains Mirror"). Cependant il s’y trouve plusieurs moments pendant lesquels le doute subsiste sur la direction de l’album. De longues plages atmosphériques, de la guitare folk, une partie qui serait un mix entre Dead Can Dance et Hans Zimmer, du doom, des riffs heavy metal. Un véritable inventaire à la Prévert.
Ce n’est qu’au cours d'écoutes approfondies que la lumière vient et que le véritable fil directeur se dévoile: l'atmosphère. Tout l’album tourne autour de cette ambiance qu’Imperium Dekadenz créé et construit, développe tranquillement et avec technicité. Tel des artisans méticuleux, les Allemands bâtissent une atmosphère noire, propice à la mélancolie mais aussi à l’introspection. Le tableau se met en place lors de l’introduction au piano, lancinante et lugubre, et il suffit alors de plonger dans les ténèbres en douceur. Pour mieux être frappé par la violence du riff dissonant de "Lacrimae Mundi" et du chant haineux d’Horaz. Et bien audibles sous la guitare principale, aidés par une production claire et puissante, se trouvent des éléments mélodiques: un riff que ne renierait pas Iron Maiden, des plages de claviers.
Imperium Dekadenz tissera ces brumes sombres en nous faisant virevolter entre des lignes de violons et des arpèges magnifiques ("A Million Moons"), en nous entraînant vers le doom ("A Million Moons" encore, superbe chanson à tiroirs) ou de la guitare sèche ("À la nuit tombante). Des lignes de piano disséminées dans tout le disque allégeront l’oppression de la violence black metal, ainsi que deux interludes de toute beauté: "À la nuit tombante" et "The Descent Into Hades". Des arpèges folk qui montent en puissance pour se finir sur une suite d’accords entrecoupés d’une ligne de clavier, une ambiance tribale qui est aussi épique que triste, c’est quand ils se concentrent uniquement sur l'atmosphère qu’Imperium Dekadenz impressionne le plus. Alors que certains titres souffrent d’une construction plus éparpillée, ces deux titres sont un condensé du savoir-faire du groupe.
C’est en trouvant le fil directeur de l’album que l’on apprend à apprivoiser son caractère mystérieux. Alors que l’on pensait se trouver en face d’un éparpillement de différents styles entre le black metal, le doom et l’ambient, nous découvrons que l'atmosphère, sombre, malsaine et triste, est la clé de voûte de l'édifice. Un bien bel album, qui a des chances de plaire aux fans de black metal, mais aussi à tous ceux qui aiment leur metal avec un fort concentré de spleen.