CHRONIQUE PAR ...
Kroboy
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
8.5/20
LINE UP
-Gerrit Mutz
(chant)
-Jens Sonnenberg
(guitare)
-Jonas Khalil
(guitare)
-Kai Schindelar
(basse)
-Mathias Straub
(batterie)
TRACKLIST
1)Charge Into Overkill
2)Don’t Break the Oath
3)Carnage Victory
4)Broken Rites
5)Crosses Stained With Blood
6)Ceremonial Magician of the Left Hand Path
7)The Skeleton Key
8)Shadows of Reprisal
9)Denial of Judas (Heaven Betrayed)
10)Metal Underground
11)By Vengeance and Hatred We Ride
DISCOGRAPHIE
En 1998, Rob Halford sortait Voyeurs, unique album à ce jour de son projet indus' Two. Il avait alors justifié le choix de ce nom atypique par la volonté de ne pas rester enfermé dans un carcan justement induit par le nom d'un groupe, invoquant la liberté artistique que ne pourrait jamais avoir un groupe nommé Death Fist From Hell. Et bien visiblement, lorsque Gerrit Mutz fonda à peu près à la même époque son nouveau projet baptisé Sacred Steel, ce genre de considérations ne lui a pas effleuré l'esprit…
Avec un nom pareil, il semble évident que Sacred Steel est un groupe qui enfile comme des perles tous les poncifs les plus caricaturaux du true metal. Les plus tolérants, ceux qui voulaient laisser aux Allemands le bénéfice du doute, en seront pour leurs frais dès les premières secondes de l'album : un mini solo de batterie et dans la foulée, bam !, une rythmique à la Jörg Michael balancée comme ça, à sec ! Plus cliché, tu meurs… Et le pire, c'est que malgré ça (ou peut-être grâce à ça d'ailleurs), "Charge Into Overkill" parviendrait presque à donner le change : ça galope, c'est puissant (surtout le plan de transition entre le couplet et le refrain), le refrain est martelé avec conviction… Ça a beau avoir été fait des tonnes de fois, ça peut encore faire son petit effet chez les fans hardcore de true metal (si, si, il paraît que ça existe). Pour un peu, on en arriverait presque à passer l'éponge sur le son un peu cheap (Carnage Victory est pourtant produit par le groupe lui-même) et surtout sur la nullité du chanteur…
Oui, sauf que la suite baisse d'un cran et nous ramène à la brusque réalité : Gerrit Mutz est l'une des plus grosses abominations jamais entendues sur CD. Et oui, rien que ça. Le bonhomme est constamment à la limite de la justesse, limite qu'il franchit d'ailleurs allègrement à certains moments. Il a également la sale manie de vouloir caser tout un tas d'effets foireux (passages en voix de tête impromptus, chant lyrique pompeux, narrations ridicules…) qui aboutissent systématiquement au même résultat : ôter le peu d'intérêt qui restait à des compos souvent navrantes à la base. Les rares titres qui auraient pu tenir la route ne résistent pas à ce traitement de choc : ainsi, "Carnage Victory", un morceau lent doté d'un refrain pas trop mauvais, se trouve complètement ruiné par la prestation calamiteuse de Mutz. Le chanteur en rajoute des tonnes dans ce qui semble être l'idée qu'il se fait d'un registre émotionnel, mais ses incessantes variations de tonalité sont carrément insupportables.
Pour le reste, pas grand-chose à signaler sur ce qui constitue déjà le septième album de Sacred Steel. Les Allemands éprouvent les pires difficultés à sortir de leur habituel registre heavy/speed agressif, dans lequel ils ne font pourtant pas vraiment d'étincelles. La majorité des morceaux dépasse les 5 minutes au compteur mais ne font preuve d'aucune imagination. Dans ma grande mansuétude, je vais quand même sauver du naufrage "Broken Rites", costaud à défaut d'être génial, ainsi que "Crosses Stained With Blood", dont le contraste entre le pré-refrain mélodique (belle harmonie de guitares) et le refrain bourrin fonctionne plutôt pas mal. Mais à partir du lent et lourdingue "Ceremonial Magician of the Left Hand Path" (à vos souhaits !), c'est le désert. "Denial of Judas" tente bien d'instaurer des changements d'ambiances, mais le groupe n'a clairement pas les moyens de ses ambitions. Quant à "Metal Underground", comme tous les morceaux glorifiant le heavy metal, c'est la consternation absolue…
Votre serviteur fait partie des déviants qui prennent leur pied en écoutant du Grave Digger ou du Primal Fear, et qui peuvent même trouver leur compte sur des albums de groupes aussi dénués de talent que Paragon ou Iron Savior. Mais faut quand même pas pousser Mémé dans les orties, et là, Sacred Steel y a été un peu fort dans la médiocrité. L'abnégation et le côté true, ça va cinq minutes, mais ça n'a jamais suffit à pallier l'absence de bonnes compos interprétées par un vrai chanteur… À zapper, tout simplement.