CHRONIQUE PAR ...
Lucificum
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
8/20
LINE UP
-Grace Perry
(chant)
-Ryan Butler
(guitare)
-Dylan
(guitare)
-Matt Martinez
(basse)
-Mike Pohlmeier
(batterie)
TRACKLIST
1)Bile Towers
2)Certain Death
3)Bled To Oblivion
4)Xenocide
5)Heroin Swine
6)Skin from Skull
7)Red Days
8)Rusted Eyes Awake
DISCOGRAPHIE
« Pour moi, une femme qui chante dans un groupe de métal extrême, ce n’est pas quelque chose de naturel, de valorisant. Pour l’équilibre des métalleux, je pense que la femme est mieux au foyer. Les fondements sur lesquels était bâtie l’humanité, l’éducation en particulier, sont en partie ébranlés. On dit que je suis misogyne. Mais tous les métalleux le sont. Sauf les chanteurs de heavy métal !»*. Difficile d’être tout à fait d’accord avec cette citation, mais le fait est que rares sont les demoiselles à exceller au chant dans un registre extrême (citons Angela Grossow et Cadaveria, par exemple).
Alors c’est sûr, avoir une femme dans un groupe (et en plus une frontwoman), ça le fait. Les photos promos sont vachement plus agréables à regarder et sur scène, on sait que même si la musique est pourrie, on fera son petit effet. Pourtant, comme n’importe quel groupe, on attend qu’au-delà de cette petite originalité, il y ait un vrai contenu, quitte à faire abstraction de la présence de nichons derrière le micro. Peut être plus encore sur CD, où le plaisir des yeux disparait et où seules les oreilles comptent. Et à ce petit jeu, Landmine Marathon, groupe de l’Arizona, ne sort pas gagnant. Déjà peu aidé par une ignoble pochette, le groupe propose un death/grind/punk trop peu inspiré qui achève de cataloguer Rusted Eyes Awake dans la case « curiosité bruyante avec une nana qui hurle ».
Musicalement, Landmine Marathon fait honneur aux vieilles productions des années 90, avec ce grain sale que l’on devine voulu et ces compositions rentre-dedans, sans fioritures, à base de riffs déjà entendus deux mille fois et de blast beats pas vraiment énervés – plus une basse inaudible. Bref, tout cela pourrait n’être qu’une galette agressive mais inoffensive, malheureusement, la performance de la charmante Grace achève de ruiner les efforts du groupe pour faire du métal qui fait mal. Nonobstant sa condition féminine, Grace chante dans une veine black métal hurlé monotonale, tant la demoiselle ne parvient jamais à produire autre chose qu’un gargouillis constant, qui sonnerait sûrement mieux sur une production de garage norvégienne comme à la grande époque du black métal du début des années 90.
Mais ce contraste entre les éléments grind/punk (le son et l’ambiance visuelle), les éléments death (les riffs et la batterie) et cette voix sans puissance ni variation ne permet pas à Landmine Marathon d’être crédible dans le registre extrême. C’est d’autant plus dommage qu’un vrai growler (le bon Jonny Davy de Job For A Cowboy) intervient sur une partie du titre "Red Days", et d’un seul coup, ça marche mieux. Avec un chanteur de cet acabit sur l’intégralité de cet album, Landmine Marathon aurait permis à leur second album, Rusted Eyes Awake, d’atteindre le statut d’album moyen et sans grand intérêt, mais digne au moins d’une écoute curieuse par les fans du genre. Au lieu de quoi, Landmine Marathon ne propose qu’un album où l’on s'ennuie tant la performance vocale de Grace le rend monotone et finalement bien peu vindicatif.
Dommage. On aurait préféré vous dire qu’Angela Grossow avait du souci à se faire, mais non : elle restera jusqu’à nouvel ordre l’égérie et la leader incontestée du chant agressif féminin. Et tant pis pour la jolie Grace. En tous cas, si vous allez voir Landmine Marathon sur scène, prévoyez de très bonnes boules Quies mais mettez-vous au premier rang.
*Propos détournés d'un célèbre judoka français maintenant en politique.