CHRONIQUE PAR ...
Kroboy
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
12/20
LINE UP
-Cam Pipes
(chant)
-Justin Hagberg
(guitare+basse+chant)
-Shane Clark
(guitare+basse)
-Ash Pearson
(batterie)
TRACKLIST
1)Battles and Brotherhood
2)Rock in Hell
3)Silent Killer
4)Fierce Defender
5)Preacher's Daughter
6)Call of the Hammer
7)Snake Fighter
8)At the Foot of the Great Glacier
9)All of Them Witches
10)12:34
11)Execution Tank
DISCOGRAPHIE
Il y a des groupes comme ça, on a beau savoir qu'ils sont loin d'être des cadors, qu'ils se contentent de recycler des vieilles recettes, voire même qu'ils cumulent un certain nombre de défauts, on ne peut s'empêcher de les trouver attachants. C'est le cas par exemple de 3 Inches Of Blood qui, à coup de grosses louches de thrash et de mélodeath, avait su faire souffler un vent de fraîcheur sur ce genre sclérosé qu'est devenu le heavy traditionnel. Simple feu de paille ou surprise durable, c'est tout l'enjeu de cette quatrième livraison des Canadiens.
Fidèle à ses habitudes, 3 Inches Of Blood se présente une nouvelle fois avec un line-up largement remanié. Exit le bassiste Nick Cates, non-remplacé et dont le rôle est tenu alternativement par les deux guitaristes ; exit aussi le batteur Alexei Rodriguez, viré pour s'être bastonné avec son homologue de Saxon Nigel Glockler (!) ; mais plus embêtant, exit le deuxième chanteur Jamie Hooper, insuffisamment remis d'un problème aux cordes vocales. Il faut savoir que 3 Inches Of Blood avait pour particularité d'avoir deux chanteurs : Cam Pipes dans un registre heavy, et Jamie Hooper dans un registre death. Voilà qui permettait au groupe de varier un peu les plaisirs en proposant notamment des titres flirtant avec le death mélodique, comme "Infinite Legions" sur le précédent album. Désormais, si le guitariste Justin Hagberg a repris le flambeau derrière Hooper, les voix death n'ont désormais plus qu'un rôle limité. Le chant ne repose désormais quasiment plus que sur les épaules de Cam Pipes et son style particulier, mélange entre le Rob Halford suraigu de Painkiller et Chris Boltendahl pour le côté grizzli. Pas facile à apprivoiser pour les néophytes !
Toutefois, ces mouvements de personnel n'ont en rien modifié le style de 3 Inches Of Blood. La recette de base est la même : un mélange entre riffs heavy tout droit sortis de la NWOBHM, harmonies à la Maiden et passages leads dignes de Running Wild. Surtout, on retrouve avec plaisir cette fougue de tous les instants, assurément le gros plus de 3 Inches Of Blood. Dès le premier titre en fait, un titre très classique dans l'esprit mais aussi très bien ficelé avec un refrain enjoué, et qui se termine par un passage thrashy complètement débridé. Sacrée entrée en matière ! Et les Canadiens ne relâchent pas leur effort : avec "Rock in Hell" d'abord, un morceau relativement moyen à la base mais tiré vers le haut par un passage final sympa, introduit par un break harmonies de guitare et batterie qui fait immédiatement penser à "The Prisoner" de Maiden ; avec "Silent Killer" ensuite, un morceau plus heavy, plus agressif, avec là encore certains aspects qui renvoient au Maiden de l'ère Di Anno. Bref, pas mal de bons titres en ce début d'album, avec comme point d'orgue un "Fierce Defender" complètement imparable grâce à son refrain très fluide soutenu par un superbe gimmick de guitare lead.
Malheureusement, comme souvent, 3 Inches Of Blood a du mal à se montrer convaincant sur toute la durée d'un album. Après un début très heavy, le groupe s'accorde une pause au milieu avec un titre hard rock ("Preacher's Daughter") puis un autre speed/thrash ("Call of the Hammer"). Le hic, c'est que passé cette petite récréation, les Canadiens peinent à se relancer. Les morceaux manquent un peu d'éclat ("Snake Fighter", "At the Foot of the Great Glacier"), quand ils ne se font pas carrément mal foutus comme "Execution Tank", trop long, trop bancal, et qui sonne au final comme une conclusion ratée. Dommage, car le groupe avait su corriger le principal défaut de Fire Up The Blades, à savoir la production de Joey Jordison, trop agressive et fatigante pour les tympans au bout d'un moment. Cette fois, celle de Jack Endino est plus ronde avec un cachet plus heavy 80's du meilleur effet, même si elle manque parfois un peu de patate (le break batterie/chœurs de "Preacher's Daughter" sonne presque comme une démo avec ce son très étouffé). Dans cette seconde moitié, seul "All of Them Witches" relève un peu le niveau, sans toutefois atteindre les fulgurances du début.
Here Waits Thy Doom ne fait pas tellement avancer le schmilblick. Par rapport à Fire Up The Blades, les Canadiens ont légèrement fait varier leur formule, en se recentrant sur leur côté heavy, laissant (momentanément ?) leur facette mélodeath de côté. En découle un album globalement moins agressif, plus homogène aussi : moins de temps faibles, mais aussi moins de tueries comme "Trial of Champions" ou "Forest King". En revanche, toujours ce côté dilettante qui fait qu'après un bon début, Here Waits Thy Doom rentre dans le rang et n'est finalement qu'un album de heavy sympa alors qu'il aurait pu être très bon. Un peu frustrant…