CHRONIQUE PAR ...
Cosmic Camel Clash
Cette chronique a été importée depuis metal-immortel
Sa note :
16.5/20
LINE UP
-Matthew Bellamy
(chant+guitare+claviers)
-Chris Wolstenholme
(basse)
-Dominic Howard
(batterie)
TRACKLIST
1)New Born
2)Bliss
3)Space Dementia
4)Hyper Music
5)Plug In Baby
6)Citizen Erazed
7)Micro Cuts
8)Screenager
9)Darkshines
10)Feeling Good
11)Megalomania
DISCOGRAPHIE
Muse -
Origin Of Symmetry
Quand on regarde en arrière, on se rend compte que Showbiz avait laissé pas mal de portes ouvertes. Partant de temps à autre dans une pop anglaise assez classique ou dans un rock musclé et parfois théâtral, le premier album pouvait déboucher sur à peu près n'importe quoi. En tout cas le groupe avait commencé son ascension, et pas mal de gens se demandaient ce que ce deuxième album allait donner. Et là, au meilleur moment possible, Muse se déchire et sort cet incroyable enchaînement de hits intelligents qu'est Origin Of Symmetry. Cet album est déjà culte, et ce n'est pas pour rien...
Le cas "New Born"... Dès les premières secondes, on se sent à la fois en terrain connu et dans quelque chose de nouveau. Le piano en intro, on connaît: "Sunburn" commençait comme ça. Mais l'intro de "New Born" à ce je ne sais quoi de différent, à la fois classique et mélancolique, et la ligne de basse fait déjà dresser le sourcil. Et quand le riff débarque, c'est un MUR. La guitare sur Origin Of Symmetry est omniprésente, tantôt grasse et lourde, tantôt aérienne, et la basse ronronne d'une manière stupéfiante. La production de la basse sur cet album devrait être érigée en règle. La batterie est à l'image du reste: parfaite. Le son est tout simplement exemplaire. Et ce n'est là que la forme: le fond est renversant. A l'image de ce premier titre qui pose dès le départ que le groupe de rigole plus.
"New Born" sonne presque classique pour qui a l'oreille, dans l'enchaînement des accords: une progression qui est ici magnifiée par un ensemble d'une puissance redoutable. Les trois composantes de Muse (Pop, Rock, Classique) sont en train d'évoluer, et chaque plage de la première à la septième est un hit monstrueux dosant d'une manière différente ces éléments. Et si Showbiz nous avait laissé entrevoir des musiciens doués, chaque compo enfonce le clou. De la plage un à huit, le groupe ne propose que des titres allant d'excellent à culte. Matthew Bellamy chante toujours de cette manière profondément théâtrale qui le rend unique, ses montées dans les aigus sont toujours aussi maîtrisées et le son de sa voix est puissant comme jamais. "Micro Cuts", compo totalement orientée classique, est une démonstration de chant en falsetto hyperaigu qui scotche au siège. Ses talents de claviéristes sont aussi brillamment mis en valeur dans "Space Dementia": cette chanson propose le couplet le plus violent de l'album... à part qu'il n'y a pas de guitare! Le riff de piano est un déluge de notes lourd et incroyablement violent qui martèle l'auditeur sans relâche. Matt sait aussi faire couiner et rugir sa guitare comme il le faut, et son toucher s'affirme de plus en plus.
Chris Wolstenholme, bassiste déjà repéré sur Showbiz, explose littéralement. Il porte à lui seul un titre pop-rock définitif comme "Hyper Music" grâce à une ligne bondissante et jouissive, en parfait complément à la rythmique souple et ferme d'Howard. Après une intro rock musclée ayant pu figurer sur le premier album, cette chanson aligne un couplet irrésistible basé sur cette bon sang de ligne de basse liée au sens aigu de la mélodie de Bellamy. Et ça ne s'arrête pas! Chaque titre est un tube imparable. Le thème saturé et la basse énorme de "Plug In Baby", le riff en harmonique de "Citizen Erased" et son break en arpèges, les passages "pop anglaise " toujours présents avec succès sur le deuxième titre "Bliss", Muse enchaîne les bombes avec aplomb. C'en est presque insolent.
Ce CD qui est visiblement conçu comme une progression voit malheureusement son rythme brisé à deux tiers de la fin par deux titres plus moyens: "Screenager" qui combine une guitare acoustique hispanisante un peu soûlante et un refrain éthéré qui sent le déjà entendu, et "Darkshines" qui se la joue «bande-son de film tragique» mais n'atteint pas le degré d'intensité de "Uno", LA grande réussite du groupe dans le genre. Par contre la reprise de "Feeling Good" qui arrive juste derrière et son piano saturé relance la machine. Et l'album se clôt sur "Megalomania", titre étrange et sentencieux qui s'apprécie surtout très fort (ou au casque) et les yeux fermés. Par contre si on ne rentre dans pas dans le trip on peut dire que la chanson porte bien son nom: c'est pompeux à l'extrême et le final à l'orgue fera sûrement sourire certains.
Muse a sorti cet album, et est devenu énorme. Que dire quand le public a raison, à part que ça fait plaisir quand ça arrive! Le dosage entre les composantes pop rock et classique donne naissance à une ribambelle de compos puissantes et/ou entraînantes et/ou lyriques. Donc, en toute logique, ça fait mal! Et c'est si bien joué... Le groupe est en pleine mutation et son leader commence à laisser le côté orchestral ressortir avec brio. Le sommet de la carrière du groupe à ce jour, à mon humble avis.