CHRONIQUE PAR ...
Lucificum
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
13/20
LINE UP
-Phil
(chant)
-Devin
(guitare)
-Juan
(guitare)
-Alex
(basse)
-Tim
(batterie)
TRACKLIST
1)Burn
2)Weed Flavoured Meat
3)Deatholution
4)Kingdom of Thoughts
5)March of the Worms
6)Bloodshed
7)Redying
8)Finger on the Trigger
9)Home Meat Home
10)Putrid
11)Last Man on Earth
12)...After Reaping
DISCOGRAPHIE
« One of the youngest death metal band ever ». Voila ce qui semble être l'argument principal de Nuclear Blast pour promouvoir Hackneyed, groupe allemand de death-metal. Il faut dire que pour être jeunots, ils sont jeunots. Formés il y a deux ans, ils ont sorti un premier album Death Prevails en 2008 en étant âgés de 14 à 16 ans. À cet âge là, ils devraient être en train d'étudier, de se préoccuper de leur corps qui change, de se faire rembarrer par des pré-ados boutonneuses et de connaître leur première cuite avec du Malibu-orange et des chips. Alors : argument marketing cache-misère, étonnante maturité ou... groupe de plus ?
Un peu des trois, assurément. Argument marketing, parce qu'il faut reconnaître que, juste pour voir, on a envie d'écouter Hackneyed. Je ne sais pas pour vous, mais moi à 16 ans, je ne partageais pas l'affiche avec des groupes comme Nile ou Grave, ni ne montais sur scène au Summer Fest de 2008. La curiosité est donc bien là, même si on est en droit d'apporter dans la même valise une bonne dose de méfiance et de regards en coin. Et bien sûr, ça ne rate pas : l'argument juvénile est en effet un paravent cachant une certaine banalité du propos, même si l'ensemble s'avère toutefois correct. On trouve sur Burn After Reaping un death-metal moderne, avec un certain nombre d'influences de la scène metalcore, c'est-à-dire des mouvements générateurs de headbanging joyeux. On pensera à Despised Icon, avec ses riffs carrés et ses incessants changements de rythme, même si Hackneyed ne propose pas une aussi grande variété de chant.
Ici, c'est à un growl sans réelle personnalité (souhaitons au chanteur que sa mue soit bien achevée) mais efficace que l'auditeur à affaire. Le reste est donc assez conventionnel : gros riffs, breaks et changements de rythme sont les ingrédients principaux de ces douze titres relativement sans surprise. Heureusement, le groupe ne nous gratifie pas de performance au chant clair « MTV approved » comme nous étions légitimement en droit de le redouter, et reste sombre et brutal d'un bout à l'autre de la galette, tout en sachant varier le propos en proposant des titres plus mélodiques ("Finger on the Trigger", "Redying", "After Reaping", ou le refrain du premier « single » extrait de la galette, "Deatholution", avec le clip et tout). Il y a donc une réelle substance derrière l'argument de Nuclear Blast, ce qui nous amène à se féliciter de l'étonnante maturité du groupe, capable de proposer un produit au moins aussi bon - voire meilleur - que pas mal d'autres albums pourtant réalisés par des musiciens d'expérience ayant un recul plus prononcé sur le metal.
Hackneyed est donc une bonne surprise, dont l'impact est sans doute un peu accru par le jeune âge de ses protagonistes, tant il semble que l'on puisse miser sur cette formation pour connaître un futur intéressant. À moins que, les hormones en faisant un peu trop, le groupe n'explose à cause d'une bête histoire de fille (ou de jeu Xbox non rendu)...le futur le dira, et nous verrons si Nuclear Blast a eu raison de miser sur ces jeunes poulains fougueux. En attendant, Burn After Reaping se laisse écouter sans trop de déplaisir ni trop d'ennui - mais sans trop d'enthousiasme non plus. Bon, n'oubliez tout de même pas de faire vos devoirs, les gars.