CHRONIQUE PAR ...
Gazus
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
13.5/20
LINE UP
-Owain Williams
(guitare + basse)
-Andy Phillips
(guitare)
-Richard Thomson
(chant)
-Michael Pitman
(batterie)
TRACKLIST
1)Intrenity
2)Alterra
3)Nocturnum
4)Consequences
5)Interlude
6)False History
7)Abiogenesis
8)Reform (Part I)
9)Reform (Part II)
10)Right To Exist
DISCOGRAPHIE
Si l'on en croit leur courte biographie sur leur Myspace, Xerath est un nouveau groupe qui combien les riffs déglingués de Meshuggah avec des compositions orchestrales épiques. Leur musique peut être décrite comme piochant ses influences dans Strapping Young Lad, Meshuggah et Dimmu Borgir, créant un son se distinguant (comprendre : du reste du lot) qu'ils aiment appeler «orchestral groove metal». Chouette, de la polyrythmie. Chouette, de l'orchestre. Chouette, un groupe qui se distingue ?
Sur ce dernier point, force est de constater que Xerath ne se détache pas vraiment de la masse des groupes de metal technique somme toute barré qui suivent en trombe un chemin ouvert par Meshuggah depuis un peu plus de dix ans déjà. Certes, l'introduction symphonique de l'opener "Intrenity" laisse dans le questionnement durant un peu moins d'une minute, rappelant effectivement le travail de Dimmu Borgir sur ses derniers albums, le côté wagnérien qui transpire chez les Norvégiens étant cependant mis de côté, mais dès que les guitares et le chant débarquent, on se retrouve en terrain connu : les riffs sont syncopés, marqués par des ruptures incessantes, le tout sur peu de notes, plus rythmiques que mélodiques et le batteur martèle sa caisse claire ailleurs que sur les seconds et quatrièmes temps tandis que sa grosse caisse suit les riffs de guitare précités. Enfin, le chanteur braille en se calant sur un élément rythmique suffisamment régulier pour que ni lui ni l'auditeur ne se perde.
On retrouve donc clairement Meshuggah dans ce maelström de sonorités, mais aussi du Periphery et autres groupes affiliés au genre. Les parties orchestrales, une fois le groupe en place, ne rappellent plus tellement Dimmu Borgir tant elles sont mises en retrait et semblent au départ assez pauvres, délaissant souvent les cuivres et se contentant d'ajouter une simple couche sonore qui souligne l'harmonie du tout, pour un résultat plus atmosphérique qu'orchestral. Non, on pense plus alors à Textures ou à un Devin Townsend qui aurait perdu le côté ultra compact et massif de son son. Sur ce dernier point, ce n'est pas un mal en soit. Au contraire, les cordes s'étalent de manière bien espacée et se mélangent à quelques chœurs, donnant un aspect aéré qui laisse respirer le son global. Les mélodies développées par l'orchestre ajoutent des couleurs et des harmonies de qualité la plupart du temps (le hautbois sur "Alterra"). Tout cela ne prend son ampleur lorsque les guitares ne se contentent de jouer que des accords en soutien ("Abiogenesis"). La tendance précédemment citée se renverse alors.
Les ambiances et les couleurs dégagées par l'orchestre possèdent un côté très «musique de film», donnant un aspect résolument épique à la musique ("Reform (Part I)", "False History") mais au final assez pompeux, comme sur le bien nommé "Interlude", qui ne sonne pas comme indispensable. En outre, les compositions se ressemblent globalement les unes des autres, l'ensemble devenant à la longue assez répétitif, heureusement aéré par des respirations comme l'introduction d'Abiogenesis, qui sonne hélas comme un morceau lambda de Textures, tant dans les mélodies, l'ambiance ou le son lui-même. Les titres sont courts, entre trois et quatre minutes en moyenne pour un total d'environ quarante minutes, ce qui est au final une bonne chose. Reste que les musiciens font preuve d'un très bon niveau, à l'image de celui requis pour le style musical joué. Le chant de Richard Thomson est quant à lui assez générique et ne dégage rien de bien particulier. Certes, l'homme se démerde bien, tant dans ses hurlements que dans son chant clair, mais rien ne sort réellement du lot.
Certains titres font cependant mouche, avec leur ambiance résolument cinématographique (le diptyque "Reform"), tandis que d'autres fonctionnent bien en tant que titres de metal technique groovy et bourrin. Avec une production de haut niveau, Xerath I n'est cependant pas une bombe, juste un bon album de metal moderne, hélas desservi par des longueurs et un côté répétitif agaçant à la longue. Reste qu'il s'agit du premier album de la formation, ce qui promet de bonnes choses pour l'avenir.