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CHRONIQUE PAR ...

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Cosmic Camel Clash
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note : 9/20

LINE UP

-Mickael
(chant+programmation)

-Julien
(guitare+programmation)

-Sylvain
(basse+programmation)

TRACKLIST

1)Intro
2)La voix du mal
3)Requiem du paria
4)Guernica
5)La morsure du soleil
6)Chute libre
7)Immortel
8)Le messager
9)Sacrifist
10)La dernière heure
11)Egotrip
12)L'absolution

DISCOGRAPHIE


Karnysera - La voix du mal
(2008) - thrash metal indus - Label : Autoproduction




Dix ans ! Dix ans que Karnysera existe, et c’est seulement l’année dernière que ce premier album autoproduit a pu voir le jour. Avant d’en arriver là il leur aura fallu connaître les galères propre à tout groupe en devenir, à savoir les concerts paumés et autres démos confidentielles. Mais ne se décourageant pas, le trio de Dunkerque a fini par réaliser sa première galette et a fait le choix de la mettre à disposition de tous via Deezer. Reste à voir ce que tout ça donne.


Inutile de le cacher : la première impression est proprement catastrophique. Entre la boîte à rythmes au son incroyablement cheap, les samples sans réel objet, la guitare rythmique indigente et le chant improbable, on en tomberait presque à la renverse tant le thrash indus du groupe semble parodique. Le titre "La voix du mal" a un petit côté Madness Reign qui fait peur, et il est très difficile de prendre les vocaux de Mickael au sérieux. Ce dernier est totalement dépourvu de technique et sa manière de beugler prête vraiment à sourire : on dirait qu’il joue à faire le méchant sans y parvenir. Les morceaux où il chante passent d’ailleurs bien mieux que ceux où il crie car à défaut d’être bon il chante juste, ce qui rattrape la sauce. Mais on ne saurait assez conseiller à Karnysera de trouver un vocaliste à la hauteur de leurs ambitions.

Car de l’ambition il y en a imaginez-vous, et une fois qu’on réussit à faire abstraction de la voix on réalise que la recherche est belle et bien là. Elle est principalement incarnée par Julien, guitariste talentueux qui tire notamment son épingle du jeu quand il part en solo. Les leads sont ainsi toutes réussies - merci un son acceptable, aussi -, avec une mention spéciale au "Requiem du paria" qui allie technique et feeling avec brio. L’autre face positive de Karnysera est la qualité des arrangements atmosphériques : autant les samples indus sont généralement mal gérés dans les parties violentes, autant les moments plus calmes sont ciselés à l’extrême. L’instrumental soft "Le morsure du soleil" est ainsi une vraie réussite, et l’intro comme les plans ambient de "Immortel" font très pro. Dommage que le reste ne suive pas...

Le problème de La voix du mal est là : on a beau repérer des preuves manifestes de talent et d’ambition ici et là telle l’incursion d’une ambiance de théâtre nô au début de "Le Messager", les arpèges acoustiques ouvrant "Sacrifist" ou les claviers electro de "La dernière heure"... au final le style principal revient et l’impression de parodie involontaire aussi. Mickael flingue son groupe dès qu’il ouvre la bouche, tant à cause de sa voix qu’à cause de ses textes. Ceux-ci, à dominante contestataire, sont blindés de clichés et ne font preuve que d’une recherche de surface... on prendra en exemple "Guernica" et son « un bras, une tête, une jambe, un pied, attaque surprise et sans pitié », bien représentatif du niveau. On termine donc l’album frustré, car l’impression de potentiel gâché est écrasante.


Karnysera doit faire un choix. Le jour où ils auront accès à un studio l’excuse du son cheap car autofinancé ne fonctionnera plus, et il faudra bien faire quelque chose concernant le chant. Car tout varié et truffé de moments d’inventivité qu’il est, un album où seuls les plans instrumentaux valent le détour pose clairement problème.


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