CHRONIQUE PAR ...
Pablo
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
15/20
LINE UP
-Antho
(chant)
-Seb
(guitare)
-Greg
(basse)
-Jlce
(batterie)
TRACKLIST
1)Surely It Will
2)Tesla's Rotating Magnetic Fields
3)My Desired Prey
4)Falling
5)Random Killing Process
6)Boston Corridor of Speed (The Day Steven Seagull Shaved My Mife)
7)In Front of Nothingness
8)Isolate
9)Son of the Sun (Your Kingdom Is Doomed)
DISCOGRAPHIE
Crankset, groupe auvergnat, nous revient avec un troisième album assez pêchu : Graceful Delicacy. Presque trois ans après leur dernier album Crankset Vs Noise Data qui est en réalité un split, le groupe formé en 1997 semble plus remonté que jamais. Désormais avec un line-up ne comportant plus qu’un chanteur et ayant délaissé quelque peu les éléments électroniques Crankset se rapproche de plus en plus d'une formation classique de metalcore, avec toutefois une personnalité bien à lui comme cet album le prouve.
De la «délicatesse gracieuse», il n’en est pas vraiment question ici. Ou plutôt sous une forme originale. Tout d’abord par une pochette classieuse et assez froide, au final assez cyber-metal. Cela commence donc bien du côté de l’artwork et cela ne s’arrête pas là. Car le groupe joue allègrement avec la polyrythmie et avec les contretemps. Il est clair qu’aux premières écoutes on s’y perd franchement tant Graceful Delicacy est alambiqué. Ce n’est qu’une fois passée cette difficulté qu’on peut enfin apprécier à sa juste valeur un album d’une grande richesse. La première chanson "Surely It Will" lance le boulet, sans concession, et se place clairement dans une optique death. Les changements de rythme par le biais de breaks aériens bien sentis et de moshparts efficaces, les atouts ne manquent pas dans cet album. On est clairement bluffé par le mélange des styles et des ambiances, qui non seulement alternent tout aux long des chansons, mais qui plus est se superposent.
La polyrythmie n’est pas la seule particularité des auvergnats de Crankset. Les thèmes et idées qui sont développés dans Graceful Delicacy s’inspirent fortement du cinéma futuriste (Blade Runner, Dark City, New York 1997) et comme le dit le Wikipédia du groupe « la littérature d'anticipation (Orwell, K Dick, Andrevon...). Le message porté est d'une manière générale axé sur la prise de conscience, la prise en main de son destin et le refus de l'uniformisation ». Ça a le mérite d’être recherché et on ne va pas s’en plaindre. Graceful Delicacy est effectivement proche de l’état d’esprit dans lequel se placent 1984 et New York 1997 : sombre, post-apocalyptique, mais avec une volonté de s’en extirper. C’est avec des thèmes assez élaborés que Crankset sert très logiquement une musique qui s’y prête. Violente quand il faut ("Surely It Will", "My Desired Prey") et astmosphérique à la Gojira pour distiller une intensité subtile (particulièrement sur "In Front of Nothingness").
Au final, Graceful Delicacy est un album surprenant, servi par une musique travaillée et habilement mise en valeur par des musiciens irréprochables et une intelligence de composition certaine. On regrettera peut être que le chanteur ne place pas quelques growls qui auraient été bienvenus, par exemple sur les passages de blast des morceaux "Isolate" ou "Random Killing Process". Mais cela n’empêche pas Crankset de nous livrer un album de très belle facture. Une franche réussite, on en redemande !