CHRONIQUE PAR ...
Lucificum
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
16/20
LINE UP
-Andreas Gerdén
(chant)
-Marcus “Skägget” Bertilsson
(guitare)
-Emil Westerdahl
(basse)
-Joakim Malmborg
(batterie)
TRACKLIST
1)The Severed Inception
2)Dreamsight Synopsis
3)Embracing the Origin
4)Persevering Incitement
5)Collapse in Reverse
6)Distorted
7)Firstborn of All Dead
8)Apprentice Luminous Acquaintance
9)The Art of Corruption
DISCOGRAPHIE
Comme quoi la scène métallique actuelle de Suède ne se limite pas à celle de Göteborg et au black-metal. Inevitable End nous vient directement de ce beau pays et propose un brutal death mâtiné de deathcore tout à fait convaincant. Laissant derrière eux le fier héritage de leur nation en terme de death metal durant les années 90’ (Entombed et autre Edge Of Sanity), les petits nouveaux ne viennent pas révolutionner un style mais plutôt montrer que la Suède est capable d’absorber des influences du monde entier et de les régurgiter avec force et détermination.
Car il faut plutôt aller chercher du côté des États-Unis pour trouver les influences d’Inevitable End. En particulier des groupes comme Brain Drill, Suffocation ou Bloodjinn, les premiers pour le côté ultraviolent et les seconds pour les facettes un peu deathcore, dans la voix et les dissonances, principalement. The Severed Inception est donc le premier album d’Inevitable End, après deux démos plus orientées thrash/death, si l’on en croit les gens ayant pu mettre une oreille dessus. Ce qui surprend immédiatement à l’écoute de cet album, c’est la production. Après un premier tour d’oreille, il serait facile d’y appliquer les mots « brouillon » ou « fatigant ». Car il est vrai que la violence du groupe passe en grande partie par un son très agressif, avec des guitares abrasives, une batterie sèche et claquante, le tout supporté par une basse très électrique qui ronronne et grogne comme un ours énervé derrière le mur sonore des guitares. Cela confère à l’album une densité et une brutalité qui en rebuteront plus d’un.
Mais qui en séduiront d’autres, sans aucun doute. Ceci dit, les compositions d’Inevitable End sont en harmonie avec la production, c'est-à-dire elles aussi agressives et puissantes à souhait. Le blast-beat n’est pas ici une règle constante (à la différence de Brain Drill, par exemple) et les rythmes sont changeants, avec parfois des parties plus calmes ("The Severed Inception", "The Art of Corruption" ou "Apprentice Luminous"). Toutefois, Inevitable End fait indéniablement du brutal death, la violence reste donc de mise durant la grosse demi-heure que dure l’album. Certains titres se révèlent alors excessivement intenses comme "Collapse in Reverse" ou "Dreamsight Synopsis". Quant au côté deathcore abordé plus haut, il nous vient surtout de la voix, éraillée et changeante, entre hurlements venant du fond des tripes (écoutez "The Art of Corruption" et son flow) et growl médium. Le tout donnant une alchimie redoutable d’agressivité et d’efficacité. Les rythmes sont tordus à l’envie et souvent imprévisibles, sans tomber non plus dans l’opacité du math-core, Inevitable End ayant l’intelligence d’alterner les riffs puissamment bâtis avec les parties plus perverses, volontairement bancales voire dissonantes ("Dreamsight Synopsis").
Une bien bonne surprise. Difficile d’accès, The Severed Inception en rebutera peut-être plus d’un. Il reste une recommandation sûre parmi les sorties de musique extrême de 2009. Issus pour la plupart des scènes extrêmes dites « chrétiennes » de Suède (Bleedience, VIXIVI, Crimson Moonlight), les membres d’Inevitable End viennent de pondre un premier album très impressionnant, sans concession et ravageur. Et vous êtes tous invités à y poser une oreille.