CHRONIQUE PAR ...
Flower King
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
9/20
LINE UP
-Pascal Vigné
(guitare)
-Philippe Kalfon
(guitare sur 4 et 6)
-Pascal Mulot
(basse)
-Gael Ferret
(batterie)
-Morgan Samsou
(batterie sur 2 et 6)
-Jimmy
(batterie sur 4)
-Keuj
(batterie sur 8)
TRACKLIST
1)On the Way to Akaba
2)Tsar Bomba
3)Dark
4)Enemy Mine
5)Samourai
6)A Purple Sea
7)Long Branch New Jersey
8)Time Will Tell
DISCOGRAPHIE
Pascal Mulot et Pascal Vigné doivent être de bons potes. Ils participent aux mêmes disques, font des masterclass ensemble, taquinent le manche avec un égal bonheur, et on imagine sans peine le pied qu’ils ont dû prendre à enregistrer les titres musclés de Tsar Bomba, dans une ambiance relâchée, la bière fraîche qui attend de l’autre côté du studio, ce genre de réjouissances… C’est donc d’autant plus frustrant que ce plaisir de jouer ne soit que si peu retransmis au pauvre auditeur que nous sommes.
Tsar Bomba s’inscrit clairement dans une optique metal prog instrumentale marquée du sceau des années 90 ; à savoir que ça tricote (beaucoup), que ça bastonne (déjà moins) mais qu’il n’est pas question d’attendre un concours de breaks au sein de chaque morceau ; les structures restent classiques, et si un morceau présente trois parties bien distinctes c’est déjà énorme ("Dark"). Pas de quoi se plaindre si notre petite troupe sait envoyer la sauce. Ce qu’elle fait… mais pas tout le temps. Pas très souvent, même. Le son cru qui noie parfois les basses fréquences dans une mélasse cotonneuse – un peu gênant pour un album de bassiste – n’arrange certes pas les choses, mais rares sont les compositions qui captent l’attention de bout en bout. Elles commencent de manière convaincante, comme pour la mélodie arabisante qui ouvre "On the Way to Akaba", le groove pépère de "Enemy Mine" où le thème aqueux de "A Cosmic Sea", avant de se perdre dans des parties solo qui ne dépassent pas la barre du « sympathique » ou des développements mélodiques sans grande saveur.
Le disque passe comme si la formation avait le cul entre deux chaises, coincé entre l’envie de réaliser un album qui cogne et une volonté de ne pas négliger les atmosphères et le beau jeu. Sauf qu’au final, les titres pêchent par leur manque d’agressivité dans des sections qui en auraient eu bien besoin, tandis que les passages plus ambiancés souffrent d’un mix qui pousse la guitare trop en avant, en plus d’une optique d’enregistrement qui semble avoir laissé plus de place à l’efficacité et au gros bœuf qui tâche qu’au fignolage et aux nuances dans les compositions. Ainsi, c’est "Long Branch New Jersey", le titre où Pascal Mulot officie pratiquement seul - aidé de quelques licks de guitare bien sentis – qui fait la plus forte impression. On s’imagine un peu groggy affalé sur la banquette arrière de la Ford de son vieux pote, l’œil dans le flou des paysages nocturnes qui défilent nonchalamment. On se fait plaisir jusqu’à l’arrivée du titre suivant, "Time Will Tell", dans la lignée de tout ce qui a pu précéder et dont je ne commenterai pas le easter egg final, au risque de m’énerver. J’espère pour son auteur que c’est une marque d’humour plus que de prétention.
Pas grand-chose à dire de plus, malheureusement : Tsar Bomba a voulu miser sur de l’instru musclée et racée et ne remplit son contrat sur aucune des deux parties. Restent des bribes ici et là qui prennent au corps et renouvellent notre excitation pour mieux la faire tomber l’instant d’après. Dans le studio ça devait être vachement bien, cela dit.