CHRONIQUE PAR ...
Wineyard
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
11/20
LINE UP
-Zagan
(chant+guitare+violon)
-Meldric
(guitare)
-Zoran
(guitare)
-Garm
(basse)
-Aknar
(claviers)
-Mike Bröker
(batterie)
TRACKLIST
1)Prologue - The Discovery
2)The Vanir Tribe
3)Gullveig
4)Von Rachsucht Und Luege
5)March of the Warriors
6)Vor Den Toren Valhalls
7)The Battle of Asgaard
8)The Chase
9)Burn Vanaheim
10)Das Unterpfand
11)Peace at a High Price
12)Andacht
13)Soeldnerschwein
DISCOGRAPHIE
De moins en moins black mais de plus en plus folk, Black Messiah trace sa route metallique depuis plus de quinze ans avec des productions rapprochées ces dernières années, tentant d'exploiter le filon de l'engouement probablement passager pour le Viking traditionnel initié par les Finntroll et Ensiferum, le tout à la sauce allemande. L'album se termine sur un bruit de crachat, ce qui est peut-être l'un des derniers traits de lucidité d'un combo allemand qui a l'air fatigué de guerroyer sur les plates bandes finnoises.
Avant une entrée dans le détail plus à même d'éclairer le futur - ou pas - auditeur du dernier né du groupe, une petite vue d'ensemble de l'objet palpable et écoutable : la pochette est très quelconque, pour ne pas dire laide, avec ses couleurs franches et mal assorties, ses dessins qui frôlent le naïf assumé, mais après tout, tous les goûts sont dans la nature et peut-être est-ce là une sorte de canon du style. Côté auditif, vous noterez que la voix black death est assez efficace et que les parties parlées ("Prologue – The Discovery", "March of the Warriors", "The Chase" et "Peace at a High Price") sont très (trop) présentes : il faut tout de même avouer qu'un tiers des titres en narré, cela paraît un peu exagéré même si l'on se veut explicatif. L'effet en est bien évidemment inverse, et au lieu de raconter un mythe, elles ne parviennent au final malheureusement ni à se faire réellement entendre, ni à participer activement à l'ambiance de l'album, sauf par le fait qu'elles la coupent, justement, l'ambiance.
Pour rassurer à la fois les fans et les adeptes du genre, les riffs sont très «viking metal», mais dans le sens moyen du terme dans leur majorité, à savoir simples mais entraînants, avec ce caractère d'hymne teuton comme nos voisins germains savent si bien en faire. "Von Rachsucht Und Luege" dérive bien sur le black, mais l'hymne trop simplet - qui marche cependant, puisqu'il s'incruste facilement dans les esprits - gâche un peu la fête, de même pour "Burn Vanaheim", même si cette dernière bénéficie d'une atmosphère plus agressive. Le groupe gagne à revenir vers le black, comme dans "Vor Den Toren Valhalls" qui arbore quelques soli du plus bel effet et rappelle que le groupe n'est pas amateur, et possède une bonne expérience des ambiances épiques où les riffs acérés et rapides accompagnent à merveille une voix redevenue vindicative... Dommage encore que certains passages à la mélodie folk facile viennent altérer le résultat. Enfin, "The Battle of Asgaard" montre ce que le groupe sait faire lorsqu'il ne cède pas à la « folkisation » commerciale, introduisant une voix grave gothique et une partie de violon jouissive, à la fois folk et melancolique.
Le clou tordu du spectacle restera bien malgré elle la ridicule "Gullveig", chantée (enfin, « chantée » c'est sympathique, disons plutôt « beuglée ») en allemand, ce qui est parfois bien ("Das Unterpfand" ou "Andacht" montrent qu'une voix claire grave et froide se marie très bien au germain) sauf lorsque l'on a l'impression de se retrouver en plein milieu du chapiteau Paulaner le premier week end d'Octobre. Non pas que l'idée d'enfiler les pintes d'un litre à la chaîne soit horrible, bien au contraire, mais c'est plutôt l'image du beauf aviné assis la braguette ouverte attendant son litron amené sur des mamelles blondes et opulentes qui ne colle pas du tout avec l'image du black viking metal originel (ceci est un avis personnel, ne me lapidez pas tout de suite)...Dommage car les - bonnes - parties folk celte au violon sont quasi effacées par ce chant à boire. Mais pourquoi diable avoir cru bon de remettre ça avec "Soeldnerschwein"? Encore une fois, il n'y a que le violon à sauver.
Bien, qu'est-ce qu'on en fait? On garde les passages au violon quasiment tous réussis, on garde les parties black folk et en voix claire plus gothique, et on peut aussi conserver l'idée de raconter une histoire, même si la manière pouvait être différente. Mais surtout on jette la facilité et les beuglements d'alcoolique d'outre-Rhin. Cela risque de raccourcir pas mal l'album, mais la qualité s'en ressentira.