CHRONIQUE PAR ...
Wineyard
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
10/20
LINE UP
-Totalscorn
(chant)
-Acerbus
(guitare)
-Nattdal
(guitare)
-Avsky
(basse)
TRACKLIST
1)Underworld
2)Western Plagues
3)Southern Tribes
4)Sinrush
5)Beyond the Rupture
6)Elect Darkness
7)Enthusiasm
8)Eastern Minions
9)Northern Floods
10)Vindicator
11)A Bitter Lesson
DISCOGRAPHIE
Une fois n'est pas coutume, ces chiffres romains ne viennent pas de Norvège mais bien de Suède, gage peut-être d'un black metal différent. IXXI peut apparaître comme un side-project d'Ondskapt (trois membres sur les quatre plus un ajout de Zavorash pour le chant, vous verrez c'est un élément clé) qui vit le jour en 2006 et qui en est à son troisième album avec Elect Darkness. Une petite dose de black rock noir sale et une expérience vocale étrange.
"Underworld" débute l'album sur des accords prometteurs aux relans de rock poisseux utilisant de la basse, puis c'est le drame vocal subjectif. La voix très gutturale, voire « aérophage », de Totalscorn en surprendra plus d'un par l'immédiate pensée batracienne qu'elle génère. La palette est assez étendue, du rot grave et caricatural au growl black qui peut devenir death en passant par une innattendue mais intéressante grave gothique, l'ensemble présente une constante quelle que soit la tessiture : la haine. Cette noirceur malsaine est finalement uniquement due ou presque à cette voix, qui à défaut d'être performante sur tous les fronts, peut se targuer de donner une vraie identité crasse à une musique qui ne l'est pas tout à fait.
Après, l'acceptation vocale restera probablement très personnelle. Soit l'intérêt porté au contenu de l'album permet de s'en détacher, et c'est la voie de la considération du couple voix/musique comme une entité à part entière. C'est uniquement dans ce cas que la qualité de IXXI pourra être reconnue à sa valeur, malgré les probables rechutes qui naîtront d'un manque de concentration sur une envolée inattendue de Totalscorn. Soit la voix devient un élément comique qui se transformera en ridicule au fil des écoutes, et c'est la voie de l'échec et de la fermeture au style du groupe. Certes il faut savoir forcer un peu son envie, mais la musique du groupe est intéressante car très mature au final, par ses variations constantes entre le black aux émanations de rock gras ("Underworld"), le black classique ("Enthusiasm") ou plutôt mid-tempo/doom ("A Bitter Lesson" vraiment bien), le black gothique et quelques élans black death.
L'image est plus joliment écrite qu'elle n'est en réalité, car subsistent tout de même quelques longueurs et linéarités d'écriture qui gènent le discernement des titres. Néanmoins, les passages crescendo ("Beyond the Rupture") ou en voix claire cold sont très réussis dans leur genre ("A Bitter Lesson"), à en regretter qu'ils ne constituent pas l'intégralité de l'album tant cette facette mérite de s'y attarder, d'autant que les musiciens de IXXI assurent plutôt bien à défaut de faire montre de virtuosité. Encore une fois il est dommage d'être rattrapé de cet élan de bonté par une partition vocale des plus déplaisantes ("Elect Darkness") après une démonstration d'acceptabilité. Cela étant la fin de l'opus devient plus écoutable sur ce plan-là, le chanteur cessant partiellement de surjouer pendant que les riffs deviennent plus incisivement black.
Les qualités musicales de IXXI ne semblent pas avoir les capacités de combler les approximations ou bizarreries vocales de Elect Darkness. Les plus indulgents parleront de style, les autres de caricature, mais au moins c'est une signature qui démarque de façon certaine le groupe des autres. Reste que c'est comme le steak tartare, ça a du goût, c'est typé, mais ça ne plaît vraiment pas à tout le monde, et cela illustre souvent la théorie du « ça passe ou ça casse ». Ça casse, pourtant j'aime le steak tartare.