C’est en 1985, et alors que ce qu’on appellera le néo prog, se porte à merveille, qu’un tout nouveau groupe de rock progressif, composé de Nick Barett (guitare/chant), Peter Gee (basse), Fudge Smith (batterie), et Clive Nolan (claviers) fit paraître sa première réalisation : The Jewel. De suite, on aura compris que les influences du groupe se situent plutôt du côté des Floyd ou encore Marillion. C’est d’ailleurs en ouverture des concerts de Marillion que Pendragon va se forger une petite réputation dans le milieu progressif.
Dès la première écoute, on sent que l’album date, du fait d’une qualité sonore assez aléatoire, une production « à l’ancienne », qui, même à l’époque ne brillait pas par sa qualité. Et oui, tout le monde n’est pas plein aux as… Bref, il faut passer outre pour se concentrer sur les compos en elles-mêmes. Des morceaux dans l’ensemble bien construits, certains superbes même, comme "The Black Knight", joli bijou progressif, parait-il écrit plusieurs années avant la sortie de l’album, qui préfigure un peu de ce que deviendra le son de Pendragon quelques années plus tard, avec des titres progressifs mais en général plutôt accessibles. Ce titre reste, pour moi, le plus beau de l’album avec notamment cette intro magnifique et très sombre. On a droit également à une petite poignée de bons morceaux de progressif, comme "Alaska", titre composé de deux parties, enrobé de délicieuses nappes de synthé, ou le superbe "Oh Divineo", dans lequel les influences musicales du guitariste se confirment. "Leviathan" et "Circus" se révèlent être également 2 bons titres, bien construits. Mais le problème de cet album, en plus de sa qualité sonore, réside dans ces quelques morceaux insipides, même d’assez mauvais goût pour certains, à l’image de "The Pleasure of Hope", qui souffre d’un son carrément mauvais, et dont la qualité intrinsèque est tout aussi douteuse.
Les 2 titres bonus, qui ferment l’album vont à peu près dans cette direction aussi, avec un "Fly High Fall Far" vraiment plus que discutable, puis "Victims of Life", plus agréable à l’oreille, mais assez terne. L’autre petite critique, concerne la présentation de l’album, à savoir, la pochette franchement moche, et le livret, qui se résume à une malheureuse page, avec les renseignements d’usage, mais sans une once de paroles, ce que je trouve très dommage. Surtout lorsque l’on voit la beauté des textes de Nick Barett aujourd’hui. Maintenant, faut-il garder en tête les 3 ou 4 réussites de l’opus, ou faire son rabat-joie et arguer le fait que The Jewel contient sa flopée de titres inintéressants ? Personnellement, je dois avouer que, si l’album ne me déplaît pas, je le mettrai en fin de peloton de la discographie de Pendragon. Certains accrocheront plus qu’avec leurs réalisations actuelles, qui sont peut-être moins progressives et plus accessibles, mais, en toute objectivité, l’émotion dégagée par Not of this World ou encore The Window of Life n’est pas comparable avec ce que propose celui-ci. La production y est sans doute aussi pour quelque chose, mais l’on sent que le groupe en était à ses débuts.
Quoi qu’il en soit, il est évident que l’on a ici un album marginal dans la carrière du combo britannique. Un album que les puristes progressifs considèreront peut-être comme le meilleur du groupe, car moins « tout terrain » que les autres, et donc plus difficile d’accès, mais, je le redis, il est à mille lieux des derniers chefs d’œuvre de Pendragon en termes mélodiques et lyriques. Un bon album donc, qui illustre une période, mais qui n’est pas sans défauts, et qui n’est globalement pas représentatif de la musique du groupe.