CHRONIQUE PAR ...
TheDecline01
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
15/20
LINE UP
- Opolus
(guitare+basse)
- Jhn
(batterie+chant)
TRACKLIST
1)Archives of Doubt
2)Voice of a Dead Boy
3)To Dare Not Seak Its Name
4)As Fear Changes Sides
5)Venus Dementia
6)AEnigma
7)Dead Not Dreaming
DISCOGRAPHIE
Le black metal allemand est en forme ces derniers temps. Lantlos, Infestus ont magnifiquement redoré le blason parfois terni du black metal à l’allemande. Des albums froids, malsains et possédant une forte personnalité. Kathaaria vient accompagner ses camarades germains, armé qui plus est cette fois d’une réputation flatteuse faisant cohabiter les termes Ved Buens Ende, jazz et complexité. Bref, du solide si on s’en tient aux simples mots. Le plus dur vient de la confirmation de tout cela.
Il ne faut pas être devin pour se rendre compte que ce n’est pas totalement usurpé. L’album démarre sans blast avec un riff recherché aux harmonies complexes et nombreuses. Répété assez conséquemment, il affirme son appartenance à la scène black metal tout en exprimant très clairement son envie d’être dans son monde. Kathaaria déboule donc avec une personnalité bien marquée et c’est franchement pour le mieux. Nous emmenant sur des flots tout à la fois connus et nouveaux, les Allemands font mouche avec cette première composition qui ne renie pas le blast pour autant. Les amateurs de la chose seront rassurés d’apprendre qu’il y en a quand même un peu. Mais avec modération car le groupe est définitivement à classer dans la catégorie des classieux. Kathaaria c’est en gros un cadre en costard cravate du black metal. Celui qui fait une bonne pub au genre. Et ça se confirme avec bonheur tout au long de l’album. Les riffs sont toujours recherchés, complexes comme le veut le titre de l’album et froids, à la frontière de la dissonance par moments. Et c’est ici que les ressemblances avec Ved Buens Ende peuvent apparaître même si globalement le groupe est nettement moins jusqu’au-boutiste dans cette voie que feu son aîné.
Par contre, pour trouver du jazz, il ne faudra pas être amateur hardcore du genre, ce sera vraiment plus par quelques subtilités sur les charlets ou des guitares effleurées qu’il faudra saisir les influences du monde du jazz qu’autre chose (encore une fois Ved Buens Ende était nettement plus engagé à ce niveau). Car les références à ce genre noble ont tendance à pleuvoir avec un peu trop de facilité dans le monde du metal, comme pour s’acheter une crédibilité. Mais Kathaaria n’en a pas besoin. Ce qui en soit n’est en rien rebutant ou désagréable vu qu’on est à la base ici pour entendre du black metal, pas de la tirade post-improvisatoire. Et on l’entend très bien. Par contre, on peut se plaindre de 2-3 éléments. Le chant est certes assuré proprement, mais sans brio et finalement plutôt commun. Fort heureusement il ne s’agit absolument pas d’une caractéristique prépondérante du groupe puisqu’il n’est que peu présent lors des longues compositions (on navigue au-delà des 6 minutes assez allègrement). Un cri de rage ou d’haut désespoir viendra de la batterie aussi. Non pas qu’elle soit catastrophique ou négligemment exécutée, mais elle a un son un peu trop synthétique pour être honnête, et surtout, sylvestre. Bref, deux petites inconvenances.
Au-delà de ça, on a affaire à une musique réellement prenante, dont les atmosphères varient du mortuaire au glacial avec brio et délicatesse. "AEnigma" est à ce titre magnifique de puissance sentimentale remplie de mélancolie glacée dans un riff proche du majestueux au voisinage de la 5e minute. Kathaaria est maître de son sujet et distille les ambiances avec maestria. La sentence est donc logique et tombe sans cheveu sur la soupe : The Complex Void Of Negativity est un excellent album. Vive l’Allemagne !