CHRONIQUE PAR ...
Wineyard
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
14/20
LINE UP
-Sture Dingsøyr
(guitare+chant)
-Ese
(guitare)
-Jarle "Hváll" Kvåle
(basse)
-Jørn "Steingrim" Holen
(batterie)
TRACKLIST
1)Alarm
2)Disciplined
3)Speak Goddamnit
4)Blucher
5)Blucher Pt. Ll
6)Heroes and Villains
7)Argumentum Ex Silentio
8)Milorg
DISCOGRAPHIE
Vreid poursuit son apologie de la résistance norvégienne durant la seconde guerre mondiale. Milorg ne s’attache plus à un seul homme comme I Krig, mais à des groupes militarisés ayant permis d’unifier la résistance du pays et de permettre à celui-ci de ne pas éclater pendant l’après guerre. Le lyrisme black que Valfar imprimait à Windir a laissé sa place à un black rock léché qui n’a de black que la voix et quelques sonorités caractéristiques.
La découverte de l’album passe par plusieurs états, si on l’aborde avec le schéma classique du black metal à l’esprit : d’abord la surprise, puis un peu de curiosité et enfin l'analyse. Schéma classique s'il en est de la découverte d'un album quel qu'il soit, mais bien des groupes ne dépassent pas le stade de la surprise et par conséquent ne peuvent éveiller aucun intérêt. La surprise chez Vreid ne nait pas d'une originalité flagrante mais du « son » de l’opus. Milorg est à des lieues de la froideur habituelle du black norvégien, et sa production est même plutôt « chaude » tant la batterie est mate et en retrait, tant la basse est claire parfois, et tant les breaks instrumentaux paraissent intégrés sans rupture avec le corps des titres.
Cette fluidité chaleureuse, quelque peu seventies par moments, suscite un intérêt certain à se pencher un peu plus encore sur les composantes de Milorg. Le fond de chaque titre n'est jamais black à proprement parler alors que la voix reste quant à elle résolument black, agréablement gutturale, un peu dans le timbre de Naglfar en plus haut dans la gamme. Quelques passages en voix claire ("Alarm", "Disciplined", intro de "Milorg") accompagnent souvent un break guitare/basse ("Alarm", "Speak Goddamnit"...), le reste étant dans une veine rock ("Disciplined", a l’instar d’"Alarm" à un degré moindre), et certains noteront peut-être que l’intro de "Blücher pt. II" (instrumental) est même quasi "ACDCienne"...Mais le tout est teinté de cet épisme qui rappelle les grandes heures passées.
L'analyse de l'album est assez délicate à effectuer. D'un point de vue purement black, à part quelques blasts effacés sur "Blütcher", quelques riffs assez typiques sur "Blücher pt. II" et les vocalises plus qu'honnêtes de "Dingsøyr", rien à se mettre sous la dent de consistant. D'un point de vue purement métal, cela devient plus intéressant dans le mélange des genres avec cette atmosphère chaude et rock, avec aussi quelques breaks atmosphériques et progressifs, des soli assez travaillés même si sans génie, des mélodies pas immédiates mais malheureusement pas marquantes non plus dans l'ensemble. La performance du mélange est plus que le contenu, la fluidité, et la recherche de la transition sans douleur entre la noirceur vocale et la chaleur instrumentale.
Sur fond de propos historique, Vreid a presque retrouvé la recette ancestrale du Gloubiboulga, à savoir un melting pot de bonnes choses qu'on ne verrait pas forcément mariées entre elles mais quand on y pense, on se dit pourquoi pas d'ailleurs? Du black rock progressif et épique recouvert d'une couche de vaseline offrant un passage sans rugosité dans toutes les oreilles sensibles au metal, si tant est qu'une voix râclée ne déchaîne aucune aversion fulgurante et qu'on ne s'attende pas à des sommets non plus.