CHRONIQUE PAR ...
Wotan
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
13/20
LINE UP
-Anna Pienimäki
(chant)
-Tuomas Tunturituu
(basse+chant)
-Mika A. A. Hyytinen
(basse)
-Hanna Sirola
(claviers+samples)
-Bolton
(batterie)
TRACKLIST
1)In Half-Light
2)We’ll Have It on Us
3)Exaltata
4)Broken Stars
5)For the Forgotten One
6)Fruitarians
7)The Seven Liers-In-Wait
8)Reality
9)No Longer in the Eyes of Aletheia
10)Sidecast
11)Lazarus
12)De Profundis
DISCOGRAPHIE
Cantata Sangui -
On Rituals and Correspondence in Constructed Realities
Un groupe, c’est comme un hamburger. Il y a l’élément vital comme le pain, toujours présent et qui n’a que peu de goût mais sans lui, rien ne tient. Le pain, c’est le batteur. Ensuite, il faut quelque chose qui donne tout le goût au burger et qui tient longtemps en bouche: le steak, qui correspond au guitariste. Le chanteur, c’est la sauce barbecue: quelque chose de plus ou moins bien réparti qui agresse la bouche. Le fromage lie le tout, sans être trop imposant dans le bouquet: le clavier. Et puis il reste la salade, sans goût et que l’on met par habitude pour faire joli . Dans le groupe, c’est le bassiste.
Cantata Sangui existe depuis 1997, et pourtant On Rituals And Correspondence In Constructed Realities est le premier album des Finlandais. L’histoire de ce groupe est apparemment complexe, la plupart des membres d’origine n'étant plus présents, et le line-up est déjà obsolète, Mika A. A. Hyytinen ayant quitté le navire après l’enregistrement. La particularité du groupe n’est pas d’avoir une chanteuse (ce n’est plus un critère d'originalité de nos jours) mais est de ne comporter aucun guitariste en son sein, uniquement des bassistes. Deux pour être précis, qui vont jouer sur des basses 4, 5 et 12 cordes selon les besoins. Autant dire que les deux bonshommes doivent se démener pour combler le vide dans l’espace sonore qu’apportera l’absence de guitares. Plutôt donc que de faire de la rythmique uniquement, ils jouent aussi riffs et arpèges. Le manque est aussi comblé par des lignes mélodiques au clavier et des samples. Cette approche pêche par sa simplicité lorsque les chansons lorgnent trop vers l'atmosphérique. Avec juste quelques lignes de clavier, "Sidecast" possède peu de consistance, le vide sonore dans les fréquences moyennes devient flagrant, même chose lors du point de "The Seven Liers-In-Wait". De plus, sur quelques passages, difficile de ne pas avoir envie d’un bon riff de six cordes, tant la musique est faite pour.
Le groupe change de genre au sein des compositions, d'où l'appellation d’avant-garde. Tout en restant sur des bases proches du doom-metal, Cantata Sangui pioche un peu partout, passant de la fusion au doom-metal le plus pur, nous offrant même un monument épique: la puissante et lourde "For the Forgotten One". Ce genre de mélange et de transitions lors des chansons tend quelque fois vers l'incohérence: le début groovy de "Primarians", très Korn, qui change vers un titre plus symphonique et bombastique, pour enfin se terminer sur un mélange electro-groove, en est un des meilleurs exemples. Les refrains rattrapent cela en offrant un point d’accroche mémorisable et entraînant, un des points forts de cet album. "Broken Stars", complexe dans sa construction, nous offre un de ces refrains qui reste en tête, porté par le chant d’Anna Pienimäki. La demoiselle démontre l'étendue de ses capacités tout du long de l’album: chant rock contrastant avec le grunt profond (et malheureusement sous-mixé) de Tuomas Tunturituu, chœurs symphoniques, nappes atmosphériques, le tout avec puissance ou retenue selon le moment, "The Seven Liers-In-Wait" est exemplaire à ce niveau. La production équilibrée balance parfaitement le contraste entre la profondeur des basses et la douceur plus aérienne, tout en laissant de la place pour tous les détails parsemant l’album.
Réussir à écrire un album de metal aussi varié sans aucune guitare n’est pas un mince exploit. Oscillant entre avant-garde et accessibilité, Cantata Sangui ne sait pas toujours sur quel pied danser et manque par moment de cohérence. Sans être rédhibitoire, ces défauts entachent une expérience qui se révèle néanmoins plaisante, avec une certaine durée de vie grâce aux détails.