CHRONIQUE PAR ...
Gazus
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
12/20
LINE UP
-Jeff Jaworski
(chant)
-Jeff Irwin
(guitare)
-Mike Martin
(basse)
-Mitch Wheeler
(batterie)
TRACKLIST
1)Grey Sky at Night
2)King's Cross
3)Helena
4)Hierophant
5)Caviar With Maths
6)Landing on Ice
7)Skinner
8)Handlebars to Freedom
9)A Day Without Speaking
10)Singing in Solitary
11)Sammy Davis Jr.'s One Good Eye
12)Firedealer
13)Dark Sun Sets
DISCOGRAPHIE
Ils sont quatre, ils sont américains, ils existent depuis 1995, ils tapent dans le hardcore (voir sludgecore, me dit-on dans l'oreillette) et il parait qu'ils sont cultes. Leur pote Chino Moreno a produit avec Shaun Lopez leur dernier disque, en partie composé par leur ancien chanteur, Grady Avenell, qui se fait la malle une fois sa tâche accomplie. Ils sont alors trois, ils sont toujours américains et étant donné que ce n'est pas la première fois que le line-up change, ils embauchent un nouveau chanteur. Le miracle se produit : ils sont quatre, ils sont américains et ils peuvent de nouveau jouer du hardcore. Qu'est-ce qu'on a l'air de s'amuser chez Will Haven...
Passée la première rencontre avec l'album, par le biais de la pochette somme toute... hideuse (Seigneur, ces couleurs...), on se décide à introduire le CD dans son mange-disque favori, afin d'écouter ce qu'il en retourne. Après tout, ce ne serait peut-être pas la première fois que le contenu est meilleur que le contenant (comme par exemple l'album Sweet Blood Theory de Secret Sphere, chroniqué par mon éminent confrère Dupinguez). L'album est donc introduit, on lance la lecture et l'on est soudainement accueilli par la piste d'ouverture intitulée "Grey Sky At Night", une instrumentale composée de nappes de claviers, de quelques notes de guitare en son clair, des percussions éparses d'une note de shakuhachi... Voici une atmosphère toute en mystère et en inquiétude... Puis vient le premier vrai titre de l'album : "King's Cross".
On fait alors connaissance avec la musique de Will Haven (pour ceux qui, comme moi, ne la connaissaient pas auparavant) : démarrage «in your face», batterie qui tabasse, guitares dissonantes et basse qui suit les guitares. puis le chant. Jamais vraiment hurlé, jamais totalement hardcore tout en portant la marque de fabrique, Jeff Jaworksi fait penser à l'expression «avoir le cul entre deux chaises». Si l'on sent que l'homme force sa voix, il ne donne vraiment pas l'impression de se donner à fond, comme s'il se retenait de cracher véritablement toutes ses trippes. Reste à voir ce qu'il en est sur les autres titres de l'album. Vient donc "Helena" : démarrage au quart de tour, batterie qui tape, guitares dissonantes et basse qui suit la guitare... Puis "The Hierophant", qu'on écoute patiemment, désespéré d'avoir affaire à la même recette.
L'introduction de "Caviar With Maths" réveille l'attention, avec sa batterie et sa basse distordues. Hélas, lorsque le groupe débarque au complet, on retrouve les mêmes ingrédients qu'auparavant. "Landing On Ice" vient troubler cette routine avec son final ambient... qui ennuie rapidement tant il n'évolue pas, sinon par l'ajout d'une nappe saturée en crescendo. Will Haven a au moins le mérite de varier ses introductions sur la deuxième partie de l'album. Le début de "Skinner" rappelle par exemple les vieux titres de Neurosis et s'avère un bon morceau, lourd à souhait, où Jeff Jaworksi semble enfin se lâcher. Ponctué de spoken words, le titre s'alourdit au fur et à mesure de sa progression. De même "Handlebars To Freedom" garde l'attention de l'auditeur éveillée, avec son riff simple mais efficace, qui brise la routine de la première moitié du disque.
C'est au final cette seconde partie qui sauve The Hierophant. Plus lourde et contemplative, elle se révèle bien plus efficace que les six premiers titres. Et si "Sammy Davis Jr's One Good Eye" s'avère être le morceau le plus violent du disque, il s'incruste très bien entre les dernières pistes du disque. Un démarrage pénible et une fin qui relève le niveau, voilà donc ce qu'on peut retenir de cet album de Will Haven. Dommage, car la production de Chino Moreno et Shaun Lopez s'avère de qualité et que les musiciens connaissent leur affaire.