CHRONIQUE PAR ...
Cosmic Camel Clash
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
7/20
LINE UP
-Yvan Franel
(chant+guitare)
-Bruno Tanoredi
(basse)
-John Chirico
(batterie)
TRACKLIST
1)Rise & Fall
2)Buzz in my Head
3)Rocky Drunky Pervert
4)Monday's Wedding
5)Lane
6)The Missing Part
7)Emotional Cash
8)Calvin City
9)Underneath your Skirt
10)A Woman in Love
11)Up in the Clouds
DISCOGRAPHIE
Ah, les années 90. Le power mélodique trouvait un second souffle dans la mouvance true metal, le thrash se réinventait une identité mid-tempo et sous-accordée, le néo débarquait avec pertes et fracas... et le monde s'en fichait éperdument. Car en-dehors de Nirvana, ce qui intéressait les media était surtout l'amusante guéguerre que se livraient les groupes de pop-rock britanniques. Blur défendait l'expérimentation et la légèreté, Oasis se prenait effroyablement au sérieux et revendiquait l'héritage des Beatles avant tout. Aujourd'hui tout ça nous fait bien marrer... sauf Stevans. Stevans, ça leur manque.
Il y a plusieurs façons de compenser ce genre de manque : les américains de The Sound Ex ont par exemple sorti dernièrement un Palomino à l'esprit très patchwork, petit condensé de ce que les scènes rock anglaises et américaines avaient pu faire de bien depuis trente ans. Et ce faisant il ont eu le bon goût de ne pas faire du simple copier-coller mais d'insuffler une dimension de synthèse au tout. Stevans, non. Contrairement aux titres de The Sound Ex où on restait souvent incapable de citer le nom du groupe qui servait d'influence, les compos de cet album renvoient donc outrageusement à des oeuvres passées, au point d'évoquer des chansons précises. Le chanteur de Stevans possède un grain incroyablement proche de celui de Liam Gallagher d'Oasis, soit... mais était-ce une raison pour reprendre tels quels dans "Lane" les célèbres accords de guitare sèche ouvrant "Wonderwall" ? Avait-il besoin d'exagérer à outrance ce mimétisme vocal dans "Woman in Love", au point qu'on a l'impression que Gallagher est invité sur l'album ? Peut-être pas...
Ce n'est que la partie émergée de l'iceberg : l'opener "Rise & Fall" sonne comme un mélange entre Coldplay (influence permanente) pour les guitares et Radiohead pour les voix, alors qu'à l'inverse les guitares de "Buzz In My Head" semble tout droit sorties de The Bends et qu'un hybride Gallagher / McCartney semble être au chant. Et c'est comme ça tout le temps. Stevans décide de laisser tomber un peu les guitares au profit du piano sur "This Missing Part" ? Ils font du Keane. Ils décident de laisser parler la joie et les rythmes disco entraînants sur "Emotional Cash" ? C'est du Franz Ferdinand. Ils refont la même sur "Up in the Clouds" avec des arrangements plus travaillés ? Pulp inside. Et cerise sur la gâteau (à tout seigneur tout honneur) : la magnifique "Monday's Wedding" qui s'approprie sans vergogne le "Woman" des Beatles. Mais avec une approche à la Oasis hein, on ne va pas non plus perdre les bonnes habitudes en chemin... à noter au passage que le groupe a poussé le vice jusqu'à copier le son de chaque instrument pour qu'il soit le plus proche des influences citées.
A ce stade ce n'est plus du culot mais de l'abus dans sa forme la plus pure. Quand on voit le nombre de pompages évidents relevés par votre serviteur qui n'est qu'un "simple" amateur de pop-rock, on n'ose imaginer l'état de nerfs dans lequel un spécialiste du genre se retrouverait plongé à l'écoute de ce truc. Cet album a beau être joli tout plein, Stevans se fout de la gueule du monde et mérite au mieux un désintérêt poli, au pire un bon coup de pied au cul. Faut pas exagérer non plus...