CHRONIQUE PAR ...
Adam Weishaupt
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
15/20
LINE UP
-Mick Jones
(guitare+chant)
-Tony James
(guitare+programmation)
TRACKLIST
CD 1
1)The News
2)The Magic Suitcase
3)The Whole Truth
4)Caesars Palace
5)Tell It Like It Is
6)War On Culture
7)What The Fuck
8)Acton Zulus
9)National Anthem
10)Really the Blues
11)Oilwell
12)Why Do Men Fight?
13)Ignore Alien Orders
14)I Loved You
CD 2
1)Magic Suitcase
2)Roadrunner
3)War on Culture
4)The News
5)National Anthem
6)The Truth
7)Soylent Green
8)I Loved You
9)Gangs of England
10)Oilwell
11)Woke Up This Morning
12)Why Do Men Fight
DISCOGRAPHIE
Joe Strummer est mort, Billy Idol a arrêté le crack, les Clash et Generation X n’existent plus, Mick Jones et Tony James portent costumes et chemises classiques, ont perdu leurs cheveux et s’amusent avec des ordinateurs… Les temps ont changé ? Pas tant que ça à en croire The Last Post, sympathique album mêlant rock garage, punk et pop qui, dans ses meilleurs moments, rappelle un passé qui n’a plus de preuves à faire aux oreilles de la critique.
Contrairement à Joe Strummer & The Mescaleros, qui affichait ouvertement son modernisme par son éclectisme presque forcené, Carbon/Silicon se cantonne à la vieille recette décrite plus haut finement rehaussée par une production moderne (on entend bien tout de manière équilibrée et agréable), un côté « chanson à textes » tout relatif, la voix et l'accent charmants de Mick Jones, sorte de Strummer plus mielleux, poli et moins éraillé (mais bien moins expressif sur la longueur, avouons-le) et un usage souvent judicieux de percussions synthétiques. "The News", à ce niveau, est un excellent morceau d'ouverture : frais, primaire dans le bon sens du terme, scintillant, dynamique, une espèce de version plus pop et infiniment moins déprimante du tristement célèbre et injustement décrié Subterranean Jungle des Ramones. Le versant plus calme et posé ("National Anthem", "Tell It Like It Is") est tout aussi convaincant.
Ainsi, "The Magic Suitcase" est une très belle chanson, avec une basse chaude, des chœurs discrets et la voix planante de Jones dont l'accent et l'élocution achèvent d'insuffler de la personnalité à une formule qui a pourtant tout pour lasser (il y a bien "Ceasar's Palace", avec son riff lancinant et son texte bourré de répétitions à base de "I wish we could see that…" qui fait trop sous-The Clash pour être vraiment appréciable). Puis, entre ces deux tendances, on trouve l'approche plus punk/garage avec "The Whole Truth", un peu soûlante (trop longue, riff trop répétitif), l'éclatante "What the Fuck", son riff, son swing, son groove délicieusement 60's et ses paroles jouissives (les références à Dostoïevski, Sartre et Shakespeare dans un morceau pareil, c'est vraiment n'importe quoi) ou encore "Why Do Men Fight?", d'une non originalité à toute épreuve, mais que voulez-vous. "Really the Blues" peut-être ?
Malheureusement, il s'agit là de seul vrai mauvais morceau de l'album, horrible tentative de tube vaguement electronisant tout bonnement inécoutable et qu'on ne retrouve pas sur le live. Ah. Le live. Tout d'abord, notons la présence de morceaux absents du studio, comme le très (très) quelconque "Roadrunner", les amusants et volontairement décalés "Soylent Green" et "Gangs of England" et l'agréablement bluesy et polyphonique "Woke Up This Morning". Ensuite, il y a toutes ces approximations (pains, manque de justesse, solos qui s'écrasent sur eux-mêmes régulièrement) qui confèrent un côté brouillon assez dérangeant à des morceaux comme "War on Culture" pourtant impeccables en studio ("The News" perd aussi tout son punch pour les mêmes raisons, c'est dire). L'impression qui domine est donc celle de se trouver en présence de versions résolument moins bonnes et intéressantes que celles entendues sur le premier disque.
Bref, Carbon/Silicon n'a pas inventé l'eau chaude. Il s'agit d'un de ces groupes qui sait y faire pour produire une musique accrocheuse et agréable malgré cette double tendance à faire durer certains morceaux au-delà de la limite de fraîcheur et d'en avoir mis un peu trop pour une première fois ("I Loved You" est franchement dispensable, par exemple). La présence d'un live particulièrement peu enthousiasmant joue en la défaveur de cette édition 2 CD par ailleurs joliment réalisée. La version simple semble donc un investissement plus raisonnable.