CHRONIQUE PAR ...
Kroboy
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
9.5/20
LINE UP
-Rown Houland
(chant)
-IX Valieri
(guitare)
-Scorpion
(basse)
-J. "The Kid"
(batterie)
TRACKLIST
1)Hellrider
2)The Chainsaw's Law
3)Alive or Dead
4)Crossing the Valley of Dead
5)Ritual
6)Rebel on the Way
7)Snakebite
8)I'm the Motor
9)All My Rage
10)Helltrain Co.
DISCOGRAPHIE
Attention, avec les gars de Infernoise, on a affaire à des petits malins. Les Espagnols ont en effet dû se dire que tant que Dimebag Darrell serait mort, Pantera ne se reformerait pas. Il y avait donc un créneau porteur à prendre et Infernoise s'est engouffré dans la brèche. Sauf que la mince frontière entre hommage appuyé et pillage en bonne et due forme semble avoir été allègrement franchie ici. Parce qu'excusez-moi, mais des Espagnols qui arborent le drapeau confédéré sur scène, y a de quoi être mort de rire !
Et pourtant, lorsque votre serviteur reçoit cette galette en provenance d'Espagne (l'autre terre du heavy metal après l'Allemagne), mixée par Timo Tolkki et masterisée par Mika Jussila, il pensait avoir affaire à un album de speed mélo d'obédience finlandaise. Mais pas du tout ! Dès les premières mesures de "Hellrider", pas de doute possible : malgré toutes les étiquettes plus ou moins pertinentes qui régissent la sphère metal, pas une n'est plus adaptée au cas présent que « Pantera metal ». Toutes les caractéristiques les plus significatives de l'œuvre de Texans se retrouvent ici : le chant écorché de Houland qui semble avoir assimilé tous les tics vocaux de Phil Anselmo ; le son et les gimmicks de guitare de IX Valieri (vous aurez noté la puissance des pseudos), qui a dû passer un certain temps en studio pour trouver exactement les mêmes réglages que Dimebag ; ce solo sans guitare rythmique, chose qu'on n'était plus tellement habitués à entendre depuis le split de Pantera il y a déjà quelques années. Bref, pas besoin de disserter longtemps sur la « personnalité » artistique d'Infernoise. S'il fallait revenir à l'ancien système de notation du patinage artistique, ce serait simple : note artistique => 0.
Et quid de la note technique alors ? Là, il faut reconnaître que les gars d'Infernoise savent manier leurs instruments. Les Espagnols parviennent à imiter à la perfection le groove… inimitable de Pantera ! Seul Scorpion (mais quel pseudo à la noix…) semble un peu en retrait, lui qui peine à remplir l'espace durant les soli. N'est pas Rex Brown qui veut ! Les riffs groovent, les refrains claquent, tout va bien dans le meilleur des mondes. Infernoise dispose de quelques cartouches dévastatrices dans son arsenal. Tantôt rageur comme "Hellrider" ou "The Chainsaw's Law" dans la lignée d'un "Mouth For War", tantôt plus groovy comme sur "Crossing the Valley of Dead" ou "Snakebite", Infernoise affiche une belle envie d'en découdre même s'il a emprunté les armes d'un d'autre. Néanmoins, tout n'est pas réussi et à partir du milieu de l'album, on assiste à un glissement qualitatif qui voit le niveau général passer de celui de Vulgar Display Of Power à celui de Reinventing The Steel. Si la ballade "Rebel on the Way" (avec évidemment un arrière goût de "Cemetary Gates") tire son épingle du jeu, on finit par se lasser des gesticulations vocales de Houland, surtout lorsque l'inspiration disparaît presque complètement comme sur "Ritual" ou "I'm the Motor".
Passées les premières minutes où l'on se remémore, la larme à l'œil, les plus grands exploits de nos Texans préférés, il y a de quoi rester circonspect à l'égard d'Infernoise. Malgré la qualité de certaines compos, difficile d'adhérer à une démarche proche du clonage, même s'il faut reconnaître qu'elle est effectuée avec un certain talent. A l'évidence, Infernoise va devoir sortir de sa conception « chinoise » du metal basée sur la contrefaçon et montrer un peu plus de personnalité s'il veut passer du statut de bête de foire à celui de véritable groupe. Sur ce, je vous laisse, je vais m'envoyer Vulgar Display Of Power à la place !