CHRONIQUE PAR ...
Wineyard
Cette chronique a été importée depuis metal-immortel
Sa note :
12/20
LINE UP
-Benjamin Borucki
(chant + guitare)
-Sebastian Schneider
(batterie)
TRACKLIST
1)Deceit Doctrine
2)Fucked Up But Glorious
3)Reminiscence Of Imperial Wrath
4)The Martyr Urge
5)Salt
6)Tyrant Blessed
7)To Rebel And To Fail
8)Raw Dark Pure
DISCOGRAPHIE
Après 10 ans d’existence, Sonic Reign sort son premier album, non sans quelques péripéties préalables. Jugez plutôt : initialement prénommé Megiddo pendant deux ans et une démo, le groupe change d’appellation et de style pour Sonic Reign, puis sort une deuxième démo autoproduite qui sera par la suite rééditée chez Supreme Chaos Records. Mécontents de ces derniers, le combo allemand crée son propre label, Sovereignty Productions, pour mastériser Raw Dark Pure à l’été 2006. Forts d’un titre de « meilleure démo de l’année » décerné dans le Metal Hammer outre Rhin cette même année, le groupe ne trouve aucun distributeur (!) et semble dépassé par le travail à fournir pour son propre label. Raw Dark Pure ne reste pas dans un placard pour autant, puisque Metal Blade fait le forcing pour le distribuer et le présenter dans les bacs cette année. Ouf.
Il semble donc difficile dans un des pays (l’Allemagne en l’occurrence pour ceux qui n’auraient pas suivi) où le métal en général jouit d’une place à part, d’émerger dans le style black metal. Même en ayant obtenu un titre honorifique dans la presse spécialisée, Sonic Reign a bataillé pour être distribué. Nul n’est prophète en son pays me direz-vous, mais en fait le malaise n’est peut-être pas ici, mais plutôt dans le fait que faire du black metal en n’étant pas scandinave n’attire ni le chaland, ni les maisons de disques. A moins d’être différents ? Peut-être. Il est vrai que le groupe ne produit pas un black ultra original, mais plutôt une bonne exécution de certains courants scandinaves illustres. Les premières impressions vont directement vers Satyricon, notamment au niveau vocal en moins puissant ("Deceit Doctrine", "Salt"), puis vers Naglfar sur la plupart des autres compositions.
Il n’est guère étonnant de se référer à Satyricon pour un groupe dont le patronyme fondateur fut Megiddo. L’ascendance du groupe norvégien se traduit d’abord par la voix « raclée » dans le même timbre que celle de Satyr. Même si la puissance du frontman teuton n’atteint pas celle de son homologue scandinave (production ?), il est utile de signaler que son organe est bien maîtrisé et plutôt agréable à l’écoute dans un style black où il est assez difficile de trouver des voix convaincantes. La similitude se poursuit très sporadiquement dans la voix parlée ("Deceit Doctrine", "Raw Dark Pure") entendue sur Now Diabolical. On pourra pousser la comparaison musicale sur les titres mid-tempo à tendance thrashy, mais aussi sur le groupe en lui-même. A l’instar de Satyricon avec Satyr et Frost, Sonic Reign est composé d’un chanteur multitâche et d’un batteur. Là, on frôle le mimétisme de personnalité, mais avec du talent et du charisme en moins.
La seconde ascendance du combo allemand est clairement Naglfar, tant parfois la sonorité des guitares est proche malgré le rythme plus lent en moyenne. Mais plus cela accélère, plus la ressemblance s’accentue. Avec eux, ils partagent une certaine linéarité de composition et de bonnes, bien que ponctuelles, inspirations. Ils ne partagent pas en revanche le même sens de la mélodie, bien plus directe et catchy chez Naglfar, ni la même atmosphère, Sonic Reign distillant un black plus oppressant et noir. En poussant plus loin l’analyse de l’album, on s’aperçoit que le titre le plus abouti est peut-être "Reminiscence Of Imperial Wrath" : le rythme a accéléré par rapport au reste de l’opus, le refrain est vraiment réussi et doté d’une mélodie inspirée rappelant à certains égards Dimmu Borgir, la symphonie en moins. C’est finalement une influence micro-ponctuelle qui semble le mieux convenir au groupe…
Pour un premier album, Sonic Reign s’en sort plutôt pas mal. De bonnes bases et inspirations, c’est mieux que pas du tout. Mais il faut admettre que la relative hésitation stylistique entre Naglfar et Satyricon accouche d’un manque d’originalité et de personnalité palpables. Mais soyons positifs : il y a du potentiel musical pur, mais également de composition. Il est certes tôt pour parler d’une suite, mais ce devrait être une sorte de juge de paix, en ce sens que ce prochain bébé devra être plus personnel, sous peine de noyade dans une masse déjà bien dense…