CHRONIQUE PAR ...
Lord Henry
Cette chronique a été importée depuis metal-immortel
Sa note :
15/20
LINE UP
-Glenn Snelwar
(guitare+claviers)
-Micheal Manring
(basse)
-Mark Zonder
(batterie)
TRACKLIST
1)The God Interface
2)Torn Between Dimension
3)A Gap In The Stream Of Mind Part One
4)Grasping At Nothing
5)Coming Home
6)The Event Horizon
7)A Gap In The Stream Of Mind Part Two
8)Run
9)A Gap In The Stream Of Mind Part Three
10)At War With Self
DISCOGRAPHIE
Un album de rock progressif expérimental exclusivement instrumental, ça vous tente? Eh mais non, ne partez pas! At War With Self peut vous séduire, même si vous n'êtes pas ingénieur informaticien suisse... Sachez d'abord que les responsables de ce méfait sont Glenn Snelwar de Gordian Knot à la guitare et aux claviers, Mark Zonder de Fates Warning à la batterie, et le mercenaire Micheal Manring à la basse. Ainsi réunis, les trois compères en profitent pour se lâcher complètement et filent, dix titres durant, la métaphore musicale du combat intérieur, comme le signale le titre du projet. Etre parlant et profond sans chant, est-ce possible? On dirait bien... Mais sans être ennuyeux? Aussi, sans doute. Néanmoins, inutile de le cacher: mieux vaut être averti et ouvert d'esprit, car l'expérience peut être quelque peu rebutante.
At War With Self explore un très large panel d'émotions, symboles sonores d'états fort divers, allant de la musique ambiante et atmosphérique au metal. Si certains titres apparaissent comme "classiques" dans leur approche ("The God Interface" et "Torn Between Dimensions" évoquent Gordian Knot, le jeu de basse de Manring oblige), d'autres instaurent au contraire une rupture évidente, via un style de composition avant-gardiste et dérangeant. C'est le cas de "The Event Horizon" et du morceau-fleuve "A Gap In The Stream Of Mind", décliné en trois parties. La première, comportant un excellent lead mélodique, s'avère très subtile, même si elle s'inscrit dans la continuité des deux pré-cités; la deuxième, heavy et épique à la fois, est plus tourmentée. Alors que la courte conclusion, elle, s'annonce ambiancée. Les sentiments mis à jour par "seulement" trois musiciens sont ici criants de vérité et d'absolu.
Un doux et sensuel "Coming Home", faisant la part belle à la mandoline et aux grattes acoustiques de Snelwar, interpelle furieusement dans cet amas de mouvements éclectiques. Surtout après un "Grasping At Nothing" groovy et jazzy à souhait. "Run" fait la cuisine de Maïté de son côté, entrecoupant des riffs heavy avec des plages mélodiques languissantes aux claviers ou à la guitare claire. Basses fretless, e-bow (une sorte d'archet électronique), programmations, etc., confèrent aux pièces de Torn Between Dimensions des atmosphères curieuses et dissonantes. Snelwar semble avoir délibérément choisi de décontenancer son auditoire dans chacune de ses compositions. Mais avec quelques écoutes l'on s'aperçoit que tout est rigoureusement à sa place, que l'ensemble n'a rien d'anarchique, et le "chaos" musical des premières ententes laisse progressivement place à un album certes complexe mais judicieusement pensé de bout en bout.
Si l'on devait se risquer à une analogie, il ne serait pas totalement hors de propos de dire que At War With Self s'écoute comme de la musique classique. N'espérez pas, en vous procurant ce disque, headbanguer jusqu'à vous en rompre le cou tout en jouant de l'air-guitare (quoique rien ne vous y empêche). Du temps et de la patience sont indispensables pour pénétrer l'esprit et le concept de Torn Between Dimensions, de même, il est vrai, qu'une bonne dose d'interprétation subjective. Sans quoi cette pochette presque aussi dérangeante que le disque lui-même risque fort de prendre la poussière sur un coin de votre étagère, privant à jamais votre sono d'une rondelle-témoignage des expérimentations saugrenues de trois barjos. Difficile à encaisser, mais le talent est indéniable.