Je ne suis pas superstitieux, mais là il y a trop de coïncidences, et je suis sur le point de passer un coup de bigot à Mulder et Scully. C’est le septième album de At Vance, malicieusement intitulé VII (bravo, comme c’est original ça, dites-moi…). J’écris ces lignes le 07/07/2007 (véridique !) et je n’ai pas poussé le vice jusqu’à l’écrire à 7h07 du matin parce que mon sommeil passe avant tout, mais il semble qu’en plus Olaf Lenk – guitariste leader du groupe – joue complaisement le jeu en pondant un album tout à fait médiocre qui ne mérite pas plus de 07/20. Y a pas, demain je joue au loto.
Deux ans après le moyen Chained - on peut dire qu’Olaf Lenk a pris son temps, vu que de coutume, c’était un album par an - At Vance nous revient donc, et comme on pouvait s’y attendre, rien n’a changé. Ah si, un nouveau chanteur a pris le micro. Et là, celui qui connaît un peu At Vance et qui pose une oreille sur ce nouvel opus ne peut que s’exclamer d’une voix bovine, les yeux grand ouverts et la mâchoire pendante : «Euuuh ?». Ben oui, le timbre du nouveau venu (nommé Rick Altzi et officiant dans des groupes comme Treasure Land, Sandalinas ou Frequency) est sensiblement similaire à celui de Mats Leven, qui avait lui-même une voix similaire à celle d’Olivier Hartman. Bref, quel que soit le chanteur et son talent, At Vance ne bouge pas d’un iota et nous ressert toujours la même soupe hard/heavy à forte teinture FM, sauf que cette fois ça ne prend pas du tout.
Car At Vance a tout de même un passé relativement glorieux : on se rappellera des excellents Heart Of Steel (en 2000) et Evil In You (en 2003) mais aussi des sympathiques No Escape (en 1999) et Only Human (en 2002). Loin d’être parfaits, ces albums dégageaient une certaine fraîcheur par endroit, et Olaf Lenk y faisait parfois preuve d’une vraie inventivité. Bref, comme diraient les vieux schnoks : «At Vance, c’était mieux avant». Mais comme écrit précédemment, Olaf fait preuve d’un saisissant immobilisme (qui confine à la pétrification), alors ne peut-on pas en toute logique réduire cet album à une galette classique, pas inventive mais sympa, et lui coller un petit 11/20 assorti de la haïssable mention «peut mieux faire» ?
Ben non, parce qu’avec toute la patience du monde, VII est mauvais. Reconnaissons que ç’aurait été le premier essai d’un obscur groupe, on aurait pu bénéficier de l’effet de surprise et être indulgent (voire vaguement emballé), mais là c’est avec une réelle déception qu’on parcourt les dix titres de cette galette. Tout y est : on retrouve cette omniprésente batterie en alternance binaire grosse caisse/caisse claire (comme on dit dans le jargon, un « poum-ta poum-ta ») à divers tempo selon le morceaux ("Answer Me", "Friendly Fire", "Shiver"…enfin toutes quoi, sauf celles plus speed où là on nous sert de la double grosse caisse), ces refrains sirupeux à vouloir se suicider à la petite cuillère ("Shiver", "Friendly Fire", "Victory"…) et ces mélodies vocales très hard FM ; ce dernier point n’étant pas intrinsèquement une critique, mais se trouve être ici un prétexte de plus pour pointer du doigt la boite du CD en rigolant bêtement.
Il faut reconnaître tout de même que tout n’est pas à jeter à la benne : on retiendra le riff neo-classique plutôt efficace de "Victory", le titre "Answer Me" (le seul qui soit à peu près réussi) et en étant indulgent, on pourra dire que la ballade qui clôture l’album ("Lost In Your Love" – ne riez pas) ne s’en sort plutôt pas mal avec cette jolie ligne vocale. Ah si, autre point positif, cette fois Olaf a renoncé à massacrer une œuvre classique comme il le faisait systématiquement depuis ses débuts en la jouant de façon certes virtuose mais sans aucune émotion ni tentative d’expression, se contentant de coller derrière un thème de Bach ou Vivaldi une batterie heavy metal. On ne peut donc que se résoudre à penser que VII est un beau gâchis, d’autant plus quand on connaît le niveau technique de Lenk.
On terminera en précisant qu’une personne ne connaissant pas du tout At Vance et ayant des affinités avec le hard/heavy peut rajouter trois-quatre points à la note attribuée, encore qu’il soit conseillé à ces derniers de dénicher les anciens albums. Allez, c’est promis, si je gagne sept millions d’Euros au loto, je consentirai à réécouter cet album.