CHRONIQUE PAR ...
Lord Henry
Cette chronique a été importée depuis metal-immortel
Sa note :
12/20
LINE UP
-Jos Geron
(chant)
-Martin Goulding
(guitare)
-Charlie Griffiths
(guitare)
-Steve Woodcock
(basse)
-Nick Lowczowski
(batterie)
TRACKLIST
1)Reversal
2)Father Pyramid
3)Ceremony Master
4)Division Man
5)Life of Gear
6)Marketing
7)From Space to Time
- Part 1: Evolution
- Part 2: Bodes
- Part 3: Separation
- Part 4: Eden
DISCOGRAPHIE
Attention, disque à ne pas mettre entre toutes les mains. Voilà un groupe britannique qui évolue dans un crossover très original, unique même pourrait-on dire; puisque Linear Sphere allie au rock et au metal progressif la fusion jazz, le néo et même, par certains aspects, le death-metal. Passée la première impression de Truc Sonore Non Identifié, c'est le niveau technique assez hallucinant des musiciens qui saute aux oreilles. Faut savoir que trois d'entre eux sont professeurs dans l'un des plus prestigieux collèges de musique d'Europe, exusez du peu, et le moins que l'on puisse dire, c'est que tout ce tas d'aptitudes est bien mis à profit.
Les morceaux de Reality Dysfunction sont tous longs, extrêmement complexes, imprévisibles, anti-conformistes. Un bon point pour nos rosbifs. Entre percussions tribales, riffs néo et soli de guitare rapides comme le vent, "Reversal" inflige d'entrée de jeu une claque assez difficile à digérer. Jos Geron, au micro, opte la plupart du temps pour des hurlements schizophrènes éructés assez brillamment, mais tente parfois un chant hystérique suraigu à la King Diamond. En tous les cas, ses capacités de mémoire ne sont pas moins mises à l'honneur que celles de ses potes musiciens, car ce type, fondamentalement, ne "chante" pas: il baragouine des textes décousus au possible, sans suivre de mélodie, ni même de rythmes particuliers. Ce style de chant déplaira vraisemblablement aux fans de prog "traditionnel", mais il ne peut laisser indifférent. Pour une fois que tout ne se joue pas autour du gratteux...
Enfin les doigtés respectifs de Martin Goulding et de Charlie Griffiths sont quand même les highlights de ces morceaux complètement chtarbés. Les parties instrumentales, nombreuses et récurrentes, prennent l'allure d'interstices de bravoure propres aux jazz-bands, l'improvisation en moins bien entendu. La guitare de "Marketing", en lieu et place d'un saxophone, joue peu ou prou le même rôle. Arrêtez de vous émerveiller devant John Petrucci ou Yngwie Malmsteen, et posez-vous trente secondes devant ce déluge de notes improbables... Trente secondes, c'est justement l'intervalle moyen pendant lequel Linear Sphere parvient à conserver un tempo à peu près régulier. Nick Lowczoxski passe en revue tous les rythmes possibles, du speed en introduction de "Division Man" à la lenteur oppressante de la mytho-ballade "Life Of Gear", dont les leads peuvent par ailleurs rappeler le Opeth de "Harvest". Impressionnant, vraiment. Mais aïe aïe aïe, que c'est difficile à suivre.
Le bassiste Dave Marks (remplacé depuis) n'est pas en reste. La production est étonnamment concise et laisse entendre les prouesses de tout le monde. Jos Geron a peut-être tendance à abuser des effets de voix, rendant sa performance encore moins accessible. Mais les délires de Linear Sphere sont par nature incompréhensibles au commun des auditeurs. C'est fort, très fort, aucun doute. Mais trop, c'est trop. L'ultime titre, "From Space To Time", se voit décliné en quatre interminables parties encore plus délicates à avaler que n'importe quelle bouffe franc-comtoise. A cet égard, Linear Sphere a sans aucun doute le travers de faire passer la technique avant... Avant quoi déjà? Sont-ce encore des chansons, à bien y réfléchir? Un combo unique, c'est assez certain, un style inimitable, techniquement bien au-dessus de l'extrême majorité de ce qui ce fait en metal, mais qui n'intéressera guère que les oreilles en quête de grand foutoir. On reste assez soufflé malgré tout.