CHRONIQUE PAR ...
Alexis KV
Cette chronique a été importée depuis metal-immortel
Sa note :
17/20
LINE UP
-Rob Zombie
(chant)
-J.
(guitare)
-Sean Yseult
(basse)
-John Tempesta
(batterie)
TRACKLIST
1)Electric Head - Part 1 (The Agony)
2)Super-Charger Heaven
3)Real Solution #9
4)Creature Of The Wheel
5)Electric Head - Part 2 (The Ecstasy)
6)Grease Paint And Monkey Brains
7)I, Zombie
8)More Human Than Human
9)El Phantasmo And The Chicken-Run Blast-O-Rama
10)Blur The Technicolor (Poker From Stud To Strip Mix)
11)Blood, Milk And Sky
DISCOGRAPHIE
Aujourd'hui, Rob Zombie est un peu tout à la fois : réalisateur, rocker, dessinateur de comic books... Entre projets de films gore plus ou moins acclamés par la critique unanime et albums revenant aux vraies valeurs du rock'n'roll, il semble avoir franchi une étape symbolique pour son personnage scénique : finis les dreads, les zombies puants, les lunettes 70's et les chapeaux de cowboy. Le Zombie période « blanche » est donc officiellement passé à la postérité, et il était grand temps : la meilleure incarnation reposait de toute façon depuis une douzaine d'années dans l'«Astro-Creep 2000».
Rob avait continué à remuer la carcasse agonisante sous un nom vaguement modifié, pour le meilleur – il s'est incrusté dans la BO de Matrix – et pour le pire – les compils, remixes et The Sinister Urge - alors qu'au yeux d'un public un peu averti, ce White Zombie était sans doute trop décalé par rapport aux années 2000, tandis que pour les jeunes générations, forcément, c'était déjà un truc de vieux, et ils écoutaient Powerman 5000 à la place. Au début des années 90, White Zombie est annonciateur d'une génération nanarland, phénomène bizarre qui se répète de génération en génération depuis que les frangins Lumière nous ont légué les salles obscures. En 66, Woody Allen doublait International Secret Police : Key of Keys, aujourd'hui des geeks francophones se bidonnent devant des westerns turcs ou des Rambos phillipins ; Rob, son truc à lui, c'est les mauvais films d'horreur.
C'est un délire arty pour gourmets du kitsch maîtrisé : un peu de croquis coquins et de musique à base de metal, de hip-hop, d'indus, des samples de séries Z, un chant peu commun, et vous voilà avec un groupe que vous pouvez identifier très rapidement. Le travail accompli et l'expérience accumulée depuis Make Them Die Slowly ont fini par payer, même si nos explorateurs d'univers délirants n'ont pas fait un si grand pas musical quand on compare l'album à La Sexorcisto. Dans l'art d'utiliser une vieille rengaine pour en faire une chanson à l'identité bien marquée, White Zombie peut faire le meilleur – "Super-Charger Heaven" – comme le pas trop brillant – "Blur the Technicolor". Une fois que vous avez appris à zapper les deux titres ratés, heureusement situés en fin d'album – celui sus-mentionné, plus le long et pénible "Blood, Milk And Sky" – l'album passe comme une tronçonneuse dans le zombie purulent.
Le mérite revient à un univers encore assez vaste pour laisser la place à l'exploration créative du groupe. Rigolo, puis lancinant, à la limite du drogué, binaire aux rares nuances pouvant à tout moment retrouver son groove, Astro-Creep enchaîne le bizarroïde avec les moments de génie. L'imaginaire, la démesure du pauvre, l'artwork et la forte identité sonore, tout fusionne et témoigne d'un fait indéniable : avant de se disperser, Rob Zombie fut un artiste complet. Pas au point d'en devenir un artiste parfait, mais, à l'instar d'un Body Count ou d'un Biohazard, ayant gravé son nom dans l'histoire du disque à coup d'idées novatrices et de pierres angulaires du métal dit « alternatif ». Et en plus, chez Rob, y'a des clins d'œil à Asimov.