CHRONIQUE PAR ...
Kroboy
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
11/20
LINE UP
-Michael Coons
(chant)
-Aaron Jellum
(guitare)
-Phil Kettner
(guitare)
-Willy Lange
(basse)
-Sky Harris
(batterie)
TRACKLIST
1)Brain Wash
2)Delirium Void
3)Erased
4)My Euphoria
5)Ghost in the Mirror
6)Turmoil
7)Liar
8)Desolate Oasis
9)No Man
10)Outro
DISCOGRAPHIE
Depuis le début des années 2000, le thrash US, c'est un peu le retour des morts-vivants. Et maintenant que les pointures sont revenues sur le devant de la scène (Death Angel, Exodus, Testament), c'est au tour des groupes cultes (comprendre : moins célèbres) de nous jouer le coup de la passion qui revient au galop (Nuclear Assault, Forbidden, Heathen). Et maintenant, même les quasi-inconnus comme Lääz Rockit s'y mettent. Reste cette question au suspense insoutenable: mais qu'est-ce qu'attend Säcred Reich ?
Bon, évidemment, j'entends déjà les puristes hurler au crime de lèse-majesté en lisant le terme de quasi-inconnu accolé au nom de Lääz Rockit. Alors oui, le premier effort du groupe, City's Gonna Burn (récemment réédité, lui qui était devenu introuvable au même titre que ses 4 petits frères), mélange de heavy et de speed à la manière du premier Metal Church, avait reçu en son temps des critiques favorables (ce qui remonte tout de même à 1984). Oui, le groupe a connu une bonne période à la fin des années 80 avec la paire Know Your Enemy / Annihilation Principle (votre serviteur a même mis la main dessus via d'obscurs revendeurs moldaves, c'est vous dire). Maintenant, ce n'est pas faire injure aux Californiens que de dire que leur principal succès est une reprise, en l'occurrence des Dead Kennedys ("Holiday in Cambodia"), et que leur notoriété peine à dépasser les frontières japonaises. C'est d'ailleurs au pays du Soleil Levant que Lääz Rockit a réservé la primeur de sa véritable reformation en 2005 (après un passage aux Pays Bas et son fameux Dynamo Open Air) en y effectuant sa véritable tournée de reformation. En effet, à l'instar de Testament, le groupe a commencé par fouler à nouveau les planches pour se reconstruire une nouvelle cohésion avant de revenir en studio. Bref, voilà pour le côté historique, qui vous permettra à coup sûr de frimer auprès de vos amis les plus réceptifs au thrash (ou ceux qui n'osent pas vous interrompre même quand vous les saoulez avec vos goûts musicaux douteux).
C'est avec son line-up « classique » (celui des 4 premiers albums) que Lääz Rockit a décidé de remettre le couvert, seul le batteur Victor Agnello manquant à l'appel. Au chant, Michael Coons a un peu perdu de sa superbe et qui ne cherche plus tellement à taquiner les aigus, mais il a su s'adapter à un registre medium et plus agressif qui lui sied bien. Musicalement, les Lääz n'ont pas cherché à recréer le passé, mais ont au contraire fait un effort pour sonner de façon assez moderne, notamment via un sous-accordage des guitares parfaitement dans l'air du temps. Point fort de l'album : un réel souci de variété qui fait qu'on ne regarde pas sa montre passé le 3ème morceau identique. Left For Dead est un enchaînement bien équilibré de tempos enlevés et de rythmiques plus heavy, et mêmes quelques passages lents et sombres du plus bel effet. Avec "Ghost in the Mirror", où Coons rappelle Ripper Owens sur l'intro, ou le pavé "Desolate Oasis", voilà 2 titres sur lequel Lääz Rockit explore des contrées assez inhabituelles pour eux, qui rappellent le ténébreux "The Omen", qui clôturait brillamment Annihilation Principle. Point faible : Left For Dead manque de titres réellement marquants, un problème récurrent chez Lääz Rockit. Seul le long et ultra-heavy "Desolate Oasis" peut prétendre à ce titre avec son riff bien plombé, son accélération venue de nulle part et son solo enflammé. Le reste ne fait qu'osciller entre le bon et le banal, voire l'inutile pour l'instrumental de fin.
Je vous aurais bien fait le coup du groupe qui traverse sa première époque dans l'anonymat le plus complet, et qui revient près de 20 ans après avec un chef d'œuvre sous le bras. Si si, je vous assure, ça m'aurait bien botté. Mais évidemment, il n'y a pas de miracle : comme pour les Australiens de Mortal Sin l'année dernière, quand un groupe moyen au départ se reforme, ça donne un album moyen. Néanmoins, même si Left For Dead n'a rien d'impérissable, Lääz Rockit n'aura pas à en rougir non plus. C'est toujours ça de pris !