CHRONIQUE PAR ...
Cosmic Camel Clash
Cette chronique a été importée depuis metal-immortel
Sa note :
7.5/20
LINE UP
-Jarno F. Moberg
(chant)
-Toni Tieaho
(guitare)
-Erik Grönroos
(guitare)
-Arto Tissari
(basse)
-Timo Hanhijoki
(batterie)
TRACKLIST
1)Blackened Image
2)Severe Punishment
3)Defiance of Supremacy
4)Faith Redefined
5)Host Machine
6)Dead Cold Emotion
7)Soulstabbed
8)Worlds Collide
9)Existence Terminated
DISCOGRAPHIE
Chaque genre génère des créateurs et des suiveurs... et plus le genre est à la mode, plus les suiveurs sont nombreux. Cette règle immuable s’applique particulièrement au métal, et ce depuis les tous débuts : si le phénomène s’est vu particulièrement dénoncé lors de la grande vague du néo, se limiter aux masses de groupes ayant pompé Korn serait oublier les périodes où tout le monde faisait du glam de style L.A. ou alors du thrash façon Bay Area. Le dernier genre en date à avoir connu un essor de ce type est le metalcore, et si la hype a tendance à retomber ces temps-ci ça n’empêche pas certains groupes de sortir des galettes sans aucune identité... et Crystalic fait malheureusement partie de ceux-là.
Le metalcore étant un sous-genre du métal tout aussi varié que n’importe quel autre sous-genre du métal, on précisera ici que Crystalic pratique une musique à dominante mélodique, beaucoup plus proche de God Forbid que de Chimaira. En fait le seul élément extrême du tout est le growl de Moberg, qui est également le gros point faible de l’album. En effet, le chant death de ce dernier est incroyablement linéaire, tant au niveau des tonalités que du placement rythmique. Aucune pêche dans ce hurlement où les « notes » sont exagérément tenues et la modulation est inexistante... les vocaux sont identiques d’une chanson à l’autre, et cet aspect finit par sérieusement taper sur le système. L’autre caractéristique marquante est l’ancrage très net dans le heavy : si le tout avait plus de puissance on parlerait de death mélodique, mais Watch Us Deteriorate est au final un album de power-heavy assez peu violent, où riffs comme rythmiques vont souvent plus chercher du côté d’Iron Maiden que d’In Flames, le côté groovy et moderne qui caractérise ces derniers étant absent la plupart du temps.
C’est donc une bête curieuse que cet album : avec un Ripper, un Kürsch ou un Andy B. Franck au micro on aurait affaire à un ènième groupe de power mélodique, mais le chant caverneux et ennuyeux de Moberg le cantonne à une étiquette metalcore... car classer cet album dans l’extrême serait exagéré, le tout sonnant mille fois moins violent que d’autres formations axées sur ce créneau « base mélodique + chant death » (Children Of Bodom en tête). Les compos sont donc très classiques dans l’esprit, la seule réelle originalité provenant de la basse fretless qui assure souvent de belles parties dans le fond ("Severe Punishment", "Faith Redefined"...). En dehors de leur classicisme les parties instrumentales peuvent parfois être entraînantes, et sans le chant death de Moberg qui finit par sembler vraiment hors de propos (quand les tempos s’accélèrent ça fait parfois plus penser à Helloween qu’à Slayer) ça pourrait donner quelque chose. Quand on entend les guitaristes se faire plaisir dans le titre de heavy-thrash mélodique "Defiance Of Supremacy", on se dit qu’il y du potentiel...
Mais bon, on ne peut au final que saisir au vol la vanne offerte par le titre de l’album et contempler la musique de Crystalic se déteriorer au fur et à mesure que le disque se déroule. "Faith Redefined" et ses tentatives syncopées tournent court malgré une construction soignée, plombée par le côté fondamentalement prévisible des riffs et du chant. Ce côté prévisible augmente chanson après chanson : la progression d’accords de "Host Machine" ressemble à celle du titre précédent comme deux gouttes d’eau, et l’ambiance générale sent le réchauffé. Le son lead dégoulinant de vibrato est pénible à la longue, et la deuxième moitié de l’album est constitué de titres littéralement interchangeables... les ficelles de composition du groupe sont énormes (je prends un riff heavy-thrash mélo puis je le décline dans plusieurs tonalités) et l’insistance qu’il déploie à faire toujours la même chose avec différentes composantes finirait presque par forcer le respect si on ne s’ennuyait pas tellement.
Watch Us Deteriorate est un donc un album qui provoque la curiosité quelques minutes avant d’ensevelir l’auditeur sous une avalanche de plans tous identiques. Un album à laisser dans les bacs en somme...