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CHRONIQUE PAR ...

21
Wineyard
Cette chronique a été importée depuis metal-immortel
Sa note : 17/20

LINE UP

-Keith Fay
(guitare+claviers+chant+…)

-Karen Gilligan
(chant+percussions)

-John Clohessy
(basse)

-John Ryan
(violon+…)

-Joe Farell
(batterie+percussions)

TRACKLIST

1)Shelob
2)The Brown Bull of Cooley
3)Coffin Ships
4)The Great Hunger
5)The Old Woman in the Woods
6)Ungoliant
7)The Morrigan's Call
8)Téir Abhaile Riú
9)Wolfe Tone
10)The Very Wild Rover
11)Cúchulainn
12)Diarmuid and Grainne

DISCOGRAPHIE


Cruachan - The Morrigan's Call
(2006) - black metal folk - Label : Karmageddon Media



Cruachan n’est plus l’OVNI musical inégal qu’il fut en cette année 1995. La chenille Tuatha Na Gael a grandi pour devenir un papillon appelé The Morrigan’s Call. Il s’est enrichi d’une voix féminine, a perdu sa cornemuse, et son black est devenu plus mélodique et parfois sonne death metal, plus harmonieux au final. Le folklore est resté intact mais plus maîtrisé, le son a pris de l’ampleur et de la puissance, mais jamais, jamais il ne renie ses origines vertes et oranges.

De longues volutes de fumée emplissaient le haut plafond boisé de ce pub des bas fonds de Dublin. Un peu rond, le visage rougeaud et buriné par la vie, le patron servait inlassablement ses pintes de Guinness et Smithwick’s à ses piliers de comptoir, toujours sans faux-col, tandis que les Pogues brouillaient en fond sonore l’écran diffusant le rendez-vous rugbystique annuel entre l’Irlande et Le Pays de Galles. Sur la frêle scène de bois du tréfonds de la salle s’installaient les musiciens, enkiltés pour la circonstance, arborant fièrement en bandoulière ou sur l’épaule violon, banjo et bodhran, qui réglait un micro trop haut, qui accordait sa basse, dans l’indifférence générale d’une morne journée hivernale. Personne ne remarquait cet objet inhabituel constitué de cordes, d’un ampli et arborant un design anachronique dénotant dans ces lieux. Personne ne s’étonnait non plus de ce musicien aux cheveux longs, au physique sombre qui tenait l’objet entre ses mains.

Les premiers sons sortaient timidement de la bouche de la blonde chanteuse, sa voix était chaude et claire, mais savait se faire puissante et lancinante. L’attention de ce public recherchant la chaleur humaine et festive du pub se tournait alors vers la scène. ELLE avait réussi. À coups de chants à boire, elle captait son auditoire, faisait sortir les Pogues de la vieille platine poussiéreuse et oublier la défaite du XV d’Irlande. Tous, saouls et moins saouls, entonnaient joyeusement ses airs folkloriques en trinquant bruyamment. On aurait même dit que Shane Mc Gowan était là à chanter "The Very Wild Rover". Même les titres plus lents et froids, façon The Faith and The Muse, ne parvenaient à faire décrocher cette attention pourtant si facilement captée.

IL était encore là. Sa guitare sur le ventre et son micro en face de lui, il ne prenait pas part à cette joyeuse beuverie annoncée, trop concentré qu’il était par ce qu’il avait à faire. Les premières notes acoustiques d’abord, puis les puissants riffs commençaient, toujours sur ce tempo folk. ELLE l’accompagnait, se faisant plus noire, froide et volontaire, puis c’était au tour du violon de pleurer ses notes. Les fabuleuses "The Great Hunger" et "Ungoliant" avaient été avalées par les incrédules du comptoir, ils restaient ébahis, ne sachant pas pourquoi ils étaient là immobiles, encore moins pourquoi leur tête avait eu envie de bouger de haut en bas. Car on ne peut boire proprement en bougeant la tête. IL se prenait alors à chanter avec ELLE, puis sans. IL assénait sa voix brutale par petites doses, souvent black, parfois claire, rarement death, coupée par ELLE ou l’un quelconque des instruments. Ils avaient réussi, l’unité de leurs talents s’était muée en un mets des plus raffiné et festif.


Il est de ces albums qui dépaysent, et The Morrigan’s Call est de ceux-là. Les passages joyeux et dépressifs, brutaux et acoustiques, métalliques et folkloriques se succèdent sans amener la moindre lassitude. Les parties plus faibles précèdent et suivent de vrais joyaux avec harmonie. Le folklore irlandais reste le maître mot ici bas, et c’est devant une pinte de Beamish dans un coin de verdure humide que je vais le déguster à nouveau, sans modération.


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