CHRONIQUE PAR ...
Lucificum
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
15/20
LINE UP
-Marcus Ehlin
(chant+basse)
-Lisa Simonsson
(chant)
-Richard Bryngelsson
(guitare)
-Joakim Ohlsson
(guitare)
-Jonnhy Gunther
(claviers)
-Denis Ekhdal
(batterie)
TRACKLIST
1)Awaken
2)Rebirth of the Nameless
3)Infernaliia
4)Revelation VI
5)Grimheim
6)After the Wolf (Do Dead Men Follow)
7)S.I.N.
8)The Oaken Throne
9)The Soulless
10)Enter Omega
11)In Sanctum
12)Fire Leaps High
13)At the End of Twilight
DISCOGRAPHIE
Aaah, l’Allemagne. Patrie de tout un tas de choses plus ou moins folkloriques, comme les saucisses, les bretzels, le heavy-metal bas du front, une langue compliquée haïe de tout étudiant s’y étant frotté, sans compter leur 435 façons de cuisiner le chou. Mais une chose est sûre, l’Allemagne n’est pas réputée pour ses groupes de black-metal. Et ce n’est pas avec Siebenbürgen que ça va commencer, vu que malgré un nom teuton, le groupe vient de Suède. Tant pis, nous n’aborderons pas dans cette chronique les 5000* bières différentes que l’on peut trouver outre-Rhin…
Par contre, nous allons parler de Siebenbürgen - qui se traduit littéralement par « sept châteaux » mais qui désigne plus couramment la Transylvanie - et de leur sixième album, insolemment nommé Revelation VI. Emmené par son leader Marcus Ehlin, le groupe a mine de rien un beau CV derrière lui, avec des albums diversement appréciés des critiques et plutôt espacés dans le temps (c’est ici le troisième album depuis l’an 2000 pour nos Suédois) mais que l’on peut tous classer dans la même catégorie : heavy/black mélodique, avec ces deux composantes en proportions variables. Avec le temps, la production du groupe s’est grandement améliorée, passant d’un black sale tout droit sorti d’une cave à celle d’aujourd’hui, aux guitares très heavy, propres et puissantes, qui rappellent d’autres productions comme celles de Dissection, The Covenant ou encore Lord Belial. Et indéniablement, cela rend la musique de Siebenbürgen plus abordable et plus efficace.
Finies donc les productions sales que l’on a pu connaitre par le passé et place à l’efficacité. L’élément féminin, qui a toujours été très présent dans le groupe, est ici assuré par Lisa B. Simonsson qui remplace Erika Roos. Au final, pas de gros changement, son chant étant utilisé par Marcus de la même manière que par le passé, c'est-à-dire en interventions ponctuelles et en général intelligemment amenées. Pas d’invasion de mélodies sirupeuses d’une voix de prétendue diva : le propos reste essentiellement masculin sur Revelation VI. Marcus hante donc les treize titres de son chant écorché, sans doute l’élément le plus black metal de l’ensemble. Car le reste, on l’a dit, est plutôt heavy/speed metal : point de blast-beats – ou très peu, comme sur "Soulless" ou "Fire Leaps High" - mais des riffs mélodico-agressifs renforcés par des claviers plus présents que par le passé, contribuant à rendre la musique de Siebenbürgen encore un peu moins agressive et un peu plus épique.
Les titres sont plutôt courts – toujours dans une optique d’efficacité – et parviennent à surprendre en donnant le jour à des airs marquants et faciles à retenir, ce qui n’est pas chose courante dès lors qu’on a le label « black metal » collé sur le dos. Ainsi, "Rebirth of the Nameless", "Infernalia" ou encore "In Sanctum" font office de véritables hymnes épiques, soutenues efficacement par le duo clavier/chant féminin qui donnent à Siebenbürgen une identité affirmée et racée, même si Marcus ne semble avoir aucunement l’intention de révolutionner un genre déjà bien touffu - juste y ajouter une pierre solide. Revelation VI se termine par le classieux "At the End of Twilight" et ses guitares mélodiques, ses déplorations féminines et son ambiance épico-mélancolique qui fonctionnent très bien. On regrettera "Enter Omega", instrumentale un peu mollassonne et quelques titres un peu trop convenus – "S.I.N" ou "The Oaken Throne" – mais dans l’ensemble, ce Revelation VI tient largement bien la route.
La Suède reste donc encore redoutable dans sa capacité à produire des œuvres froides, sombres et épiques à une époque où certains affirment que tout a été dit sur le sujet. Les fans de trve black n’accrocheront pas à cette œuvre trop policée, mais les amateurs de mélodies violentes et épiques comme savaient si bien le faire fût un temps Enslaved, Children Of Bodom (sans la virtuosité), Old Man’s Child ou Ancient seront très certainement emballés par Revelation VI. Et rassurez-vous, bien que Siebenbürgen ne soit pas Allemand, cet album se déguste très bien accompagné d’une bonne chope de blonde.
*Véridique.