CHRONIQUE PAR ...
Kroboy
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
14/20
LINE UP
-Marcus Kirchen
(chant)
-Julz Ramos
(guitare)
-Sterling Bailey
(guitare)
-Dan Voigt
(basse)
-Dave Wert
(batterie)
TRACKLIST
1)Darkening Skies
2)Frailty of the Flesh
3)Sealed Fate
4)Frozen Hell
5)Attack Imminent
6)The Morlocks Tomb
7)Storm the Gates
8)The Dead Will March
9)Awaiting Evil
DISCOGRAPHIE
Il existe un aphorisme qui dit que l'Histoire ne se répète jamais, mais qu'il lui arrive souvent de bégayer. Vous souvenez-vous de ces labels qui, au moment de la mode du thrash dans les 80's, ont signé à tour des bras des groupes dénués de talent pour surfer sur la vague, provoquant la fin prématurée de ce mouvement ? Il semble que ça recommence aujourd'hui avec le retour en grâce (temporaire ?) du thrash, et après Earache et son écurie déjà très fournie, c'est au tour de Metal Blade d'entrer dans la danse.
Sauf qu'en matière de thrash, Metal Blade a souvent eu le nez creux et qu'une fois encore, ce label a eu la main heureuse en dénichant les Californiens d'Hatchet. A l'heure où un paquet de groupes se contente de refaire la même chose avec 20 ans de décalage, ce n'est pas plus mal d'en entendre un qui refuse de se plier aux conventions les plus rabâchées. A commencer par la célèbre rythmique thrash marquée par le tabassage répété de la caisse claire. Voilà un gimmick que Dave Wert n'utilise qu'avec parcimonie, fort heureusement. Pourquoi ? Parce que le son de cette galette est assez indigne d'une production professionnelle. Quand on voit le son que n'importe quel groupe amateur peut obtenir à partir de logiciel comme Pro Tools ou Cubase, ce son digne d'une démo fait un peu tâche. Le son des guitares, plutôt cradingue, semble sortir d'amplis 10 watts, tandis que la caisse claire résonne de façon assez désagréable. Le livret ne mentionnant aucun nom de producteur, il ne serait pas étonnant que ce Awaiting Evil soit une autoproduction diffusée à grande échelle. Quoiqu'il en soit, il s'agit d'un point à corriger obligatoirement la prochaine fois.
Et c'est vraiment dommage, car cela vient ternir un album plutôt bien pensé. Déjà, dans le nombre de titres : 9 seulement dont une intro, voilà qui rappelle les meilleurs albums du genre qui prêtaient moins le flanc au remplissage que la norme actuelle. Bien sûr, ceci n'est pas une assurance à toute épreuve et certains morceaux n'ont rien de bien folichon ("Attack Imminent"), mais ça limite les risques. Ensuite, en terme de variation de tempo : souvent rapide et agressif, Hatchet n'oublie pas de lever le pied par moment. Parfois en enchaînant cavalcades furieuses avec des refrains aux rythmiques heavy à la Maiden ("Frozen Hell"), ou tout simplement en variant les intros tantôt mélodiques ("Storm the Gates"), tantôt martiales ("Attack Imminent"). Le chant est quant à lui un peu particulier. Marcus Kirchen évolue le plus souvent dans un registre medium agressif, mais sans être vraiment exceptionnel. En revanche, il dispose d'un gimmick étonnant qui le voit monter soudainement dans les aigus, sans forcément être à la lutte comme on pourrait le croire de prime abord. Le résultat n'est pas sans rappeler Schmier sur les albums les plus récents de Destruction.
Mais ce qui caractérise Hatchet avant tout, c'est une véritable recherche mélodique qui va de paire avec l'agressivité des riffs. Hatchet est un groupe de thrash, les riffs très acérés ne laissent aucun doute là-dessus. Mais à l'instar de Forbidden ou Heathen, Hatchet n'hésite pas à mettre l'accent sur la mélodie, notamment à la guitare. Des velléités affichées dès l'intro "Darkening Skies", un solo lent vaguement bluesy. Le soliste Julz Ramos dispose d'une patte intéressante qu'il met à profit au lieu de calquer ce que fait son compère Sterling Bailey. En effet, en plus de ses soli souvent remarquables ("Storm the Gates", "Frozen Hell" ou encore "Awaiting Evil") il parvient souvent à caser des lignes mélodiques parfaitement intégrées. Parfois, la mélodie est carrément insérée dans le riff, comme cette descente d'accords très bien sentie sur "Frozen Hell", sans compter sur la double harmonie à la Maiden toujours sur ce morceau. À l'évidence, une des particularités qui suffisent à démarquer Hatchet de la masse, et qui laisse augurer un avenir intéressant pour les Californiens. Espérons qu'ils sauront exploiter leur potentiel au mieux !
C'était pas gagné vu le son très approximatif de Awaiting Evil, et pourtant Hatchet nous offre une bien belle surprise avec son premier effort. Un disque de thrash pas révolutionnaire mais attachant, et qui sort du lot grâce à ses qualités mélodiques évidentes. Le léger creux du milieu est vite passé, et Hatchet finit en trombe en gardant le meilleur pour la fin. Voici le digne héritier (en tout cas on l'espère) d'une certaine idée du thrash, celle de pas mal de groupes apparus avec la deuxième vague de la fin des 80's. A suivre.