CHRONIQUE PAR ...
Kroboy
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
14/20
LINE UP
-Jeff Paulick
(basse+chant)
-Dan Gapen
(guitare+chant)
-Alex Lackner
(guitare)
-Ryan Shutler
(batterie)
TRACKLIST
1)Last Breath
2)Thou Shall Not Fear
3)Damnation for the Weak
4)Every Word Unheard
5)The Onslaught pt 1 – Revolution
6)The Onslaught pt 2 – Rebirth
7)Lust
8)Forged in Blood
9)Absolute Power
10)Who I Really Am
DISCOGRAPHIE
Il va falloir sérieusement songer à ériger une statue en l'honneur de Earache pour avoir sorti sa compilation Thrashin' Like A Maniac et fait émerger un tas de nouveaux groupes de thrash. Le label a bien évidemment privilégié ses propres poulains (Evile, Municipal Waste, SSS…) mais est également allé faire son marché ailleurs pour faire le nombre. Et paradoxalement, l'une des formations les plus prometteuses de cette compil' demeure toujours vierge de tout contrat. Mais que fait la police ?
C'est en effet par ses propres moyens que Lazarus a sorti son premier effort The Onslaught, comme si le groupe était passé aux travers des filets déployés par les labels. Il faut dire que le combo n'a sans doute pas été aidé par ses origines plutôt exotiques pour un groupe de thrash. En effet, si vous voulez faire du thrash, c'est plus facile si vous venez de Californie, et plus précisément de la Bay Area : là c'est le jackpot assuré, le thrash y étant quasiment inscrit dans le patrimoine génétique des fans de metal. Faut-il vraiment faire la liste des groupes plus prestigieux les uns que les autres originaires de cet Eldorado ? Si vous êtes de New York, ça passe encore : vous pouvez toujours vous poser en héritier de Anthrax, Overkill et autres Nuclear Assault. A l'extrême limite, il reste Phoenix, terre qui a vu naître de groupes respectés comme Sacred Reich ou Flotsam & Jetsam. Mais difficile de se faire remarquer si vous venez du Wisconsin… Vous imaginez la prochaine sensation du death technique français venue tout droit de la Lozère ?
Par rapport à tous ses petits camarades de la nouvelle vague thrash, Lazarus dispose de 2 atouts de choix. Premièrement, un vrai sens de la composition. Ici, pas question de construire les morceaux autour d'un seul pauvre riff recyclé plusieurs fois sur le même album. Les structures sont solides et les changements de rythme nombreux. Le batteur Ryan Shutler fait de réels efforts pour varier ses plans et ne lésine pas sur la double pédale pour enfoncer le clou. De même, Lazarus évite le piège de lasser l'auditoire en proposant 10 fois le même titre. Sur une base thrash, le groupe vient greffer divers éléments qui lui permettent de varier un peu son propos : quelques touches néo ("Forged in Blood") ou metalcore ("Thou Shall Not Fear") pour donner un effet bulldozer, plusieurs soli un peu plus portés sur le côté mélodique comme sur "The Onslaught pt 1 – Revolution"… Et surtout, des tempos qui changent d'un morceau à l'autre, chose qu'ont malheureusement tendance à négliger les nouveaux venus qui se veulent un peu trop puristes, le pied constamment sur l'accélérateur.
L'autre gros point fort de Lazarus, c'est qu'on ne pourra pas lui reprocher de céder à la facilité du revival 80's. En effet, la tendance thrash du moment est à la résurrection de « l'esprit originel ». Malheureusement, en s'inspirant très (trop) fortement des formations majeures sans en avoir la maestria, difficile de se donner une image autre que celle d'un clone. Lazarus a choisi une voie tout à fait différente. Le combo officie dans une veine beaucoup plus moderne, où la puissance se mélange à la vélocité pour un cocktail explosif. L'efficacité de titres comme "Last Breath" ou "Thou Shall Not Fear" doit autant à la puissance à la fois de la production, du jeu dévastateur de Shutler et de l'agressivité de Jeff Paulick au chant qu'à des riffs typiquement thrash affûtés comme des lames de rasoir. Disons que s'il fallait comparer la musique de Lazarus à celle d'une grande référence du style, ce serait Testament époque Low. Une impression guidée aussi par la voix de Dan Gapen, qui assure environ 10% du chant et dont la voix caverneuse n'est pas sans rappeler Chuck Billy.
Bref, si vous êtes amateur de bon thrash et que la récente vague de clones vous laisse de marbre, voici ce qu'il vous faut. Pour son premier essai, Lazarus réussit un coup de maître avec The Onslaught, un album puissant et moderne particulièrement prometteur. Il n'y a plus qu'à espérer que cet album lui permettra de voir s'ouvrir quelques portes, ce qui ne semble toujours pas être le cas à l'heure actuelle. Voilà qui serait un gâchis monumental vu le potentiel de Lazarus !