CHRONIQUE PAR ...
Dexxie
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
18/20
LINE UP
-Fredrik Thordendal
(guitare+basse+chant principal+programmation)
-Marcus Persson
(chant)
-Tomas Haake
(voix parlée)
-Jennie Thordendal
(cris stridents)
-Mats Öberg
(orgue d'église+synthétiseur)
-Kantor Magnus Larsson
(orgue d'église)
-Jonas Knutsson
(saxophone)
-Victor Alneng
(yidaki)
-Jerry Ericsson
(basse)
-Morgan Ågren
(batterie)
TRACKLIST
1)The Beginning Of The End Of Extraction (Evolutional Slow Down)
2)The Executive Furies Of The Robot Lord Of Death
3)Descent To The Netherworld
4)...Och Stjärnans Namn Var Malört
5)Dante's Wild Inferno
6)I, Galactus
7)Skeletonization
8)Sickness And Demoniacal Dreaming
9)UFOria
10)Z1-Reticuli
11)Transmigration Of Souls
12)In Reality All Is Void
13)Krapp's Last Tape
14)Through Fear We Are Unconscious
15)Death At Both Ends
16)Bouncing In A Bottomless Pit
17)The Sun Door
18)Painful Disruption
19)Vitamin K Experience (A Homage To The Scientist/John Lilly)
20)Cosmic Vagina Dentata Organ
21)Sensorium Dei
22)Magickal Theatre .33.
23)Z2-Reticuli
24)De Profundis
25)Existence Out Of Joint
26)On A Crater's Verge
27)Solarization
28)The End Of The Beginning Of Contraction (Involutional Speed Up/Preparation For The Big Crunch)
29)Tathagata
30)Missing Time (sur la réédition de 1999)
31)Ooh Baby Baby (sur la réédition de 1999)
DISCOGRAPHIE
D'après Wikipedia, un psychonaute est une personne cherchant, à travers divers états (provoqués volontairement) d'altération de l'âme et de l'esprit, à explorer sa propre conscience, à effectuer en somme une sorte de voyage intérieur. Le but est aussi de comprendre les spiritualités comme la religion par exemple. Il est bon de savoir cela pour comprendre ce que l'on écoute à travers ce disque, mais de toute façon il était évident, même sans avoir les paroles sous les yeux, que nous sommes ici en présence de quelque chose de complètement tordu. Un "trip", dans tous les sens du terme.
On commence sur une petite intro jazzy avec basse et batterie. Le bonheur est de courte durée puisque des hurlements plus que psychédéliques, accompagnés d'une grosse guitare et d'un rythme presque binaire, interviennent très brutalement. On comprend dès le début que le mot "tordu" aura été inventé pour ce genre de rythmes-là. Ce sera même à peu près le seul rythme compréhensible de la galette, et ce pour notre plus grand plaisir. La recherche rythmique est en effet ici le gros point fort, et il est inutile de vous cacher plus longtemps que l'initiateur du projet n'est autre que le guitariste Fredrik Thordendal du groupe Meshuggah. Mais les rythmes sont bien plus barrés que chez la formation suédoise. Oui, encore plus. D'ailleurs, les habitants de la Suède ont eu la chance il y a quelques années de voir à la télévision un duo entre le guitariste et le batteur du cd que nous chroniquons actuellement. Un medley de l'album y est interprété, et il a fait le tour du monde, puisqu'il est disponible sur votre site en "tube" préféré. Ceci pour vous montrer l'importance des rythmes dans cette musique. Plus concrètement, l'excellent batteur exécute un jeu très original, jouant des rythmes plutôt classique à la charley, mais décalant complètement les plans de caisse claire et de grosse caisse. C'est un percussionniste admirable, qui n'est pas inconnu puisqu'il officie aussi dans la formation Mats & Morgan. Monsieur Thordendal s'est en effet entouré de quelques virtuoses, pour l'occasion.
Bien que les structures rythmiques soient d'une importance capitale sur cet album, et même s'ils en constituent un des principaux intérêts, il y a d'autres aspects tout à fait plaisants sur la galette. On retiendra par exemple les solos de guitare aux sonorités très très originales. Le son de la guitare en soi est déjà très particulier, mais ces solos sont exécutés d'une manière peu orthodoxe par Fredrik Thordendal lui-même, et surtout, ils semblent bien avoir été accélérés pendant la phase de post-production. Alliés aux pistes de claviers, ils présentent des mélodies aussi originales que particulières, et nous donnent un aperçu de la perception musicale hors du commun du compositeur. Citons la piste "Z1-Reticuli" qui illustre à merveille cette facette du disque, et qui peut nous faire nous interroger au sujet de l'état psychique de la personne ayant créé ce petit chef-d'oeuvre. La musique est ici liée à des domaines comme la philosophie ou les voyages internes, et, fait non-négligeable, les passages se succèdent et ne se ressemblent pas. Nous avons une trentaine de pistes pour un total d'environ une heure, ce qui ne permet pas à l'ennui de s'installer. Et quand bien même les pistes étaient plus longues, la musique qu'on nous propose ici est savoureuse, à condition, admettons-le, d'y accrocher, ce qui, nous en conviendront, n'est pas chose facile, compte tenu de tous ces décalages rythmiques et de la dissonance ambiante (mais plaisante). Les heureux possesseurs de la version 3.33 auront droit à quelques morceaux supplémentaires, dont "Missing Time", doté d'un passage à la Outrun, calmant quelque peu le jeu.
Attention, la guitare est omniprésente et ne sert pas qu'à pondre de gros solos bien tordus. En écoutant la piste "Transmigration of Souls", on aura le bonheur d'écouter des riffs aigus, alliant brillamment ce style musical richissime qu'est le metal avec des aspects psychédéliques à souhait... retenons également les riffs parfois un tantinet plus classiques mais toujours particuliers dans l'absolu, et surtout excellents, comme dans les morceaux "Krapp's Last Tape" ou "Death at Both Ends". Un autre intérêt du disque sera d'essayer de deviner quel message est sensé être véhiculé par tel ou tel passage, mais cela dépendra évidemment énormément de votre perception de la chose. On pourra par exemple connaître, à travers cette galette, un voyage astral, suivi d'une bonne cuite alcoolique, en passant par un plongeon dans des profondeurs abyssales... les pistes "Och Stjärnans Namn Var Malört" et "Through Fear We Are Unconscious" ont-elles voulu représenter un coeur qui bat sur un rythme anormal ? Toujours est-il qu'une piste comme "Z2-Reticuli" a de quoi vous mettre une sacrée frousse. On a la chair de poule en entendant ces sonorités si étranges, ces hurlements si terrifiants mais pourtant tellement admirables, puisque utilisés comme des instruments de musique vers la fin de "Sensorium Dei". Nous citerons également les fabuleux orgues d'église dissonants de "Magickal Theatre .33.", et préciserons pour finir, qu'en plus des aspects musicaux sortant de l'imagination du compositeur, on entend là des caractéristiques musicales empruntées au black metal (le chant), au heavy mélodique (certains solo), au jazz (la batterie), etc.
Vous l'aurez compris, ce disque sorti il y a maintenant 11 ans est très particulier, et vaut vraiment le détour, bien qu'il soit passé pratiquement inaperçu. Une ambiance inédite est créée, et une écoute de cet album dans un noir total assaisonné d'une relaxation complète vous permettra de vous évader complètement vers des contrées inconnues, sauvages, inquiétantes, mais tellement intrigantes.