CHRONIQUE PAR ...
Dupinguez
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
8/20
LINE UP
-Michael Kiske
(chant)
-Tobias Sammet
(chant)
-Pasi Rantanen
(chant)
-Timo Tolkki
(guitare)
-Joonas Puolakka
(claviers)
-Pasi Heikkilä
(basse)
-Mirka Rantanen
(batterie)
TRACKLIST
1)Heroes
2)I Did It My Way
3)We Are Magic
4)Angel
5)Eden Is Burning
6)Glorious and Divine
7)Born Upon the Cross
8)Keep the Flame Alive
9)Last Night on Earth
10)Revolution Renaissance
DISCOGRAPHIE
Ca y est, la voilà, cette nouvelle offrande de Timo Tolkki, ancien maitre à penser de feu Stratovarius. Car après un album éponyme très moyen, des prestations live qui n’avaient manifestement plus la flamme d’antan et un silence radio inquiétant, il était temps que l’aventure se termine enfin pour le combo finlandais qui a grandement contribué au revival heavy de la fin des années 90 et propulsé moult formations sur le devant de la scène par son influence, Sonata Arctica et Nightwish en tête.
Car il faut tout de même rendre hommage à cette formation qui ne s’est certes pas éteinte de la plus belle manière qui soit (à l’heure où cette chronique est écrite, les membres viennent tout juste de mettre fin – espérons-le – à des échanges très peu cordiaux par site interposé), mais qui nous a proposé tout au long de sa carrière de grands moments, en studio comme en live. C’est donc peu dire que le fan aura été impatient de poser son oreille fébrile sur les nouvelles compositions de sieur Tolkki. En effet, même si celui-ci sera déjà au courant, il convient de rappeler quelques événements pour le profane : si le groupe connaît un sommet de popularité avec le grandiloquent et très réussi Elements part 1, qui voyait la musique prendre une direction symphonique intéressante et salvatrice, c’est pour mieux entamer par la suite une longue descente aux enfers… Un Elements part 2 qui est très loin d’être le digne successeur du premier du nom, Tolkki qui pète les plombs, une tournée d’adieu complètement surréaliste, un semblant de réconciliation, un album éponyme désastreux pour aboutir à un split final qu’on en était venu à espérer tant le gâchis prenait des proportions dramatiques…
Tout ça pour dire que cela fait maintenant 5 ans que le fan n’a pas été repu de bonnes compositions de Timo, soit une éternité (les fans de Blind Guardian comprendront), et que celui-ci devait donc attendre New Era, le bien nommé, tel le messie. Néanmoins, certaines interrogations subsistaient, car même si Tolkki était responsable de 95% de tout ce que pouvait produire Stratovarius, saurait-il faire aussi bien sans son line-up fétiche derrière ? Pour répondre au mieux à cette question, il a su s’entourer au mieux pour le premier album de sa nouvelle formation : Tobias Sammet, Michael Kiske, Pasi et Mika Rentanen (Thunderstone)… on peut dire qu’il y a mis les moyens le bougre. Et voilà que le suspens s’écroule brutalement : New Era est moyen, très moyen… Le constat est aussi sec que la musique qui s’impose à nos oreilles à l’écoute de l’album : Tolkki essaie de faire du Stratovarius sans Stratovarius et ça ne colle pas. Car même si l’affirmation en choquera certains, on a beau s’appeler Sammet ou Kiske, n’est pas Kotipelto qui veut. Et oui, il suffit de poser ses oreilles sur "Heroes" pour s’en rendre compte : Tobi essaie tant bien que mal de paraître fluide et à l’aise dans un style plus mélodieux que celui auquel il est habitué et sonne du coup très poussif. Que faut-il en conclure ? Qu’il existait indéniablement une symbiose entre les deux bonhommes, quoi qu’en disent les parties concernées.
Même constat pour Kiske : bien qu’il reste le maitre dans son domaine, il agace plus qu’autre chose à en faire trop sur "I Did It My Way" par exemple. Ne parlons même pas de Pasi Rantanen qui est régulièrement à côté de la plaque, et des autres musiciens qui tentent en vain de remplacer leurs prédécesseurs pour se concentrer sur la musique. La musique ? C’est du réchauffé. Une sorte de vieux Stratovarius qu’on aurait préparé, puis entreposé au frais pendant quelques temps pour le réchauffer vite fait au four à micro-ondes et le servir rapidement avant que ça ne refroidisse : ça en a l’odeur, vaguement la forme, mais sûrement pas le goût. Tolkki essaie en vain de ressusciter certaines gloires passées en allant parfois les chercher assez loin : "Eden Is Burning" rappelle furieusement "We Hold the Key" (Fourth Dimension) en moins bien, vous l’aurez compris. Pour chaque composition, si tant est que vous soyez un fan averti des Finlandais, vous pourrez établir une corrélation entre celle-ci et une de la discographie du combo décédé. La démarche, volontaire ou pas (soyons fous) est évidemment bien peu convaincante et le résultat de même. Et qu’est ce que c’est mou ! Le seul moment où l’oreille frémira un minimum sera pendant les couplets de "Last Night on Earth", qui rappelle à tous que Timo reste une machine à composer des singles bien torchés. Mais cela ne suffira malheureusement pas à faire oublier un riff ultra-bateau.
Bref, inutile de pousser plus loin l’analyse : amateur comme profane, vous pourrez passer votre chemin sans trop de regrets. Reste maintenant à voir si le bedonnant guitariste saura s’émanciper un jour de son ancienne formation, chose qui ne se fait pas en un jour après plus de 10 ans de vie commune, malheureusement pour lui. Espérons que celui-ci se remette rapidement à la composition et se rappelle à notre bon souvenir cette fois-ci…