Mélanger Black metal, Folk-metal et punk, en voilà une idée curieuse. Le Black metal n’est pas si surprenant, ce genre, même pour les groupes non politisés, a toujours une composante Do It Yourself, et à en croire les puristes, une attitude individualiste qui sied bien au punk. Il suffit de regarder l'évolution de Darkthrone pour s’en convaincre. Ajouter un soupçon de punk attitude, pour un groupe de black-metal, n’est donc pas si surprenant. Le Folk en revanche, voilà quelque chose d’original.
Et c’est ce que fait SorgSvart, one-man-band norvégien, entièrement dirigé donc par le jeune Sorg. En pratique, cette composante punk ne se retrouve pas du tout dans la musique, mais dans les paroles uniquement. Pour vous donner une idée du niveau, Sorg caractérise la musique de son groupe comme du « Vrai Black Metal Norvégien Anarchique » (ou du « Haglandmetal » aussi, Hagland étant le nom d’un quartier de la ville d’Haugesund, d’où est originaire ce garçon). Voilà un extrait des paroles, tiré de la chanson "Opp Kamerat!" ("Debout Camarade"): « Debout camarade, mon ami, allons conquérir. En guerre contre les faux hommes. Debout camarade, un temps nouveau arrive, de Liberté et d’Anarchie. » Ou encore dans "VikingTid og AnArki": « En guerre contre le maître. » Il est amusant de lire les remerciements en fin de livret et de considérer ceux qui représentent ce maître et qui peuvent « aller se faire foutre » selon Sorg: la police, les USA, son école. Voilà donc pour la composante politique de ce disque, du niveau assez basique d’un adolescent, il faut bien l’avouer.
La musique en elle même est beaucoup plus intéressante, mais souffre d’un grave défaut de composition. Sorg semble s’être inspiré de Windir, reprenant le même concept: mélanger un black metal mélodique avec du folk traditionnel norvégien, tout en insufflant un souffle épique avec des chœurs vikings. Plutôt que de mixer le tout harmonieusement, ses compositions enchaînent les plans sans cohérence: des parties folkloriques festives succèdent à des nappes de claviers se voulant épiques par exemple. Sorg ne développe pas ses idées au sein d’une composition, et en conséquence les chansons sont brouillonnes, malgré la répétition de mélodies dans le squelette de chaque piste. La structure même du disque est brouillonne, avec ces deux instrumentales ("VikingTid og AnArki instrumental" et "Trøst") qui brisent le rythme en plus de faire figure de remplissage. Elles ne contiennent que trop peu de variations et sont trop répétitives pour donner un quelconque rythme au disque.
Le disque contient pourtant quelques moments de bravoure, tel ce "UnderligtVidunderligt", qui souffre aussi de défauts de construction certes. Cependant il contient les meilleurs riffs de l’album, qui sont d’un niveau assez faible en moyenne (tout comme les parties de claviers), et plusieurs lignes mélodiques qui frôlent par moment le plus mauvais Windir (cela n’y ressemble pas, mais c’est bel et bien un compliment). Ce titre souffre de sa longueur cependant (8 minutes), comme toutes les chansons de ce disque. Les meilleurs passages sont indéniablement les parties folkloriques. Sorg nous gratifie de jolis accords de guitares acoustiques, et l’utilisation d’instruments traditionnels réussit à créer une atmosphère viking (pour les connaisseurs: diverses sortes de Fløyte, Lur, Lokk, Gauk, munnharpe) et donne un certain charme à l’album.
VikingTid og AnArki est au final un album bancal, car trop brouillon. À vouloir multiplier instruments et idées, Sorg se perd en route et les compositions en pâtissent: pas assez de développement, trop d'idées. Certaines sont bonnes, les parties folkloriques donnent un charme et un cachet ancien. Mais le reste manque trop d'originalité (riffs et mélodies) et de technique (plage de claviers). Dommage aussi que les paroles soient aussi niaises pour un album politique. Ceci dit, si vous ne lisez pas le norvégien, cela ne devrait pas vous déranger.