CHRONIQUE PAR ...
Lucificum
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
9/20
LINE UP
-Phil
(chant)
-Diddzy
(basse)
-Nico
(guitare)
-David
(batterie)
TRACKLIST
Dreadful Visions of the Unknown - Demo 92
1)Welcome to…
2)Darkness
3)World of Shit
4)After the Death…After the Life
5)Industrial Death
6)Ratp
7)…the End
Brutal day - Demo 93
8)Protector of Fear
9)Brutal Day
10)On the Death’ Street
11)Dreadful Visions of the Unknown
12)Americans Are Cool
13)Warrior '93
14)Industrial '93
15)Darkside
DISCOGRAPHIE
Le retour de Hatred Dusk pose une question intéressante. Imaginez un instant qu’on vous demande de chroniquer en 2008 la première démo d’un groupe à succès – par exemple No Life 'Till Leather de Metallica en 83. Au-delà de l’aspect musical, le chroniqueur se retrouverait sans aucun doute à gloser sur ce qui étaient « les prémices d’un succès », « la genèse d’un groupe culte » ou encore « les premières traces d’une légende » et au regard de la carrière énorme du groupe, aurait sûrement une pensée indulgente pour cet objet. Mais… si Metallica n’avait pas connu la gloire qu’on lui sait et s’était arrêté après ladite démo...?
...le chroniqueur tiendrait-il le même discours ? C’est toute la question - à laquelle bien sûr il n’y a pas de réponse – qui se pose aujourd’hui avec le retour d’entre les morts (vu le temps, bien putréfié et rongé par les vers) de Hatred Dusk, groupe Français qui au début des années 90 avait sorti deux démo-tapes… et c’est tout. Mus par des raisons encore un peu floues pour l'auditeur d’aujourd’hui (nostalgie ? simple envie de s’amuser ?), plus de 15 ans après sa séparation, Hatred Dusk semble se reformer et être décidé à remonter sur les planches. Et pour faire un peu parler d’eux auprès de l’énorme majorité de gens qui ne les connaissaient pas, Phil (chant) entreprend de redistribuer ces démos, cette fois sur CD, et de les faire circuler dans ce qui est pour le moment l’underground français. Vous comprenez donc le choix cornélien du chroniqueur, qui hésite entre juger cette démo pour ce qu’elle est aujourd’hui, ou bien tenter tant bien que mal de la remettre dans son contexte. N’ayant pas de machine à remonter le temps, il faut bien se résoudre à juger sur pièce.
Comme dit plus haut, nous sommes en présence d’un regroupement de deux démos, respectivement sorties en 92 et 93. Bien que celle de 93, Brutal Day, possède une production un poil meilleure, force est de constater que le son qui en sort est typique des démos de l’époque, quand la technologie n’était pas à portée de tous et surtout était extrêmement chère. Toutefois, malgré son manque flagrant de puissance et de relief, les instruments sont audibles et l’ensemble respire à peu près. Musicalement, on trouve un peu de tout : du death, du thrash, du heavy et du punk, en proportions variables d’un titre à l’autre. Le tout est très basique, taillé pour s’amuser sur scène et dans le public. Pas de réelle recherche de la complexité, tout cela est viscéral et sincère. Mais ça n’empêche malheureusement pas cette démo de Hatred Dusk d’être totalement démodée aujourd’hui, quasiment hors de propos, et à part pour ceux qui ont pu connaître le groupe en son temps, totalement anecdotique.
On sourira au titre "RATP" qui possède une certaine bonne humeur et des textes anti-contrôleurs et à "American Are Cool", lui aussi dans le genre délire punkisant qui rappellerait un peu Trust. Le reste est malheureusement très pauvre. À l’époque, nul doute que le groupe - en persévérant et avec la maturité venant de l’expérience – aurait pu avoir son petit effet, voire même pourquoi pas emprunter la route du succès. Mais en 2008, le death/thrash très basique de Hatred Dusk ne parviendra sans doute pas à faire dresser l’oreille du hard rocker d’aujourd’hui, habitué à des productions infiniment plus percutantes et ayant déjà entendu ce genre de compositions des milliers de fois dans son passé d’auditeur. Des riffs simples et une batterie un poil brouillonne : pas de doute, non sommes en présence d’une démo. La voix, majoritairement growlée, manque clairement de présence et est bien loin de rivaliser avec les chanteurs d’aujourd’hui, même pour de jeunes groupes, tant le niveau d’exigence a augmenté durant les 15 ans d’absence de Hatred Dusk.
La balle est cependant dans leur camp : si leur reformation s’avère payante, que le groupe refait des compositions et les enregistre dans des conditions honnêtes – avec ou sans label derrière eux -, nous ne manquerons pas de vous faire part du résultat. En attendant, et même s’il y a un côté injuste à juger ces démos avec les critères d’aujourd’hui (mais a-t-on le choix ?), il faut bien avouer que ce que nous propose Hatred Dusk aujourd’hui ne casse pas des briques. La suite, vite.