Phazm -
Hate At First Seed
Il parait qu'on parle de mieux en mieux anglais et que ça se ressent dans la musique. Et alors qu'il y a vingt ans la plupart des artistes français écrivant en anglais se faisaient gentiment rire au pif, une grande partie des actuelles maisons de disques orientées rock/metal dénigrent le français, pour peu qu'on s'éloigne des tubes formatés grandes-ondes presque rock. Tout ça pour vous dire que Phazm, groupe de Metal bien de chez nous mais chantant en anglais, n'a rien, je dis bien rien à envier à ses collègues US/UK...
Allez, on va imaginer un « axe du rock ». À gauche, le rock 'n roll, à droite, le metal. Plus on s'éloigne du rock 'n roll, plus on s'approche du metal, donc... 'suivez ? On pourrait donc placer divers groupes comme Motörhead, Entombed etc., en fonction du degré de metal dans leur rock 'n roll ou vice versa. Placez mentalement Motörhead selon votre perception... placez ensuite le symétrique de Motörhead par rapport au centre de l'axe, et vous obtiendrez le groupe Phazm avec son premier album Hate at First Seed. Vous l'aurez compris, à la manière dont Motörhead font du rock 'n roll axé metal, Phazm font du metal axé rock 'n roll. Et le mélange, en plus d'être intéréssant, est plus que réussi. Une des racines du metal qu'est le vieux rock rencontre ici une de ses évolutions modernes : le Death. Je simplifie bien sûr beaucoup en disant que Phazm fait du Death 'n Roll, puisqu'il s'agit là de bien plus qu'un simple mélange de genres. Mais comment résumer un groupe avec 3 mots ?
L'album est placé sous le signe de la destruction. La destruction de l'humanité par... les arbres. Mais sans surfer sur un trip écolo, le groupe nous propose ici une atmosphère vraiment particulière, et là aussi, c'est une réussite. L'ambiance est soutenue par quelques bruitages, des riffs metalo-rock 'n roll excellents et une batterie énormissime (j'ai rarement entendu une si bonne section rythmique dans du metal, elle est jouée ici par un certain Dirk qui n'est pas inconnu dans le milieu). Quant au chanteur, il a une voix qui rappelle celle du Schuldiner de l'époque Scream Bloody Gore, mais avec un côté « Lemmy » fort prononcé ! On se trouve donc une fois de plus en présence d'un groupe à influences assez diverses, illustrant bien l'éclectisme de pas mal des formations d'aujourd'hui. On notera en plus de tout ça quelques jeux de mots bien sympatiques, comme celui du titre de l'album ou encore du morceau "Vicious Seed".
Le disque commence par le morceau "InChaos", doté d'une introduction ambiante, histoire de bien nous mettre dans le bain dès le début. En gros elle nous dit à peu près : « Voilà Messieurs-Dames, autant vous le dire tout de suite, ce cd parlera d'arbres qui fouetteront, empaleront et violeront des humains ! ». Cette intro est suivie d'un riff d'une rare qualité selon moi, une guitare accrocheuse et une batterie qui réhausse ça de manière énorme ! Cette première piste reste toutefois axée metal et il faudra attendre la suivante, "What a Wonderful Death", pour entendre du rock 'n roll . Ici, on a droit à un bon vieux rythme blues (vous savez, tintin, tintin, tintin, un peu comme dans "The Sky is Crying" d'Elmore James, "Red House" de Jimi Hendrix, et tant d'autres...) mais à la sauce Death. La guitare semble ici être héritée de Chuck Berry, mais là aussi, je le répète, c'est du Death. Voici pour la couleur de cet album, qui se finit sur une reprise de... Motörhead.
On se prosterne souvent devant des groupes Norvégiens ou Américains... mais il faut parfois savoir cultiver son jardin, comme le disait si bien Voltaire. Et en suivant ce conseil, on tombe sur des perles : cet album du groupe nancéen Phazm, comprenant des membres de Scarve, est un des meilleurs albums du genre selon moi. Mais, de quel genre au fait ? Difficile à dire, en tout cas, c'est de la bonne ! Surtout quand on se dit que ce disque que nous venons de chroniquer a été enregistré d'une traite, et qu'il faut donc ajouter l'authenticité à la liste de ses qualités !