CHRONIQUE PAR ...
Cosmic Camel Clash
Cette chronique a été importée depuis metal-immortel
Sa note :
13.5/20
LINE UP
-Grant Belcher
(chant)
-Tim Moe
(guitare)
-Dan Manzella
(basse)
-Dan Ditella
(batterie)
TRACKLIST
1)Symptoms
2)Absolution
3)Painted Red
4)I am Everything... Nothing
5)Goddamn Reflection
6)No One. Now What ?
7)The End of an Age
8)I don't Need You
9)Lie to Me
10)Already Inside
DISCOGRAPHIE
Hurtlocker se présente comme un groupe de death. Formée en 2000, la formation sort aujourd’hui son deuxième véritable album mais aussi sa cinquième production, leur premier opus Reflection Of Desperation ayant débarqué après pas moins de trois démos. Ils ont depuis atteint une certaine reconnaissance qui leur a permis de partager l’affiche avec Anthrax ou Lamb Of God. Si j’ai marqué «se présente comme» et pas «est» un groupe de death, c’est parce que les gars de Hurtlocker trompent un peu leur monde vu qu’ils font du hardcore teinté de death, les petits canaillous.
La supercherie dure le temps d’un titre. "Symptoms", compo d’ouverture, balance sévèrement et tape dans l’extrême quasiment pur. Les guitares, sales et grasses, décochent rythmiques supersoniques et harmonies typiquement death, et les blast-beats pullulent. Sur son premier hurlement d’annonce (et sur certains suivants) Grant Belcher sonne comme un vocaliste d’extrême confirmé: il vomit sa haine sur de longs growls qui confineraient presque au black dans leur côté aigu. Hors des blasts, le batteur assène des attaques de double-pédale assez fulgurantes et hyper carrées, complétées par de petites gâteries aux cymbales dans un plus pur style death. La basse est malheureusement assez lointaine, dans le plus pur style death aussi. A première vue, on est donc en face d’un groupe de death assez pêchu qui combine une production nickel et d’excellents musiciens, combinaison assez plaisante tout de même. Puis l’album se déroule…
Et on se rend rapidement compte que le titre "Symptoms" n’est pas du tout représentatif de l’orientation générale de Fear In A Handful Of Dust. Car dès "Absolution", titre encore fort bourrin, l’ombre du hardcore se fait très présente. Le placement rythmique du chant est reconnaissable en deux secondes, et les riffs sont de moins en moins death ! Attention, il ne s’agit pas ici de hardcore version « néo-groovy-yo », mais bien de hardcore straight-edge, se rapprochant du thrash et du punk et sonnant bien plus comme Barcode que comme Black Bomb A. Et le plus amusant, c’est que plus on avance dans l’album, plus l’extrême s’éloigne. Le gros virage se fait dès le quatrième titre, "I Am Everything, Nothing" qui sonne comme un titre de hardcore traditionnel: le seul élément death est le blast-beat du début. Cette observation vaut pour le titre suivant: un blast-beat en ouverture pour rappeler qu’on est censé faire de l’extrême… Et hop, fini, pratiquement que du hardcore derrière. Et ainsi de suite…
Le chant de Belcher est sur les deux derniers tiers de l’album une démonstration vivante de l’importance du phrasé dans l’orientation d’un chanteur. Son timbre n’a pas changé, mais la manière dont il pose ses paroles, tout en syncope et en rythme, n’a plus grand-chose à voir avec ses hurlements de gorets des premiers titres. Si on devait le rapprocher d’un autre chanteur, ce serait d’ailleurs du Corey Taylor version Vol 3: The Subliminal Verses, bien plus hardcore que sur les premiers albums de Slipknot. En tout cas le problème se situe ailleurs: si les Hurtlocker se débrouillent pas mal quand ils équilibrent death et hardcore en proportions égales, dès que le hardcore prend le premier pas l’inspiration est vraiment moindre. Les riffs sont souvent convenus, et le placement du chant finit par devenir franchement redondant. L’efficacité n’est jamais remise en défaut (ça dépote sévèrement tout de même), mais quand un titre comme "Painted Red" combine une lead pompée sur Slayer à un riff HxC que j’ai entendu dans au moins cinq autres albums, forcément ça gêne.
Conclusion: la formule deathcore d’Hurtlocker est vraiment prometteuse, mais le manque d’inspiration de certains passages hardcore fait tache face aux plans extrêmes beaucoup plus réussis. Grant Belcher gâche vraiment son potentiel en se cantonnant dans un chant rythmique alors qu’il a la capacité d’assurer autant dans ce registre que dans le growl extrême pur, ce qui n’est pas donné à tout le monde. Fear In A Handful Of Dust reste un album très rentre-dedans, qui envoie le bois comme on aime et qui sera une tuerie interprété en live mais qui frustre tant il aurait pu être meilleur si les différentes composantes avaient été mieux dosées. Les amateurs s’éclateront, les autres attendront le prochain en espérant qu’il soit plus mûr.